Quelles punitions un instituteur peut-il donner à ses élèves ?

Quelles punitions un instituteur peut-il donner à ses élèves ?

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Les bonnes vieilles méthodes de la règle en fer qui transit le bout des doigts de douleur, immédiatement suivie du fameux bonnet d'âne seraient visiblement interdites. De même, le terrible "au coin!" précédant la tape derrière le crâne, n'aurait plus sa place à l'Éducation Nationale. Les punitions ont changé au fil du temps, visant à ne plus humilier les élèves. Mais après qu'un professeur ait demandé à un enfant de s'enfoncer deux capuchons de stylo dans les narines, le débat revient à la première page.

Une institutrice, ne sachant plus quoi faire face à un élève de CM1 qu'elle trouvait difficile à canaliser, a opté pour une méthode peu orthodoxe : alors qu'il jouait avec un bouchon de stylo, elle l'aurait emmené dans une classe voisine. Là, elle lui aurait demandé de grimper sur une chaise et, une fois debout devant des enfants qui n'appartiennent pas à sa classe, de se mettre deux capuchons dans le nez. Le petit, qualifié de "forte tête" se serait alors exécuté, sourire aux lèvres. La maitresse, sans doute à bout, aurait sorti son téléphone portable pour immortaliser cette victoire et l'envoyer à ses parents, publie le Parisien.

Quelles punitions peuvent être données ?

Des faits similaires se produisent tous les jours dans de nombreuses écoles. Pourtant, si tout ne peut pas être réglementé ni une "punition" définie à l'avance, de tels actes suscitent l'exaspération. Ainsi, il n'est pas autorisé de mettre les élèves au coin sans surveillance. Sont également interdites les punitions corporelles ou encore la privation de la totalité de la récréation. Enfin, au collège et au lycée, les lignes et le zéro pointé sont prohibés.

De la même façon, "les punitions infligées doivent respecter la personne de l'élève et sa dignité : sont proscrites en conséquence toutes les formes de violence physique ou verbale, toute attitude humiliante, vexatoire ou dégradante à l'égard des élèves" rappelle le Bulletin de l'Éducation Nationale. En cas de tels comportements, les parents peuvent avertir le directeur et, si cela est récurrent, une enquête peut être ouverte.

La punition a pour objectif de modifier un comportement. Si elle est prise au second degré par l'enfant, elle n'aura aucun autre effet qu'aggraver la situation. Elle doit donc s'adapter à l'élève en question et à la situation donnée, afin qu'elle ait un véritable sens et un impact réel, expliquent certains professeurs pour France Info. Cependant, le but n'est pas d'humilier l'enfant en lui faisant une punition personnelle, mais deux élèves ne verront pas la même importance dans le recopiage de lignes ou le manquement partiel de la récréation. Aussi, d'autres instituteurs privilégient des mini dissertations afin de pousser l'élève à réfléchir sur ses actes. Certains mettent un mot aux parents ou retiennent l'élève en colle.

Comment un instituteur devrait-il agir ?

Vincent Breton, ancien instituteur qui s'est reconverti dans l'inspection à l'Éducation Nationale, donne quelques conseils sur son site, la classe interactive. Selon lui :

- l'instituteur ne doit pas considérer l'élève comme unadulte. Par exemple, plutôt que de sanctionner un élève qui parle, l'obliger à ne pas écouter la leçon "car elle est très importante", le pousserait à se concentrer : esprit de contradiction des fortes têtes oblige ;

- le professeur ne doit pas empiéter sur le rôle des parents. Face à un échec lors d'un devoir, le gronder ne servirait à rien car cela réduit le professeur à une sorte d'inquisiteur et de juge alors qu'il devrait être le messager ou l'avocat. Il faudrait donc lui mettre la note qui reflète le devoir (pour ne pas créer ainsi de jalousie), puis l'aider à apprendre et à comprendre. Sa punition sera alors de devoir travailler alors que ses camarades feront une autre activité. Punition en soi, qui pourtant l'aidera ;

- le professeur ne doit pas oublier qu'il est un modèle. Un instituteur ayant cru bon de fixer sur le front d'une fillette de 10 ans un bout de papier à l'aide d'un tube de colle a provoqué un véritable esprit d'équipe des petits camarades : ceux-ci se sont permis de réitérer l'exercice. Humiliée, la petite ne pouvait pas se plaindre, son professeur ayant ouvert la marche. Moralité : si le professeur humilie, tape ou hurle, il y a de fortes chances que l'élève soit tenté de faire la même chose ;

- enfin, le professeur ne doit pas abuser de son autorité. Une punition collective est souvent une mauvaise idée : les élèves peuvent se liguer contre le professeur, ou contre le responsable. Dans les deux cas, c'est une injustice qui pousse à la dénonciation et à la frustration, en aucun cas pédagogique et certainement pas formatrice : c'est le reflet véritable d'un pouvoir mal utilisé.

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