Déplacer les icebergs à travers la planète pour alimenter en eau les populations dans le besoin, un rêve vieux d'un demi-siècle qui s'est transformé en projet réalisable. Des montagnes de glace et des quantités inimaginables d'eau non utilisée, sont disponibles dans le monde. Mais encore faut-il pouvoir les déplacer. Un projet impossible ou presque. À moins, toutefois, d'y consacrer 40 ans de sa vie comme Georges Mougin.
Ingénieur français, Georges Mougin travaille sur le remorquage d'icebergs depuis 40 ans. À force de persévérance, cette idée un peu folle s'est peu à peu transformée en véritable projet réalisable, baptisé Ice Dream.
1 milliard de personnes n'a pas accès à l'eau potable
L'objectif du projet : dévier des icebergs dans les eaux internationales afin d'apporter de l'eau aux pays en situation critique de pénurie. Selon les données des Nations Unies, tous les pays du Nord et de l'Est de l'Afrique, d'Orient jusqu'à la Chine, ne disposent pas d'assez d'eau voire sont en pénurie ou sécheresse. Ils pourraient donc bénéficier du passage de l'iceberg, tout comme certains pays d'Amérique du Sud comme du Nord: c'est le cas du Pérou, du Chili ou de la Bolivie, complètement enclavée. Quelques états comme la Californie, grand désert américain, ou encore l'Australie, qui connait aussi des sécheresses, pourraient aussi en profiter.
Aujourd'hui dans le monde, 1,6 milliard de personnes sont en pénurie d'eau douce à cause d'infrastructures insuffisantes qui les empêchent de dévier les rivières ou pomper les nappes phréatiques. En 2008, la pénurie d'eau touchait 700 millions de personnes réparties dans 43 pays. Aujourd'hui, c'est un milliard de personne qui n'ont pas accès à l'eau potable. Cela engendre maladies, malnutrition, déshydratation et de nombreuses conséquences sur la santé. D'ici 15 ans, on estime que presque 2 milliards de personnes vivront dans des zones touchées par une pénurie d'eau.
Un iceberg de 7 millions de tonnes peut fournir de l'eau pure à 35 000 personnes pendant un an. Or, on estime les réserves d'icebergs entre 300 milliards de tonnes et 500 milliards. En d'autres termes, des réserves amplement suffisantes pour satisfaire de nombreux pays. C'est pourquoi Mougin n'a jamais abandonné son idée. Et, pour démontrer sa faisabilité technique, il s'est entouré d'experts du monde entier.
L'iceberg serait ramené au filet
Ces experts étaient reliés au projet par une importante plateforme sociale numérique dédiée, à travers laquelle ils pouvaient travailler les uns avec les autres. Aussi, des experts dans les domaines de l'océanographie physique, la météorologie, la glaciologie, l'ingénierie ou encore l'informatique, ont fusionné leur intellect pour trouver une solution. À l'aide d'outils informatiques complexes, les données de chacun étaient combinées à celles des autres, modifiant ainsi peu à peu le projet, étape par étape.
Grâce à la participation de Dassault Systèmes, des simulations en 3D ont pu être élaborées, de manière complexe et extrêmement précise, avec les véritables données de chaque domaine : les conditions météo et leurs conséquences sur l'environnement, le voyage, le bateau… Leurs simulations "en immersion" (comme s'ils y étaient) sont par ailleurs disponibles en vidéo ici.
Ainsi, de nombreux scénarios ont été réalisés, en immersion, prouvant qu'une idée, même folle, n'est pas impossible pour autant. Pour s'y prendre, ils passeraient un filet sous l'iceberg et se serviraient ensuite des courants marins pour le faire dériver. Pour la première fois, le projet est réalisable et les coûts financiers raisonnables.
Cependant, l'aspect écologique n'ayant pas encore été évoqué à ce stade du projet, il faudra attendre l'avis d'experts pour savoir si le déplacement d'icebergs est susceptible de provoquer des dommages environnementaux et, si c'est le cas, dans quelle mesure.
Disponibilité d'eau douce dans le monde, par personne et par an (en mètre cube)
Sources : 3ds.com ; un.org