Le caviar : Le nouvel or noir de Madagascar ?

Madagascar, une petite île au potentiel surprenant, mais en voie de développement, accueille le tout premier producteur de caviar du continent africain. Ce produit raffiné qui rime avec luxe est importé sur le territoire malgache par trois entrepreneurs français. Bien que semblant absurde au début, l’élevage d’esturgeon s’est avéré fructueux avec une tonne de caviar produite en 2017.

Le symbole même de la gastronomie de luxe s’est frayé un chemin en Afrique. L’île de Madagascar est connue pour sa vanille qui se vend à prix d’or dans le monde, son foie gras et son cacao. Elle ajoute le caviar à son palmarès de produits de qualité. L’entreprise responsable, Rova Caviar, a écoulé sa première production d’une tonne en seulement quelques semaines en 2017. Zoom sur cette nouveauté.

Une idée française

En France, les inégalités entre riches et pauvres baissent. À Madagascar, 9 Malgaches sur 10 vivent en dessous du seuil de la pauvreté. Cela n’a pas arrêté Delphyne et Christophe Dabezies, un couple de Français habitant l’île depuis des années. “On a fait rire beaucoup de personnes. Mais on a pris le temps de leur prouver que c’était du sérieux”, raconte la responsable de Rova Caviar, en précisant que le caviar “made in Madagascar” est le seul produit du genre en Afrique et dans tout l’océan Indien. Auparavant acteur dans le domaine du prêt-à-porter de luxe, le couple, rejoint par un associé français, a eu l’idée d’élever des esturgeons sur l’île. C’est ainsi que le caviar malgache, vendu dans le pays et dans les îles voisines au prix de 100 € les 100 g, s’est hissé au titre de nouvel or noir de l’île.

Un parcours loin d’être simple

Rova Caviar a élu domicile sur les berges du lac de Mantasoa, un site à 1 400 m d’altitude situé dans les hauts plateaux, à l’est de la capitale, Antananarivo. Les entrepreneurs à l’origine du projet ont reconnu avoir parcouru un chemin difficile et chaotique afin d’adapter ce point d’eau à l’élevage d’esturgeons. C’est en 2013 que les premiers œufs, directement importés de Russie, sont arrivés sur place. Comme il s’agissait d’une nouveauté à Madagascar, l’entreprise a dû former le personnel. Ianja Rajaobelina, la directrice adjointe, explique que “des professionnels du caviar sont venus de l’étranger”. En effet, l’élevage d’esturgeon est un processus très délicat et la maturation d’un caviar de qualité nécessite une grande patience.

Un produit inaccessible pour la population locale

Le 26 juin 2017, jour de la fête nationale malgache, marque la sortie des premiers grammes de caviar de l’usine. Rova Caviar emploie désormais 300 salariés qui supervisent tout le processus de production, de l’éclosion des œufs d’esturgeon dans le lac Mantasoa à la maturation du caviar mis en boîte. La qualité est le premier critère de ce produit hors de prix. “Un caviar de qualité se reconnait dès l’ouverture de sa boîte. Il roule sur la langue et se caractérise par un parfum de beurre frais”, explique Georges Andrianjatovo, le responsable qualité. La première tonne de “caviar made in Madagascar” s’est écoulée en quelques semaines. Les entrepreneurs ambitieux espèrent multiplier la production de cette année par cinq. Pour apprécier le caviar et bien d’autres mets raffinés, devenez testeur de produits de luxe.