Et si on liait l’utile à l’agréable ? On est bien souvent stressé dans la cohue de la ville, la faute aux bruits incessants des voitures et du tumulte des grandes villes. Bien que ces désagréments nous soient pénibles au quotidien, ils pourraient bien s’avérer utiles. Un groupe de chercheurs français aurait en effet songé à l’idée d’un gratte-ciel qui transforme le bruit absorbé en électricité.
À l'inverse des bruits qui nous insupportent, cette découverte que rapporte le Parisien fait plaisir à entendre. Alors que la plupart des Français considèrent le bruit comme étant la nuisance principale en ville, bien loin devant la pollution ou les logements insalubres, ce projet imaginé par des chercheurs pourrait changer notre vision du bruit.
Récompensé par le concours d’eVolo, une revue sur l’architecture et le design, le groupe de chercheurs français avait alors lancé le projet d’une tour productrice d’électricité grâce au bruit.
Quand le bruit devient une source d’énergie
Avant de parler de tour ou d’énergie, il faut savoir que le bruit provoque des ondes sonores. Or, ces vibrations produites sont sources d’énergies exploitables. L’intérêt pour la science envers ce domaine n’est pas tout neuf. D’autres études ont été utiles aux chercheurs français pour mener à bien leur projet.
Pour absorber l’énergie des ondes sonores, il faut maîtriser le mécanisme des matériaux dits "piézoélectriques". Lorsqu’ils sont déformés par les vibrations d’un son : les matériaux se chargent en électricité. Une équipe de chercheurs américains du Michigan avait par exemple mis au point des mini-générateurs fonctionnant de cette manière en 2010. Un seul générateur pouvait alors produire près de 500 microwatts.
Le gratte-ciel qui absorbait le son
En se basant sur cette idée américaine, l’équipe de chercheurs, composée de Julien Bourgeois, Olivier Colliez, Savinien de Pizzol, Cédric Dounval et Romain Groussel, a eu l’idée d’une tour productrice d’électricité.
Le gratte-ciel haut d’une centaine de mètres serait entouré de mini-capteurs piézoélectriques. De quoi faire de ce skyscraper (gratte-ciel en Anglais) un "Soundscraper" ("gratte-son"). La tour fonctionne grâce à des cils, comportant des capteurs piézoélectriques, implantés dans sa structure métallique. Ces derniers permettent ainsi de capter les nuisances sonores et les transformer en énergie.
En tout, la tour imaginaire comprendrait 840 000 capteurs, permettant ainsi de produire 150 mégaWatts par heure. "Soit 10 % de l’éclairage public d’une ville comme Los Angeles", explique le chercheur Cédric Dounval. Résultat : le bruit pourrait-il devenir la future source d’énergie dans les années à venir ?
À quand de telles tours dans notre paysage urbain ?
Comme le rapporte Le Parisien, s'appuyant sur les déclarations de la chercheuse Guylaine Poulin-Vittrant l’espoir de voir ce projet performant se démocratiser n’est pas impossible. Mais il faudra attendre de meilleures innovations en ce qui concerne les capteurs piézoélectriques.
En attendant de voir de telles tours se dessiner dans nos agglomérations, le son est toujours utile à des échelles plus moindres. Par exemple, utiliser le bruit pour recharger la batterie de son portable grâce au son du locuteur a déjà été mis au point en Corée du Sud. Mais pour cela, il faudrait hurler dans le combiné pour de vrais résultats, l’énergie d’une voix normale étant captée faiblement.
D'ici là, et afin de préserver vos cordes vocales, vous pouvez toujours penser à recharger votre smartphone grâce à l’eau ou encore au feu. À vous de voir…
Sources : Le Parisien ; eVolo.us