Les open space n'ont plus autant la cote que par le passé. Au départ conçu pour améliorer la communication et la circulation des idées, ce dispositif fait en effet aujourd'hui l'objet de nombreuses critiques. Dans le New Yorker, la journaliste Maria Konnikova évoque ainsi un certain nombre de preuves d'après lesquelles l'open space érode ce qu'il est censé bonifier. Mais qu'en est-il réellement ?
Depuis sa création dans les années 90 par une équipe de Hambourg, l'open space a petit à petit perdu en renommée. Pensé pour améliorer la performance des salariés, cet espace de travail en bureaux ouverts fait actuellement l'objet de très nombreuses études. Ce qui a poussé le psychologue Matthew Davis, comme l'explique le New Yorker, à réaliser une synthèse d'une centaine d'entre elles. Or, selon les résultats de Davis, l'organisation ouverte ne serait pas aussi adaptée qu'on le pense.
Par exemple, les salariés travaillant en open space auraient un niveau de stress plus élevé et un niveau de concentration plus faible. Pour quelle raison ? À cause du bruit, qui serait le facteur le plus décisif. Une étude réalisée par l'université de Cornell met en évidence un regain de stress et une baisse de la motivation et de la créativité sous l'effet de tels environnements sonores.
Un espace de travail apprécié par la "génération Y"
Les employés plus jeunes, ceux que l'on nomme "génération Y" seraient néanmoins plus sensibles à ce type de logique. Certaines sociétés, comme Cassidy Turley, continuent d'ailleurs de passer à un espace de travail ouvert pour maximiser le travail collaboratif, comme l'explique le site Finance & Commerce. D'après l'article, les jeunes travailleurs, particulièrement performants avec les technologies, très connectés socialement et donc axés sur la collaboration, préfèrent travailler en équipe et non pas dans un bureau personnel.
Pour eux, la promiscuité, le bruit et la fatigue ne sont pas une fin en soi. Ils considèrent que cette atmosphère animée vaut mieux qu'être enfermé seul dans un bureau…
De nombreux effets négatifs
Reste toutefois que si l'on met de côté les bienfaits pour les jeunes que cette logique induit en termes de socialisation, des effets négatifs sont également visibles. Dans le New Yorker, Maria Konnikova souligne à ce titre que les employés sont plus tentés par la distraction, qui peut même devenir une norme sur le lieu de travail. D'autre part, le fait d'être sans cesse sous l'influence d'une surcharge d'informations, principale caractéristique de l'open space, a pour corollaire une baisse importante de la performance.
Et pour cause : le "multitasking", cette tendance de travail axée sur le multitâches débouche sur une chute considérable de la concentration. En 2013, deux chercheurs de l'université de Sydney, Richard de Dear et Jungsoo Kim, ont fait preuve de davantage de scepticisme encore face à l'open space. Ces derniers ont ainsi déclaré que l'idée selon laquelle l'espace de travail ouvert développerait l'enthousiasme et la productivité ne s'appuie sur aucune base académique. À l'heure où la saison des rhumes bat son plein, enfin, travailler dans un open space, connu pour augmenter le risque d'infections, n'est pas forcément l'idéal…
Sources : New Yorker, Finance & Commerce, Slate, Cosmopolitan, FranceInfo