Les punitions physiques, même en l’absence d’abus ou de négligence, affecteraient à long terme la santé mentale des enfants, selon une étude de l’Académie américaine de pédiatrie. Une fessée rendrait les enfants plus agressifs, et ses effets pourraient même se faire ressentir à l’âge adulte. Malgré une interdiction qui progresse dans le monde, et un regard de moins en moins permissif dans les pays qui ne l'ont pas encore interdite (comme la France, mais aussi le Canada et les Etats-Unis), de nombreux parents affirment avoir encore recours à la fessée et aux châtiments corporels.
Une étude menée au Québec, publiée en 2002, montrait même que 2/3 des Québécois la jugeaient nécessaire. Pourtant, les résultats obtenus auprès de 34 653 individus de moins de 20 ans montrent qu'un lien existerait entre les coups reçus à l’enfance et les troubles mentaux développés à l’âge adulte. Entre 2 et 7 % des problèmes mentaux des jeunes adultes examinés lors de cette étude seraient liés aux punitions physiques reçues pendant leur enfance. Bien entendu, les problèmes de santé mentale résultent de nombreux facteurs, soulignent les chercheurs, mais la punition physique amplifierait le risque d’en être atteint.
Deux fois plus de risques d'être atteint d'une maladie mentale
Les enfants à qui l’on aurait administré des fessées auraient ainsi deux fois plus de risque de souffrir d’une maladie mentale et seraient aussi plus prédisposés que les autres de faire une dépression à l’âge adulte. Recourir à des punitions physiques - pousser, empoigner, secouer, gifler ou taper - sur un enfant turbulent augmenterait le risque d’anxiété, d’abus de drogue et d’alcool, des troubles de l’humeur ou de personnalité plus tard. D’un point de vue de santé publique, les auteurs de cette étude soutiennent que réduire les punitions physiques permettrait d'aider à faire reculer les cas de troubles mentaux au sein de la population. L'opinion publique, en revanche, est toujours largement favorable à l’utilisation des claques et des fessées : selon un sondage réalisé en 1999, 88 % des parents en Angleterre estimaient disposer du droit de frapper leurs enfants.
Le droit de recourir à un châtiment corporel varie selon les pays
Pour rappel, 31 pays ont fait voter des lois ayant pour objectif de prohiber la violence physique à l'encontre des enfants au sein de la famille, mettant fin à l'excuse du "châtiment raisonnable" qui a eu - et parfois, a encore - cours dans de nombreux pays à travers le monde. La France n'a pas explicitement aboli les châtiments corporels à l'encontre des enfants au sein de la famille (sous-entendu, par les parents), mais la loi interdit de façon générale la violence : frapper un enfant est théoriquement interdit, mais la loi ne l'interdisant pas explicitement à ses parents, la plupart des parents croient qu'ils en ont le droit. En France, 80 % des parents admettent donner souvent des fessées à leurs enfants, et 60 % pensent qu'elle est une bonne chose.
Le droit de donner des claques et des fessées n’est consacré par aucune loi, mais fait partie des droits, devoirs et obligations qui constituent l’autorité parentale. Pour la justice, celui qui a l’autorité parentale sur l’enfant dispose du droit d'infliger des châtiments corporels, à condition que ce soit dans un but éducatif, que l’enfant ne soit pas trop jeune, que ces gestes soient inoffensifs et que tout châtiment s’exerce dans le respect dû à l’enfant et dans son intérêt. La Convention internationale des droits de l'enfant, un traité signé en 1989 par la France, déclare que "l'enfant […] a besoin d’amour et de compréhension. Il doit, autant que possible, grandir sous la sauvegarde et sous la responsabilité de ses parents et, en tout état de cause, dans une atmosphère d’affection et de sécurité morale et matérielle".
Sources : Agence science presse (Canada), Association américaine de Pédiatrie (en anglais)