Alors que certains humains font le pas vers la cyber transformation, les machines elles, s'humanisent de plus en plus. La voiture des années 2 000 sonne, bipe, parle. Elle refuse de démarrer dans certains cas, vous prévient si vous allez trop vite, ou ralentit si elle le juge nécessaire. Elle vous rappelle qu'il est "plus prudent de faire une pause de 10 minutes toutes les deux heures", et rythment votre quotidien de conseils, suggestions et initiatives variées. Mais cette voiture parlante, hier moderne, a déjà sa place dans un musée : une fois encore, le tentaculaire Google prend une longueur d'avance en donnant une nouvelle définition à la voiture. Aujourd'hui plus que jamais, les "véhicules" sont à distinguer de la vraie "automobile", qui se passe volontiers de chauffeur.
"Auto-mobile" ou "ce qui se déplace tout seul" est le dernier projet à l'initiative de Google, repris par Toyota, Ford, Audi et Volkswagen, séduits du concept. En effet, Google n'étant pas constructeur de voiture, il doit vendre son produit aux concernés qui l'adaptent ensuite à leurs véhicules. Pour rouler sans l'aide d'un humain, les prototypes sont équipés d'un radar, d'une caméra, d'un GPS, de capteurs sensoriels et d'un Lidar (une technologie laser), le tout relié à une mémoire interne immédiate.
Les radars indiquent au système intégré la trajectoire de la route et les règles de circulation de chaque tronçon emprunté afin qu'elle y adapte sa conduite et sa vitesse. Le GPS sert pour la géolocalisation et guide la voiture. Les informations du GPS sont traduites en direction par les capteurs placés sur les roues motrices, qui pilotent la voiture. Tout est pensé pour remplacer complètement l'être humain, jusqu'aux réflexes, avec la technologie du Lidar. Le Lidar (Light detection and ranging) sorte de laser à 360° dont le but est de détecter les obstacles qui peuvent entraver la route, traduit le temps de retour du faisceau lumineux en distance. Autrement dit, si un piéton traverse, le temps de retour du laser est modifié et la voiture s'adapte. Enfin, la caméra enregistre le chemin parcouru et le transmet à la base de données Google. Ces technologies reproduisent la conduite d'un être ayant une meilleure acuité visuelle, un plus grand respect du code de la route, de meilleurs réflexes et une mémoire plus efficace que l'humain le plus évolué.
Dans un futur proche, peut-être sera-t-il mis à disposition des transports en commun citadins, sur zones aménagées du même types que celles des tramways qui eux aussi se passent de conducteur, ou révolutionneront l'industrie du taxi, et peut-être même du permis de conduire…
Les robots dans la circulation
Les Etats-Unis ont pour l'instant refusé la mise en circulation des voitures autonomes. Google a obtenu sa licence en mars 2012, ayant parcouru plusieurs milliers de kilomètres en circuits fermé, et a pu mettre sa voiture prototype à l'essai dans l'Etat du Nevada. Sur les 500 000 kilomètres parcourus, aucun accident n'a été enregistré. Or, si cela garantit la viabilité du concept et l'aboutissement du programme, cela n'est pas suffisant pour le commercialiser. Pour ce faire, les constructeurs automobiles doivent obtenir leur propre licence prouvant l'aptitude de la voiture à rouler en ville avec le système autonome. Cette licence s'obtient en présentant un dossier conséquent et après avoir parcouru 16 000 km consécutifs, sans accident en situation réelle (circulation). Pour obtenir le droit de se mêler à la circulation, les constructeurs doivent prouver la stabilité de leur prototype sur parcours fermés.
La Volkswogen Passat, de chez Continental, obtient fin 2012 le droit de circuler au Nevada, ayant parcouru 25 000 km sur circuit, et répondant aux exigences de sécurité de cet Etat. En janvier 2013, Audi obtient à son tour sa licence de circulation, et marque l'histoire auto en se plaçant 3e d'une liste vouée à s'allonger. Pour Audi, la situation est un peu particulière : l'idée d'une "conduite assistée" plutôt qu'une "voiture autonome" est mise en avant. Ainsi, le système Google est utilisé pour pallier à l'ennui du conducteur lorsqu'il effectue un voyage contraignant de monotonie, et a donc pour vocation actuelle son remplacement dans certains lieux définis. La technologie "sans chauffeur" est intégrée dans le pilotage automatique, plus sensible et plus "intelligent", mais nécessitant un humain derrière le volant.
La commercialisation pour bientot ?
Le géant du web pense à commercialiser son nouveau jouet d'ici 2016. Cependant, la National Highway Transportation Safety Administration (NHTSA), organisme américain chargé de la sécurité routière, prévoit sa démocratisation à partir 2020, au plus tôt, et table plutôt sur 2025. En effet, si le projet est bien huilé, il n'en résulte pas moins qu'il s'agit de prototypes mis en situation dans des conditions très favorables à une conduite fluide. De plus, la législation n'est pas encore prête à accueillir ces engins. Imaginez, vous avez une Peugeot équipée du système Google Car et vous avez un accident. Qui est le responsable ? Peugeot, Google, ou vous ? Mais surtout, aura-t-on besoin du permis de conduire pour emprunter ces véhicules qui ne se conduisent pas ? Et pour les acheter ?