D'après un pneumologue interrogé par Le Monde, l'air de Paris serait moins nocif que la cigarette. Et l'épisode de pollution traversé en Île-de-France ne serait pas aussi catastrophique qu'on l'imagine.
Nous vous en parlions il y a quelques jours : le niveau de pollution aux particules fines à Paris effraie à la fois les habitants et les autorités. Mais pour le pneumologue Bertrand Dautzenberg, il ne serait pas pour autant nécessaire de s'affoler outre mesure. En tout cas pas davantage qu'il y a une trentaine d'années.
Quid des particules fines ?
Il s'agit de petites poussières présentes dans l'air, dont la densité augmente en cas d'épisode de pollution, pouvant s'infiltrer en profondeur dans l'arborescence pulmonaire. Ainsi, à la différence des grosses poussières ne volant pas, ces particules microscopiques s'introduisent jusque dans les alvéoles. Leur taille (10 microns) correspond à un centième de millimètre. Dans la plupart des cas, ces résidus (carbone) sont le fruit d'une combustion.
Quid de leur nocivité ?
Une fois que ces particules se déposent dans les poumons, le corps peut faire des réactions allergiques. Dans ce cas, les voies respiratoires supérieures et les bronches sont les premières concernées. Mais il n'est pas impossible que les plus petites particules passent à travers le poumon et entraîne une inflammation générale en circulant dans le sang. Dès lors, les problèmes cardio-vasculaires et les thromboses sont plus fréquents. Si les petites particules sont en général expirées, un certain nombre d'entre elles restent dans les poumons plus longtemps. Or, dans ce cas de figure, l'utilité d'un masque protecteur serait quasi-nulle.
L'air de Paris est-elle dangereuse ?
Pour le savoir, il est nécessaire de se référer au taux de particules en microgramme par mètre cube. Ce dernier étant à moins de 80 microgrammes, l'heure ne serait donc pas à l'affolement, d'après Dautzenberg, qui rappelle notamment que le niveau est dix fois moins important que celui de Pékin, et nettement moins élevé que celui d'il y a trente ans. Résultat, selon lui, fumer une cigarette dans la journée serait plus nocif que de respirer l'air de la capitale. Même chose si l'on allume une bougie, un bâton d'encens ou que l'on se fait cuire une côtelette sans hotte aspirante dans son appartement.
Quid de la pollution des Diesel ?
Les plus importants émetteurs de particules fines sont le chauffage, l'industrie et les trafics routiers. Mais qu'en est-il du Diesel, carburant le plus utilisé en France ? Celui-ci serait en grande partie (70 %) responsable des émissions de particules fines, par le biais du trafic routier. Reste néanmoins que les filtres à particules installés sur les voitures diesel depuis 2011 limitent le phénomène, même s'ils n'occupent qu'une faible part du parc automobile hexagonal. À noter qu'un autre élément doit être pris en compte dans ce domaine pour réduire les émissions : la manière de conduire, à savoir la gestion de la vitesse, des accélérations brutales, etc.