Une enquête du magazine 60 Millions de consommateurs du 3 décembre 2015 révèle que de très nombreux médicaments en vente libre sont peu efficaces, voire présentent des risques.
Les saisons froides s’accompagnent de leurs lots de petits désagréments. Rhume, mal de gorge, fatigue et autres courbatures en font partie. Ils ne nécessitent pas d'ordonnance et laissent libre cours à l’auto-médicamentation. Le plus souvent donc, le premier réflexe du malade le conduira à la pharmacie. Reste que l’efficacité des médicaments qui y sont vendus est rarement au rendez-vous, selon 60 Millions de consommateurs.
Pourquoi acheter des médicaments contre un petit rhume alors qu’il s’estompe généralement de lui-même ? Est-il vraiment utile d’avoir toujours recours à des médicaments ?
L’enquête du magazine s’est intéressée à 61 médicaments parmi les plus vendus, entre autres Gaviscon, Immodium, Maalox, Actifed rhume, Caliptol inhalant, Oscillococcinum, Fervex, Néo-Codion ou encore Vicks vaporub, Microlax, Lysopaïne et Strepsils. Ils ont été évalués et contrôlés par le pharmacologue clinicien Jean-Paul Giroud, auteur de nombreux livres sur les médicaments et l'automédication, ainsi que par la pharmacienne Hélène Berthelot.
28 produits à éviter
Il ressort de cette étude que 28 de ces 61 médicaments sont à “éviter purement et simplement”. Ceux-ci sont plus dangereux que bénéfiques (rapport bénéfice/risque) en automédication. 20 autres produits sont classés "à défaut de mieux" par le journal, car leur efficacité est "faible ou non avérée sans que leurs effets secondaires associés soient décelables ou importants". Néanmoins, 13 d'entre eux parmi lesquels le sirop Clarix toux sèche, Humex adultes toux sèche, dextrométhorphane abricot, Vicks vaporub, Imodiumcaps, Gaviscon menthe ou Maalox sans sucre possèdent un rapport bénéfice/risque convenable et sont "à privilégier".
"Ces résultats montrent que ces médicaments, bien que vendus sans ordonnance, ne sont pas des produits de consommation comme les autres", précise le magazine dans un communiqué.
Pratique à risque
D’après 60 Millions de consommateurs, les médicaments qu’il faut éviter "comportent trop de contre-indications et des effets indésirables disproportionnés pour soigner des maux passagers, sans compter que certains contiennent des substances inefficaces".
Le journal attire surtout l’attention sur les produits associant plusieurs principes actifs (comme le paracétamol combiné au dichlofénac, à la pseudoéphédrine ou la tripolidine) qui multiplient les risques d'accidents cardio-vasculaire et neurologique. Ainsi, Le Dolirhume Paracétamol et Pseudoéphédrine, l'Actifed Rhume, le Rhinadvil, l'Humex Toux sèche Oxomémazine caramel, le Strepsils Lidocaïne, l'Exomuc Toux grasse orange, les dragées Fuca et le Fervex Phéniramine adulte sans sucre en particulier ont un rapport risques/bénéfices négatif.
Le marché de l'automédication représente 15,4% (-0,3 point) en France alors que la moyenne européenne est de 32,3%. Cependant, les grandes entreprises pharmaceutiques estiment que l'automédication est utile pour traiter des pathologies bénignes. Ces maladies ne sont généralement pas prioritaires dans la prise en charge financière.
Malgré tout, l’automédication est considérée comme un danger par de nombreux spécialistes de santé à cause du risque d’apparition d’éventuels effets secondaires, du non-respect de la durée des traitements ou d’interactions médicamenteuses.