À en croire un rapport rendu jeudi 28 mars à la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, les clichés garçons-filles se développeraient dès le plus jeune âge, même avant l'entrée à l'école. À la crèche, les jeux et activités sélectionnés joueraient ainsi un rôle central dans la différenciation des sexes.
Jouets, jeux, comptines… pour Brigitte Grésy et Philippe Georges, membres de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) – chargés depuis l'été dernier d'une mission sur l'accueil collectif des enfants de moins de trois ans par la ministre des Droits des femmes -, les métiers de la petite enfance sont déjà très entachés par la division sexuelle. Ainsi, dans leur rapport, les deux auteurs constatent que les petites filles sont bien souvent moins incitées et encouragées dans les activités collectives.
Leur apparence fait à l'inverse l'objet d'une attention toute particulière de la part des adultes. Contribuant à diviser un peu plus les enfants de sexe différent, l'accent est également souvent mis sur les préoccupations pour les activités physiques pour les garçons. De même, élément important, l'enquête révèle que les professionnels interrompent beaucoup plus couramment les filles que les garçons.
Des stimuli interférant sur la construction des identités
Au-delà de l'influence des professionnels sur la représentation des enfants, les jouets utilisés notamment dans les crèches renvoient aussi à un monde binaire séparant encore un peu plus les filles des garçons. Pour preuve, les jouets des garçons sont à la fois plus nombreux et diversifiés tout en étant tournés vers l'extérieur alors que ceux des filles se limitent dans la plupart des cas aux activités domestiques et maternelles. En outre, ces jouets sous-tendent des aptitudes opposées : verbales pour les filles et plutôt scientifiques et mathématiques pour les garçons.
Ces clichés n'épargnent pas non plus la littérature enfantine, au sein de laquelle pas moins de 78 % des couvertures de livre représentent un personnage masculin dont aucun élément particulier ne vient définir le genre. À l'opposé, chaque personnage féminin est invariablement paré d'un attribut censé être propre à leur sexe : c'est le cas des coiffures comme des vêtements.
Désireux de parvenir à sensibiliser à l'égalité entre les filles et les garçons dès le plus jeune âge, Brigitte Grésy et Philippe Georges recommandent en conclusion de leur rapport de mettre en place un kit de sensibilisation commun à l'ensemble des crèches. Un dispositif qui pourrait par ailleurs s'intégrer dans les formations des personnels de la petite enfance.
Sources : Igas, Libération