Jeudi, Vincent Peillon a officialisé le lancement du Conseil supérieur des programmes, qui va organiser la refonte complète des programmes scolaires, de la maternelle au collège. Décryptage du projet.
Le ministre de l'Éducation nationale, Vincent Peillon, a annoncé jeudi en fin de journée le début du chantier de la réforme des programmes scolaires, assuré dans un premier temps par le Conseil supérieur des programmes (CSP). Ambition de cette restructuration : améliorer la réussite des élèves. Mais par quels moyens ?
Quid d'une réforme des programmes du primaire ?
Revus en 2008 par Xavier Darcos, les programmes du primaire font aujourd'hui l'objet de vives critiques. D'une part les enseignants, les estiment "trop lourds et extrêmement chronophages", et ce tout particulièrement s'agissant de l'enseignement du français et les mathématiques. Pour le secrétaire général du SNUipp-FSU, les programmes mis en place ne laissent aucune latitude pédagogiques aux enseignants, privilégiant la logique d'apprentissage du par cœur plutôt que celle de la compréhension. Résultat, les fondamentaux ne seraient pas suffisamment traités et les enseignants n'auraient pas assez de temps pour vérifier les acquis de leurs élèves. De fait, ceux ayant des difficultés ont du mal à rattraper leur retard. D'où la nécessité, selon Vincent Peillon, de rendre plus cohérent le "socle commun", autrement dit tous les éléments et savoirs que l'élève doit maîtriser à l'issue de la scolarité obligatoire, les évaluations et la formation des enseignants.
Pourquoi revoir les programmes de la maternelle ?
Au fil des dernières années, la grande section de la maternelle est petit à petit devenue une sorte de CP avant l'heure, ce qui aurait tendance pour un certain nombre d'élèves à entraîner des blocages, comme le souligne Vincent Peillon dans Le Parisien. Or, il ne faudrait pas d'après lui que la maternelle devienne "un petit CP ou une garderie". Pour ce faire, le projet va donc s'attacher à préserver les formes scolaires qui sont propres à la maternelle, en équilibrant davantage les incontournables premiers apprentissages régissant l'épanouissement de l'enfant : maîtrise du langage, développement sensoriel et moteur, etc. Ainsi, Vincent Peillon souhaite que la bonne maîtrise de la langue à l'oral, de même que les règles de socialisation, redeviennent prioritaires.
Quels sont les changements à prévoir au collège et au lycée ?
À l'heure actuelle, les programmes sont intégralement pensés pour préparer les examens du brevet et du baccalauréat, sans que l'on ne prête vraiment attention aux connaissances assimilées par les élèves. Or, à l'instar du primaire, ces derniers sont jugés trop conséquents, raison pour laquelle un allègement est prévu. Dans le même temps, le CSP va également travailler sur "l'introduction du numérique dans les méthodes pédagogiques et la construction des savoirs", et sur "la nature et le contenu" du brevet ainsi que du baccalauréat. Par ailleurs, les nouveaux programmes vont être pensés pour mieux faire la transition entre le primaire et le collège, et un "parcours d'information, d'orientation et de découverte du monde économique et professionnel" sera développé.
Quand la réforme va-t-elle aboutir ?
D'abord, c'est le Conseil supérieur des programmes, une instance indépendante dont l'objectif est de proposer des solutions concrètes, qui va orchestrer le chantier. En outre, rappelons que la consultation des professeurs des écoles sur la question, lancée précédemment par Vincent Peillon, va d'ici peu déboucher sur une synthèse qui servira de base au CSP. Les 18 membres de ce Conseil auront jusqu'au printemps 2014 pour présenter leurs projets de programmes, qui seront alors soumis à l'avis du Conseil supérieur de l'éducation (CSE). Il faudra donc attendre l'été 2014 pour voir les nouveaux programmes publiés au Journal officiel. Leur entrée en vigueur se fera enfin dès la rentrée 2014 pour la maternelle, à la rentrée 2015 pour les classes de CP CM1 et 5ème, à la rentrée 2016 pour les classes de CE1, CM2 et 4ème, et à la rentrée 2017 pour les classes de CE2, 6ème et 3ème.
Sources : LeParisien, LeMonde, 20minutes