Plutôt piscine ou parc végétal sur votre toit ?
Publié le - Mis à jour lePrendre l'ascenseur pour aller au parc, s'allonger sur le bord de la piscine et avoir tout Paris, Lyon ou Marseille en face de vous, est-ce vraiment un projet insensé ? Les villes grossissant de plus en plus, le béton, le zinc et le verre s'étendent et investissent la nature. La diminution de la végétation a un impact très important sur le quotidien : la pollution est plus dense, la chaleur est plus importante, l'air se raréfie. Alors, afin de rendre à la nature sa place dans la société, quelle meilleure solution que de la déplacer en hauteur, comme si l'immeuble avait juste poussé en dessous ?
Afin de démocratiser et de populariser au maximum cette pratique, la ville de Paris inaugurait en ce début de mois d'avril, une toiture de 7 000 m² de jardins suspendus, au sommet du centre commercial de Beaugrenelle. De cette étendue immense, comparable à un stade de foot, 800 m² seront réservés à un jardin public. Belle façon d'accueillir le printemps et les premiers rayons de soleil. Si les avantages de ces toits verts sont nombreux, l'étendue est malheureusement limitée par les coûts.
Protection de l'immeuble et de la rue
Le premier effet bénéfique constatable immédiatement est la rétention de l'eau de pluie. Une infiltration dans le toit provoque en temps humides des dégâts pour tous les habitants du bâtiment. Au sol, les trottoirs trempés, les flaques d'eau et les égouts qui débordent ont fait se changer plus d'un malchanceux aspergé sur le chemin du travail. Le toit vert garantit une rétention de 90 % de l'eau de pluie, diminuant les désagréments des pluies torrentielles, et l'entretien du jardin est naturel. Cette eau serait donc utilisée en partie par les plantes, une autre partie s'évaporerait, et ce qui reste serait évacué petit à petit, préservant les gouttières, les routes et les trottoirs de la violence des pluies orageuses. L'eau pourrait même être récupérée.
La végétation protégeant le revêtement du bâtiment, celui-ci n'est plus victime directement de la neige, de la pluie ou d'un fort soleil qui, à eux trois et en un an, créent de multiples mini-fissures, se creusant à la longue. La durée de vie du toit végétal serait plus importante que celle d'un toit classique, pouvant aller du simple au double. Inévitablement, ces toitures écologiques ont un impact sur l'isolation thermique de l'immeuble, moins soumis à la température extérieure.
Amélioration du quotidien : température, oxygène…
A grande échelle, l'étendue des toits verts pourraient se ressentir sur la qualité de vie et le portefeuille personnel. Une étude d'Environnement Canada estime que si 6 % seulement des toits de Toronto étaient dotés d'une toiture végétalisée, la ville gagnerait de 1 à 2 degrés en fraicheur. Une autre étude montre que si 30 % des toits de Chicago étaient verts, la température sera plus fraiche et l'économie de la climatisation s'élèverait à 1 million de dollars chaque année.
Selon une étude (pdf à télécharger) effectuée par la ville de Nice en 2009, 1,5 m² de toit vert couvre les besoins d'oxygène d'un homme adulte. De plus, les systèmes de toitures végétales pourraient dégrader "jusqu’à 90 % des composés tels que le monoxyde de carbone et le butane". Il a été estimé qu'1 m² de toit vert capturerait chaque jour environ 0,2 kg de particules de ces gaz en suspension dans l'air. Le volume de la pollution baisserait considérablement.
Isolation acoustique : un quotidien plus serein
Pour les habitants de l'immeuble végétal, le toit garantit une réduction du bruit assez importante, bien qu'elle ne se ressente réellement que pour le dernier étage, et évidemment de moins en moins à mesure que vous vous rapprochez de la rue. Mais pour des bâtiments publics, la différence est de taille. Le centre commercial annonce une réduction du bruit pouvant aller jusqu'à 20 décibels, niveau sonore des chuchotements, envisageant ainsi des galeries moins victimes des bourdonnements dus au brouhaha ambiant.
Selon l'étude de Nice, les toits verts pourraient réduire les bruits jusqu'à 50 décibels, soit le volume de conversations, en fonction de son épaisseur. La qualité de vie en serait immédiatement améliorée. Le toit vert permet d'ailleurs d'avoir un jardin, personnel ou en commun avec la copropriété, en ville, et en hauteur. Ainsi, le soleil n'est pas caché par les hauts immeubles avoisinants, la vue est généralement imprenable, et l'atmosphère y est meilleure, sans compter le contexte rural en milieu urbain qui se fait de plus en plus rare, et nécessaire pour de nombreux citadins.
Une pratique internationale ralentie par son coût
Les pays européens ont commencé à développer ces toits dans les années 90, notamment la Suisse et l'Autriche, dont les toits verts seraient obligatoires pour tout nouveau bâtiment, informe Soprema. A Chicago comme à New York, ainsi qu'à Toronto et à Montréal, de nombreux toits verts décorent la ville et assainissent l'air. En Colombie, des potagers peuplent les toits. Au Japon enfin, pays dans lequel vous pouvez acheter votre oxygène en distributeur, les plantes suspendues sont obligatoires sur les constructions d'une certaine surface. Les toits verts ont cependant un inconvénient : leur coût immédiat.
Bien qu'à la longue ils soient rentables et permettent de faire de nombreuses économies, les avantages ne sont pas les mêmes pour tous. Aussi, la question de savoir qui paye se pose et reste en suspens. Pour les particuliers, l'impact bénéfique se fait moins ressentir que pour les bâtiments publics ou professionnels, généralement plus grands (des écoles, des bureaux, des hangars…). Le coût au "détail" est inévitablement plus élevé : le coût du mètre carré se situerait entre 120 € et 150 € pour les toits d'une quinzaine de mètres carrés, et tomberait aux environ de 50 € pour les surfaces plus grandes.
Sources : Dossier de cebq.org ; actu/environnement et Le Monde
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