Marisol Touraine a indiqué mardi 17 mars que les personnes homosexuelles de sexe masculin devraient prochainement être autorisées à donner leur sang. À l’issue de l’examen du projet de loi santé en commission des affaires sociales à l’Assemblée, la ministre de la Santé a ainsi annoncé que le questionnaire relatif au don du sang ferait l’objet d’une modification.
Actuellement, le questionnaire préalable au don du sang ne permet pas aux personnes homosexuelles de sexe masculin de donner leur sang. Un choix qui s’explique par l’importante prévalence du VIH au sein de cette population. Reste que la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a jugé qu’il n’était "pas acceptable que l’orientation sexuelle soit perçue comme un critère d’exclusion". En pratique, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE), d’ores et déjà saisi à ce propos, devrait rendre un avis d’ici quelques jours.
Il faudra concrètement établir les critères précis à imposer : abstinence complète, exclusion des pratiques à risque, etc. À titre d’exemple, la Grande-Bretagne impose à l’heure actuelle une année d’abstinence, et le Canada cinq.
Mesure de précaution ou discrimination ?
Nombreuses sont les associations de défense de droits homosexuels à considérer l’exclusion des homosexuels du dispositif de don comme une discrimination. Sur cette question, Marisol Touraine n’a pas toujours eu le même avis. Au début de son mandat en juin 2012, celle-ci affirmait ainsi souhaiter changer ce critère d’exclusion. Mais à l’instar de ses prédécesseurs, elle s’est ravisée peu de temps après. En décembre 2012, elle affirmait ne pas être en mesure de lever l’interdiction sans la garantie absolue que cela n’impliquera pas un risque de plus pour les personnes transfusées.
Concernant cette exclusion des homosexuels du don du sang, les autorités sanitaires plaident la mesure de précaution. Et de mettre en évidence que la proportion de personnes touchées par le VIH est 65 fois plus importante chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autre hommes que parmi les hétérosexuels.
Ce qui inquiète le plus les professionnels, ce sont les personnes qui ne se savent pas porteuses du VIH. D’autant plus que les examens de dépistage ne sont pas certains à 100 %. Et même si le sang donné est bien évidemment passé au crible à l’issue du don, il faut savoir que le virus reste imperceptible durant une dizaine de jours. L’institut de veille sanitaire (InVs) juge que le risque de contracter le VIH relatif à un don de sang est d’un sur trois millions.