Les relations entre opérateurs de mobiles ne se sont pas détendues depuis un an et l'arrivée de Free Mobile sur le marché. Le quatrième opérateur, dont l'introduction avait pour but de rétablir la concurrence après les affaires d'ententes qui avaient éclaté en 2005 - et abouti à la condamnation des trois opérateurs historiques à des amendes records - est maintenant dans la ligne de mire des autorités commerciales, du fait de sa lenteur à déployer son propre réseau.
En effet, l'introduction de Free Mobile s'est déroulée très rapidement - de façon précipité diraient ses concurrents - grâce à un accord dit "contrat d'itinérance" qui permit à la filiale d'Iliad, maison-mère de Free dont l'actionnaire principal est Xavier Niel, de rafler 8 % des parts de marché sans disposer en premier lieu d'un réseau d'antennes capable d'acheminer ses appels. Le nouvel entrant loue son réseau à l'historique Orange - France Télécom, pendant la durée du développement de son réseau, ce qui lui donne un avantage comparativement aux autres acteurs : il n'est pas encore obligé d'investir dans l'infrastructure nécessaire, et pourra même passer directement à la 4G s'il installe les antennes adaptées, donc évitera ainsi d'avoir eu à construire un réseau qui sera bientôt obsolète.
Une Autorité très permissive ?
L'Autorité de la concurrence, saisie par le gouvernement, demande aux deux opérateurs partenaires de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour mettre fin à cette collaboration contre-nature, selon les deux autres opérateurs SFR et Bouygues, le plus tôt possible. C'est-à-dire avant 2018 comme le précise le contrat d'itinérance, voire même dès 2016, comme le contrat leur permet. En effet, la crainte de leurs concurrents est que Free ne mette pas en œuvre son propre réseau par tous les moyens à sa disposition, ce qui contribue à lui donner un avantage financier (pas besoin d'investir) et permet aussi d'assurer une manne non négligeable à Orange, qui de toute façon est en surcapacité pour ses seuls abonnés. Ainsi, grâce à ce contrat, l'un évite de coûteux investissements, et l'autre rentabilise son réseau. Mais l'Autorité de la concurrence ne le voit pas de cet œil.
L'autre message de l'Autorité était pour l'autre Autorité administrative, en charge des opérateurs de télécoms : l'Arcep. Celle-ci est soupçonnée par les deux opérateurs opposés à l'alliance Free-Orange de fermer l'œil sur les manœuvres dilatoires du quatrième opérateur, c'est-à-dire sur le fait qu'il prend exprès du retard sur ses engagements en matière de déploiement de ses antennes-relais, pour des raisons financières. L'Autorité de la concurrence demande donc à l'Arcep, qui est compétente pour ce dossier, de surveiller l'installation des antennes de Free Mobile. L'obligation est faite à Free de s'équiper de façon à couvrir 75 % de la population en 2015, et 90 % en 2018, ce qui pourrait bien ne pas être le cas si les poses d'antennes se poursuivaient à ce rythme. Free, qui économise pour l'instant l'entretien d'un réseau, et Orange qui tire de ce contrat une substantive rente (entre 500 et 700 millions d'euros par an), semblent pour l'instant partisans du status quo.
Sources : Libération