Votre potager urbain : au bureau, dans la rue, sur le toit…
Publié le - Mis à jour le"Pour manger bio, il faut être riche". Trop souvent établie, cette relation entre "argent" et "santé" se fait découdre peu à peu par des citadins amoureux de la nature, de la bonne nourriture et de la dépense modérée. Le mauvais temps est leur bénédiction puisque leur projet consiste à faire revenir en ville les champs de légumes. Après les espaces verts en tout genre, les potagers collectifs urbains débarquent : moins chers, ils ont la particularité d'être entretenus par les agriculteurs en herbe et non par les autorités.
Avec les derniers événements culinaires qui ont secoué la capitale mondiale de la gastronomie, de plus en plus de Français sont sensibles à une meilleure alimentation : s'ils aiment savoir ce qu'ils mangent, ils préfèrent désormais le préparer eux-mêmes. La nourriture préparée en usine et servie en sachets plastique pourrait bien avoir lassé le Français, qui effectue un véritable retour aux sources : le potager de ville.
Faire de la pause-café la pause-jardin
La ville de Nice a vu grand : un grand potager urbain de 5 000 m² a été mis à disposition des habitants. Le terrain, prêté par le diocèse, accueille les adhérents durant la semaine afin qu'ils puissent s'occuper de leurs légumes, entre tomates, carottes et autres radis. Pour cela, il leur suffit de payer le droit d'entrée, une inscription annuelle de 20 € symboliques. Les fruits de la récolte seront ensuite distribués à des épiceries sociales ou consommés sur place.
D'autres solutions existent, à la portée de tous. Au bureau ou dans votre cour d'immeuble, des sacs de toiles spécialement conçus pour ce type de culture pourront rapidement transformer une ruelle sombre ou un bureau tristement citadin en un véritable champ de légumes qui profitera à tous. Vous pourrez le transporter partout, car le Bacsac est avant tout un sac avec ses 2 lannières, puis un potager. Pour ceux qui voient grand, la jardinière Chelsea de Verda est la solution idéale : un demi-cube de bois d'un peu plus d' 1 m² que vous pouvez poser à même le béton vous offrira tous les avantages d'un petit potager personnel. Un tablier, un chapeau de paille et une paire de botte feront du "jeune cadre dynamique" un excellent agriculteur.
Des tomates dans le ciel
Pour un potager urbain, nul besoin d'être à la campagne, d'avoir un jardin ou un grand espace à votre disposition. En effet, selon Hervé Bonnavaud, président de la Fédération nationale des jardins familiaux et collectifs, un espace potentiel existe dans les villes, si l'on sait où regarder : un toit d'immeuble, un jardin au pied d'un HLM ou tout autre espace vert (ou non) peut devenir un potager urbain, relaie le journal Le Point. De nombreuses études ont déjà estimé que, si les toits des grandes villes étaient recouverts de végétation, la qualité générale de vie en serait améliorée.
Une étude canadienne donne des chiffres précis : si 6 % des toits de Toronto étaient végétalisés, la ville gagnerait 1 à 2 % de fraicheur. Alors, si cette végétation était constituée de plants de légumes, entretenus par les particuliers, les effets bénéfiques en seraient décuplés. Aussi, outre les améliorations dans la température générale des villes et la baisse considérable du seuil de pollution, l'alimentation serait meilleure pour un moindre coût. Que demander de plus ?
En Colombie, cette pratique est déjà généralisée, et de nombreux potagers sont dans les airs. Mais en France, si certains ont déjà essayé les toitures parisiennes, on ne sait pas si elles sont vraiment adéquates. Pourtant, on estime que les toits plats, surface idéale pour de tels aménagements, représentent une surface de 314 hectares. Le tout est de savoir s'ils sont assez résistants pour supporter à la fois des cultures de légumes et les agriculteurs amateurs. Pour Jeanne Pourrias, chercheuse à l'INRA, même 10 % de cette surface consisteraient une avancée déjà significative.
Inverser la tendance : la ville dans le potager
En effet, selon une étude des étudiants rennais, ce type d'aménagement pourrait nourrir 38 % des habitants de Rennes, en utilisant notamment 35 % des espaces publics. Il suffirait de remplacer les arbres dont les fruits sont immangeables et blessent lorsqu'ils tombent, tels les châtaigniers, par des poiriers ou des pommiers. De plus, ces pelouses qui peuplent les villes, et sur lesquelles personne ne peut marcher, pourraient aisément être agrémentées de légumes. Il n'y aurait plus qu'à se baisser pour déjeuner, et tendre le bras pour le dessert.
D'autres études sont en cours, afin de voir comment améliorer l'organisation des centres urbains. En France, il n'existe pas encore d'immeuble aménagé pour la culture de légumes. Or si le toit n'est pas disponible, un étage, ou même une pièce, pourrait être transformé en grand potager, comme le souhaite le projet en attente d'autorisation à Romainville. Ce projet vise à mettre en place une grande ferme de culture de 3 000 m² dans un immeuble et sur son toit. La ville de Singapour a préféré les "fermes verticales". En attendant ces nouvelles mesures, vous pouvez d'ores et déjà vous procurer un potager de ville, qui ne nécessite ni un toit, ni un jardin, ni un immeuble. Juste un peu de temps.
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