Échecs scolaires, réorientation, refus de dossier, redoublements, exclusion… Ces quelques mots peuvent provoquer pleurs et grincements de dents à de nombreux parents. Cahiers de vacances, retenues, cours particuliers et autres concepts sont les solutions les plus utilisées par les autorités scolaires et parentales, qui provoquent à leur tour pleurs et grincements de dents chez les écoliers. Heureusement pour tous, les scientifiques sont là. Fini la règle en fer, place à l'archet, car la musique rendrait intelligent.
Virginia Penhune (département psychologie) et Robert J. Zatorre (recherches en neuropsychologie), chercheurs de l'Université Concordia, ont réussi a prouvé scientifiquement que la musique a des effets très bénéfiques sur les connexions cérébrales. Cette théorie n'était jusqu'alors que pure supposition, fondée sur des intuitions. Leur étude, publiée dans la revue scientifique "Journal of Neuroscience" montre que les enfants de 7 ans qui jouent d'un instrument développent davantage de connexions neurologiques dans de nombreuses aires cérébrales. Effectivement, le nourrisson passe par plusieurs étapes en grandissant : il découvre ses 5 sens, développe ses réflexes (une porte qui claque le fait sursauter, le barbe du père le pique…) puis apprend à les gérer et modifie son comportement. Le lien que fait l'enfant entre ses 5 sens, qu'il expérimente de façon empirique (l'expérience personnelle) et son adaptation (par la gestion de ses réflexes) est ce qu'on appelle la coordination psychomotrice sensorielle.
C'est entre 6 et 8 ans que l'impact de la musique est le plus important, et favorise ainsi une meilleure coordination sensorielle (les 5 sens) et psychomotrice (gestes commandés par le cerveau). Beaucoup d'enfants, handicapés ou non, souffrent d'une mauvaise coordination. Un enfant ayant un mauvais équilibre marchera tard. Son expérience du "dehors" est retardée, et par conséquent son analyse et sa compréhension du monde avec. Ayant peu d'expérience, il a peu de questions, développe peu son langage et freine le développement cérébral. Un enfant sourd n'entend pas les mots, donc ne les comprend pas et ne peut développer son langage. De plus, étant privé du volume sonore, il ne peut comprendre si une personne faisant une gestuelle étrange est parce qu'elle rit ou parce qu'elle est en colère. Le développement du cerveau passe par des situations banales. Quel que soit l'enfant, même privé d'un ou plusieurs sens, la musique aura toujours un effet bénéfique sur lui car elle touche de nombreuses zones et facilite la communication.
Une meilleure coordination par la musique
Pour parvenir à cette conclusion, les deux chercheurs ont analysé le comportement de différents adultes, divisés en 3 groupes : un groupe de musiciens "précoces" (qui ont commencé la musique avant 7 ans), un groupe de musiciens "tardifs" (qui ont commencé la musique après 7 ans) et un groupe "témoin" (qui n'a jamais joué d'instrument). Chaque groupe, composé de 18 personnes, a effectué des exercices mettant en jeu leurs connexions cérébrales. Les musiciens précoces disposent d'une plus grande quantité de "substance blanche" dans le système nerveux. Cette substance blanche est la partie responsable des connexions plus ou moins rapides et plus ou moins variées entre les neurones. Plus vous en possédez et plus les recoupements entre différentes informations apprises au préalable se feront vite. Inversement, une personne en possédant peu, aura du mal à mettre en relation les renseignements acquis, et n'aura en tête qu'un répertoire d'idées (si bien sûr, il a la chance d'avoir une bonne mémoire…).
Très étonnamment, les adultes "tardifs" ont les mêmes résultats que les adultes "témoins", prouvant que l'apprentissage neurologique et le développement de la substance blanche se fait avant 7 ans (8 ans au plus tard). La musique, suite de notes inscrites dans un rythme particulier, met en jeu la concentration, l'ouïe et l'audition (avec l'ouïe vous entendez les notes, avec l'audition vous les écoutez, et pouvez ainsi savoir si le son et le rythme sont justes), la vue évidemment, le toucher (pour l'instrument) et l'équilibre (position dans l'exercice d'un instrument). Beaucoup d'aires cérébrales sont sollicitées, en pleine période de développement, quel que soit le profil de l'enfant.
Source : Concordia ; Etude de V. Penhune (rapport entre développement humain et musique)