Mais au fait, quelle place occupe désormais le petit-déjeuner dans l'alimentation des Français ? De 2003 à 2010, le nombre de personnes à en prendre chaque jour de la semaine, en France, a considérablement diminué. Un phénomène que les spécialistes jugent durable.
D'après une étude du Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Credoc), diffusée dans la revue Consommation et modes de vie, les adultes n'étaient plus que 86 % à débuter leur journée par un repas en 2010 contre 91 % en 2003. Un phénomène comparable chez les enfants, dont la proportion est passée de 91 % à 87 % mais aussi chez les adolescents, de 79 % à 59 %. Autrement dit, près de 15 % des adultes et un tiers des adolescents sautent ce repas.
Sur la période 2007 – 2010, d'après les résultats de l'enquête du Credoc, les enfants comme les adultes se sont passés plutôt régulièrement de petit-déjeuner, ce à raison d'une fois par semaine environ. Les adolescents l'ont pour leur part sauté plusieurs jours chaque semaine. Seul le week-end semble faire exception, réunissant autour de la table le matin pas moins de 97 % des adolescents. À noter à ce titre que la grasse matinée n'amène pas, contrairement à ce que l'on aurait pu croire, ces derniers à se passer du petit-déjeuner.
La plupart des Français prennent leur petit déjeuner à domicile – c'est notamment le cas pour 97 % des enfants, 94 % des adolescents et 97 % des adultes. Et plus de 75 % de ces repas ont lieu avant 9 heures. Chose nouvelle : les Français sont dorénavant plus enclins à prendre leur petit déjeuner en solitaire, sauf pendant les week-ends.
Les raisons du phénomène
Interrogée au micro d'Europe 1 le mercredi 17 avril, la directrice du département "Consommation" du Crédoc Pascale Hébel considère que ce qui a changé en dix ans, c'est surtout la manière avec laquelle on pense le petit déjeuner. Auparavant, ce repas était perçu comme un rituel et il n'était pas rare de réveiller les adolescents un peu plus tôt pour leur permettre de prendre leur petit-déjeuner. Désormais, ces derniers sont plus libres. De même, ce repas était un moment que l'on partageait alors que les comportements n'ont aujourd'hui de cesse de s'individualiser dans les familles.
Pour faire simple, explique la chercheuse, le petit-déj est sacrifié pour dix minutes de sommeil supplémentaires. La cause : le changement des modes de vie, la crise économique et par extension la diminution des budgets, mais également l'emploi du temps, qui conduit à se lever plus tôt. Enfin, rappelle Pascale Hébel, les industriels comme les laitiers ou encore les céréaliers communiquent beaucoup moins que par le passé sur l'importance du petit-déjeuner.
Sources : Crédoc, Europe 1, Le Monde, 20minutes