Bonne nouvelle pour la dizaine de milliers de patients souffrant aujourd'hui en France de graves insuffisances cardiaques : Carmat, une société de biotechnologie française vient d'obtenir – c'est une première – l'autorisation d'implanter un cœur artificiel sur l'homme.
Après plus de vingt ans de recherches visant à mettre au point un cœur artificiel, la société française Carmat vient tout juste d'être autorisée à tester son appareil sur l'être humain. Pour commencer, le prototype développé par la société sera installé sur quelques patients des quatre plus grands centres mondiaux de chirurgie cardiaque, répartis dans quatre pays. C'est le cas du CHU de Saint Pierre (Belgique), le Silesian Center for Heart Diseases (Pologne), l'University Medical Centre Ljubljana (Slovénie) et le Prince Sultan Cardiac Center (Arabie Saoudite).
Se voulant la meilleure réponse à tous les cas d'insuffisance cardiaque avancés, le cœur bioprothétique développé par Carmat ne pèse qu'un kilo. Sachant que 20 millions de patients sont aujourd'hui concernés par cette maladie en Europe et aux États-Unis, l'implantation d'un tel appareil pourrait se révéler un véritable enjeu de santé publique. Comme le souligne Marcello Conviti, le directeur général de Carmat, ce cœur permet au patient, une fois implanté, d'"avoir une vie normale sans aucun risque de rejet". Celui-ci s'adapte en effet intégralement à la physiologie de chacun et offre un débit sanguin pouvant atteindre 9 litres chaque minute.
Une bonne alternative à la greffe
La prothèse de Carmat reprend la forme d'un cœur humain. Il dispose ainsi de deux ventricules et oreillettes, de quatre valves et d'un système de régulation. Ce dernier est alimenté par une batterie extérieure qui pourrait aller jusqu'à douze heures d'autonomie. Par le passé, ce type de prothèse était installé sur les patients en attendant une transplantation cardiaque mais n'était pas fait pour durer dans le temps. Dorénavant, le dernier modèle mis au point par Carmat pourrait potentiellement pallier le manque de greffons dans l'Hexagone.
Pour en profiter, il faudra néanmoins patienter encore quelque temps d'ici à ce que les essais cliniques soient finalisés et validés d'une part – condition sine qua non pour obtenir le marquage CE et donc être autorisé à commercialiser –. En France, il faudra d'autre part attendre l'approbation de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), qui juge pour l'heure les données résultant de l'expérimentation vétérinaire, insuffisantes.
En admettant que les essais cliniques soient une réussite, une commercialisation pourrait toutefois être envisagée dans les deux ans. Mais pour bénéficier de ce cœur 2.0, il faudra y mettre le prix : entre 140 000 et 180 000 euros.
Sources : Carmat, ANSM, Le Monde, Le Figaro