Mardi, la firme de Cupertino a présenté l’Apple Watch, une montre connectée dont la commercialisation est prévue pour 2015. Mais au-delà de la beauté du gadget, les usages révolutionnaires tant attendus ne sont toujours pas de la partie…
À l’occasion du salon de l’électronique IFA de Berlin, il y a une semaine, tous les constructeurs de montres connectées – dites "smartwatches" –, à l’instar d’Asus, LG, Sony ou encore Samsung, présentaient une même pathologie : celle de chercher à vendre une technologie à la recherche d’un but réel, autrement dit en quête d’un usage concret et simple qui pousserait monsieur tout le monde à passer à la caisse.
Il ne fait aucun doute que tous ces modèles à la pointe de la technologie et parfois même de l’horlogerie sont impressionnants. Sous leurs airs de montres de sport ou de ville, elles embarquent tout un attirail de gadgets, du téléphone au GPS en passant par le Wi-Fi et le moniteur de fréquence cardiaque. Oui, mais la question que tout le monde se pose est maintenant de savoir quoi en faire. Car si le CES de Las Vegas et l’IFA de Berlin ont pu donner à voir des applications par dizaines disponibles sur les montres connectées, aucune d’entre elles n’a provoqué de petite révolution.
Est ensuite entré en scène Apple, qui a présenté mardi soir ce que les spécialistes attendaient comme une révolution, l’Apple Watch. Mais même le concert de U2 en guise de clôture n’aura rien changé à l’affaire.
Une montre pas si éloignée de l’iPhone
Une chose est sûre, au regard du produit présenté : la firme de Cupertino a réfléchi longuement pour mettre au point l’interface utilisateur et ainsi l’adapter au maximum au petit écran. En découle un mélange étonnant : une surface tactile, une molette de scroll/zoom, des boutons, sans oublier un dispositif haptique à même de faire la différence entre "toucher" et "taper".
C’est à chaque fois une évidence chez Apple : la finition est au rendez-vous, de même que l’élégance du boîtier et des bracelets relatifs – quoi que ce charme ne soit pas non plus au goût de tout le monde puisque Jean-Claude Biver, le monsieur montres de LVMH, a indiqué à son propos qu’elle manquait à la fois "de sex-appeal", était "trop féminine", et ressemblait "trop aux smartwatches qui sont sur le marché". Qu’importe : si tous les détails extérieurs de cet appareil sont plutôt attractifs, ils ne permettent malheureusement pas un usage original et unique qui pourrait se différencier d’un smartphone – même si l’entreprise tente de s’en défendre. Pire, les différentes démonstrations d’applications effectuées lors de la keynote ne permettent finalement rien de plus que ce qu’offrent les fonctionnalités d’un iPhone.
Un point commun qui a d’ailleurs amené les ingénieurs d’Apple à mettre au point une fonction permettant de débuter une tâche sur l’Apple Watch pour ensuite la continuer sur l’iPhone. Fort bien, mais pourquoi dans ce cas ne pas directement effectuer cette tache sur l’iPhone et oublier la montre ? Alors certes, sortir son iPhone de son sac ou de sa poche peut prendre un peu plus de temps, mais procéder de la sorte permet une économie de quelques 349 dollars. Ce qui n’est pas rien. À noter d’autre part qu’aucune information concernant l’autonomie de l’Apple Watch n’a été divulguée – à savoir, donc si cette dernière devra être branchée chaque jour.
Sport : la concurrence fait la même chose pour un prix moindre
Lors de la présentation de l’Apple Watch, la firme à la pomme s’est longtemps appesantie sur les possibilités permises par le nouveau gadget en matière d’activité physique. Il est désormais évident que le fitness est un usage intelligent, mais Apple n’est certainement pas le premier à se lancer sur ce créneau, puisque les constructeurs Jawbone et Garmin – pour ne citer qu’eux – proposent déjà des appareils à la vente dont les prix varient entre 100 et 150 euros. Par ailleurs, élément crucial pour comprendre la logique de la firme de Cupertino, l’Apple Watch nécessite dans ce cas de figure qu’un iPhone se trouve en permanence dans la poche de l’utilisateur.
Autrement dit, lorsque ce dernier souhaitera faire une séance de course à pied ou de vélo, il sera alors contraint d’emporter avec lui son iPhone. Pourquoi ? Tout simplement parce que c’est lui qui dispose d’un GPS et qui mesure la vitesse et la distance réalisée. De fait, il est préférable d’opter pour une montre de sport GPS, qui ne sait rien faire d’autre, mais le fait bien.
Les développeurs au secours de l’Apple Watch
Reste que, le kit de développement logiciel venant à peine d’être mis à disposition des développeurs par Apple, des applications par centaines devraient prochainement venir enrichir les possibilités offertes par l’Apple Watch. Tant et si bien que la réussite de celle-ci dépend en grande partie de l’inventivité des développeurs, qui pourraient à l’avenir mettre au point un usage vraiment révolutionnaire.
Mais en attendant, la plupart vont continuer à sortir leur iPhone de leur poche pour s’informer de l’heure.