L'idée peut sembler saugrenue, et pourtant : comme le rapporte le magazine Global Post, des universités polonaises et ukrainiennes s'essaieraient actuellement à un mode de fonctionnement peu commun : remplacer le mémoire de thèse des étudiants par un article Wikipédia.
En quelques mois, pas moins de 23 nouveaux articles ou compléments à des articles préexistants ont été publiés par les étudiants de l'institut polytechnique de Kharkiv (Ukraine) sur Wikipédia Ukraine. Mais ce n'est pas tout, comme le révèle sur son site internet le magazine Global Post : à la faculté de médecine de Poznan en Pologne, les enseignants comptent remplacer purement et simplement le mémoire de thèse des étudiants par l'obligation d'écrire des articles sur Wikipédia. Une façon d'élargir la diffusion d'un mémoire de thèse que personne le lit jamais ?
Non, répond le professeur Zbigniew Krasinski, qui explique que ces travaux de thèse – dont il juge la contribution limitée sur le plan de la recherche – occupent en réalité une place colossale dans les archives de la faculté. Néanmoins, une telle pratique ne s'appliquerait qu'à un certain nombre de disciplines telles que le droit, la médecine ou encore les sciences exactes. S'agissant des sciences humaines et sociales, un étudiant en doctorat de Poznan estime par exemple que les articles et essais traditionnels sont en réalité bien plus adaptés au développement intellectuel.
La communauté Wikipédia s'ennuie ferme
Il y a deux ans, Wikipédia a mis en place un programme éducatif consistant à amener les enseignants à créer ou améliorer par leurs élèves les pages de l'encyclopédie en ligne. Même si Wikipédia fait encore l'objet de nombreuses critiques depuis sa création, notamment en ce qui concerne sa partialité et ses approximations, les universitaires des pays de l'est sont également nombreux à estimer que la publication de travaux sur le site pourrait développer la communauté scientifique, en diffusant notamment des travaux auprès du grand public.
D'autre part, ce vent de fraicheur pourrait progressivement réveiller la communauté "wikipédienne", qui – comme le soulignait en octobre dernier The Atlantic – commence sérieusement à s'ennuyer depuis qu'une majorité du spectre de savoir humain a été traité. Une façon, donc, de redonner du grain à moudre à la communauté de contributeurs qui n'a aujourd'hui plus grand-chose à écrire. Voyez par vous-même : comme le faisait remarquer le blog du Smithsonianmag, les archives de Wikipédia sont tellement complètes que les sujets les plus incongrus font l'objet d'un article.
C'est notamment le cas du plus petit gratte-ciel du monde, de Mike le poulet sans tête ou encore de la liste des endroits les moins habités de la planète. Du haut niveau.
Sources : Global Post, The Atlantic, Smithsonianmag, Wikipédia