Les ordinateurs ont envahi notre espace professionnel et personnel, et on mesure parfois mal les risques qui découlent de cet état de fait. Mais les espionnages à la webcam sont malheureusement de plus en plus répandus, avec des conséquences parfois tragiques. Ces quelques conseils vous permettront de vous prémunir contre d'éventuelles menaces.
Les réseaux sociaux ont vu naître une nouvelle forme de délinquance, qui s'est développée de façon exponentielle, surtout dans des pays où les moyens de l'Etat et de la police ne permettent pas de traquer et de poursuivre les auteurs de ces infractions. Arnaque, escroquerie et chantage sont des facettes de cette triste réalité, mais le principal danger est le vol d'informations personnelles et la capture à votre insu d'images filmées par votre webcam. En effet, l'activation à distance d'une webcam est possible, même si cette opération requiert un minimum de connaissances en informatique. La capture d'images à votre insu comporte un risque réel : vous pouvez vous retrouver dépossédé de vos codes et identifiants personnels, et même voir votre identité usurpée !
Quand on installe une webcam, il faut toujours vérifier si un programme tiers n'est pas associé aux pilotes. Sinon, gare aux mauvais tours : cette webcam peut devenir, à votre insu, une caméra de surveillance et d'espionnage. Avec un logiciel de capture de vidéo, une personne mal intentionnée peut enregistrer ce qu'il se passe derrière votre écran, et avec un programme comme fake webcam par exemple, elle peut se faire passer pour vous auprès d'autre personne ! Elle peut aussi entrer en contact avec vous afin de récupérer vos identifiants et mots de passe pour accéder ensuite à vos profils personnels sur les réseaux sociaux, les sites commerciaux et surtout, sur les sites institutionnels. Enfin, certaines personnes font usage de vidéos de "charme" volées pour vous extorquer des images compromettantes, après quoi elles exercent un chantage en vous menaçant de les diffuser auprès de vos connaissances et en public.
Des failles de sécurité partout : impossible d'être à 100 % protégé
Même s'il est possible de se prémunir contre les attaques informatiques, la défense parfaite n'existe pas : il est toujours possible de pirater une machine, à partir du moment où elle est connectée à un réseau ouvert. Votre ordinateur (et la webcam qui y est associée, qu'elle soit intégrée comme sur un iPhone ou sur la plupart des portables, ou ajoutée exprès) est donc potentiellement un espion dans votre espace privé. Ce qui ne veut pas dire que vous êtes obligé de le tourner vers un mur, ou de le recouvrir d'une épaisse toile opaque dès que vous voulez de l'intimité. Il existe d'autres solutions, avec chacune leurs avantages et leurs inconvénients.
Les anti-virus, un fondamental trop souvent négligé
Déjà installés sur les ordinateurs personnels et professionnels, qu'il s'agisse de PC ou de Macs, les anti-virus d'origine sont en général assez puissants et capables de détecter une intrusion dans votre système et l'installation de programmes non autorisés (comme le pilote qui permet de diriger votre webcam depuis un autre poste). Cependant, il faut les mettre à jour régulièrement (sans mise à jour, l'anti-virus ne peut détecter les nouvelles menaces) et même alors, les hackers se font un plaisir de trouver la faille dans chaque nouvelle version. Bien sûr, si vous n'êtes pas satisfait avec votre anti-virus, vous pouvez toujours télécharger Avast ou Kasperky, qui sont de très bons programmes.
Les pare-feux : un blindage qui peut s'avérer lourd
Autre système de défense, le Firewall (pare-feu) est parfois déjà installé, mais il faut souvent le configurer soi-même (par exemple, quand on ne peut plus recevoir ses mails à cause d'un pare-feu, c'est qu'il a été configuré sans tenir compte de l'activité normale de l'utilisateur). Il y a différents types de Firewall, selon le système d'exploitation de l'ordinateur que vous souhaitez protéger : Virus Barrier pour MacOSX , iSafer, pour Windows et IPFire, pour les utilisateurs de Linux… Le pare-feu vous protège contre tout type d'intrusion mais pas contre les personnes ou les programmes que vous aurez autorisés, donc méfiez-vous de ce que vous acceptez (invitation, fichier, programme, lien, document…) car certains peuvent être ce que les hackers appellent un "Trojan" (un programme qui permet à un tiers de s'introduire et de prendre le contrôle de votre ordinateur).
Comment se cacher même des meilleurs hackers ?
Vous l'avez compris, il n'existe pas de solution informatique fiable à 100 % pour vous prémunir contre une atteinte à votre vie privée, utilisant vos appareils connectés pour s'introduire dans votre espace personnel. Si vous utilisez une webcam externe, vous pouvez la débrancher ou la tourner vers un mur, mais les ordinateurs portables aujourd'hui ont tous une webcam intégrée. La solution non-technologique et préhistorique consistant à coller un post-it devant l'œil de la caméra quand vous ne l'utilisez pas est non seulement la plus radicale mais aussi la seule qu'aucun hacker, aussi doué soit-il, ne peut contourner. En tout cas, la webcam (et l'éventuel voyeur-hackeur-escroc qui est derrière) ne peut rien contre un obstacle physique la voilant, et devient aussitôt inoffensive.
Reste le micro, qui est lui aussi de plus en plus souvent intégré. Là aussi, une solution barbare fonctionne assez bien : branchez une prise jack qui ne débouche sur rien (par exemple une paire d'écouteurs qui ne fonctionne plus) sur l'entrée qui correspond au micro externe (en général, à coté de la prise de sortie audio, pour les écouteurs ou les enceintes) pour désactiver le micro intégré. Un intrus très doué pourrait le réactiver mais cela suppose un degré de maîtrise très élevé et contrairement aux idées reçues, les hackers qui tentent de vous espionner ne sont pas des génies en informatique.
Une menace sérieuse, mais à relativiser : les arnaqueurs ne sont pas tous des génies
Le risque d'être espionné par des malfaiteurs existe, il est bien réel et malheureusement on constate régulièrement des faits qui se terminent en drame. Mais il ne faut pas surestimer le pouvoir des cybercriminels. Beaucoup d'escrocs utilisent pour leurs arnaques des solutions clé-en-main trouvées sur des sites consacrés à ce type d'activités illégales, et ne sont pas - loin s'en faut - de brillants programmateurs. Les malfaiteurs qui sévissent sur le web sont des escrocs sans pitié ni remords, mais sans réelles ressources non plus : il suffit d'être prudent quand on parle avec un inconnu et d'être très critique vis-à-vis de tout ce qu'on voit sur Internet, même quand ça semble réel (factures, mails à en-tête de votre banque ou de votre fournisseur d'énergie…). Ne donnez jamais vos noms, prénoms, adresse ou n° de téléphone à quelqu'un que vous ne connaissez pas ou que vous n'avez jamais rencontré personnellement. Depuis avril 2009, 953 vidéos faites par des escrocs ont été signalées et supprimées de Youtube et on ignore combien n'ont pas encore été trouvées et combien de victimes n'en ont pas parlé.
Sources : Slate, Comment ça marche, Korben