La banque HSBC (Hong Kong & Shanghai Banking Corporation) a publié mardi 26 février cette étude réalisée dans 15 pays et portant sur les comportements d'épargne de leurs habitants : "L'Avenir des Retraites - Une nouvelle réalité" est menée depuis 8 ans, auprès de 15 000 personnes, et c'est le 1er volet de l'enquête à paraître cette année. Un dur rappel à la réalité pour les Français.
Verdict : les Français sont le peuple le plus indiscipliné financièrement. Bien qu'ils aient conscience que leur espérance de vie dépasse de beaucoup leur épargne, ils sont encore près d'un sur deux à croire que l'Etat assurera l'essentiel de leurs revenus une fois leur épargne consommée. Ils auront pourtant en moyenne encore 14 ans à vivre après ce moment (12 ans pour les hommes, 17 pour les femmes), et la majorité est consciente de cet écart entre leur épargne et leur espérance de vie : en effet, les Français aspirent en moyenne à vivre 19 ans après leur retraite, mais ils n'ont que pour 9 ans d'épargne, ce qui fait qu'ils pensent vivre 10 ans sans aucun financement complémentaire (en moyenne, les autres pays répondants à l'étude pensent vivre 8 ans sans revenus complémentaires).
Un paradoxe bien français : entre cigales et fourmis
Plus d'un Français sur trois n'épargne pas du tout pour sa retraite, ceux qui le font commencent plus tard que la moyenne des répondants des autres pays (à partir de 30 ans contre 26 dans le reste du monde). En moyenne, ils aspirent à des revenus largement surestimés par rapport à la réalité à laquelle ils sont confrontés : 26 000 € par an contre 18 370 € de revenu médian pour un ménage de retraités. Un sur deux souhaite profiter de sa retraite pour voyager, même s'ils sont conscients de la probabilité qu'ils subissent une perte de revenus. Les Français font, comme les autres, des arbitrages d'épargne, mais ils poursuivent le plus souvent, contrairement aux autres, des objectifs à court terme au détriment de leur épargne à long terme.
Cette absence d'épargne est d'autant plus problématique que beaucoup de personnes se retrouvent en situation de dépendance, ou connaissent des problèmes de santé au moment de leur retraite. La hausse des dépenses de santé en fin de vie n'est pas encore intégrée, ni par les organismes de protection sociale ou de prévoyance, ni par les futurs retraités, dans la constitution d'une épargne par capitalisation. Le total des dépenses liées à la prise en charge de la dépendance est estimé autour de 10 milliards d'euros par an en France, et les Français continuent de se reposer principalement sur l'Etat-providence pour faire face à cette situation dans le futur.
Un Etat-providence profondément ancré mais impuissant
Alors que 16 % des individus à travers le monde interrogés dans cette étude font prioritairement confiance à l'Etat pour financer leur retraite, 44 % des Français sont dans cette situation, soit deux fois plus qu'en 2011, et autant qu'en 2010, avant le débat sur la réforme des retraites. Cette proportion baisse chez les jeunes (25-30 ans) qui ne sont plus que 30 % à croire que l'Etat pourra financer l'essentiel de leur retraite, et qui sont donc une plus grande part à préparer leur propre solution (épargne salariale 20 %, assurance-vie 30 % et épargne simple 38 %).
L'étude conclut que les Français épargnent en priorité par précaution, pour parer un coup dur (1 sur 2), ce qui est supérieur à la moyenne des autres pays (38 %), qu'un Français sur quatre aurait recours à son épargne retraite pour parer à une telle éventualité, et près d'un sur deux choisirait d'épargner pour ses vacances plutôt que pour sa retraite, s'il devait choisir entre ces deux objectifs. Enfin, si les Français sont ceux qui commencent à épargner le plus tard pour leur retraite, ils sont aussi ceux qui le font le plus lentement (l'épargne retraite mensuelle moyenne en France est de 86 € contre 214 € dans les autres pays).