Les hiboux et les chouettes
Publié le - Mis à jour leDes liens de parenté évidents
Hiboux et chouettes sont des rapaces nocturnes de la famille des strigidés.
Sans inclure la chouette effraie (qui se singularise en étant un membre de la famille des tytonidés), la famille des strigidés compte 215 représentants dans le monde. En France, toutes chouettes et tous hiboux confondus, on peut en rencontrer, avec les oiseaux rares ou égarés, environ une dizaine d'espèces. Si ce n'est la présence d'oreilles chez les hiboux il n'y a pas de différences fondamentales entre les chouettes et les hiboux au point que nombre de langue en ce monde les désignent sous un seul et même vocable : en allemand ils sont tous les deux "Eule", en anglais owl.
Du petit au plus grand, ils ont une gamme de proies qui correspond à l'éventail de leurs capacités mais toutes ont en commun d'avoir été chassées et tuées la nuit ou au crépuscule. Il n'y a pas de rapaces nocturnes charognards en France.
Le plus petit des strigidés en France est la Chouette chevêchette. Avec ses 60 gr et ses 35 cm d'envergure, elle est 33 fois moins lourde et 5 fois moins large que son cousin le grand-duc qui domine la famille avec ses 2 kg et son envergure de 190 cm.
Adaptation à la chasse nocturne : la vue
Les yeux sont pourvus d'une grande quantité de bâtonnets à carotène (50 000 au mm² chez la hulotte qui a des globes oculaires plus gros que les globes humains) qui confèrent une exceptionnelle vision nocturne et une sensibilité à la lumière 100 fois supérieure à la nôtre.
Le champ de vision en lui-même est relativement restreint. Il est environ de 150° avec 60° de vision binoculaire qui permet une perception en relief. La petitesse du champ pourrait être un handicap s'il n'était pas pallié par une étonnante mobilité de la tête sur 270°.
En cas de lumière subite et intense la pupille se diaphragme sur l'instant. Chaque oeil est indépendant de l'autre.
Il ne reste plus beaucoup de place dans cet iris pour les cônes, aussi ces oiseaux distinguent mal les couleurs. Leur vision rapprochée n'est pas très performante mais des vibrisses situées autour du bec (des moustaches tactiles) les aident à combattre cette presbytie.
L'ouïe
Ces oiseaux n'ont pas de pavillons externes à proprement parler. On appelle à tort, oreilles, les aigrettes qui ornent la tête des hiboux.
La gamme de sons perçus est très large. Elle va des sons suraigus émis par les micro-mammifères aux tonalités très basses des nocturnes eux-mêmes.
Les sons sont canalisés vers les conduits auditifs par les disques faciaux qui grâce à l'orientation et à la texture de leurs plumes peuvent aller chercher ceux qui viennent de derrière et les renvoyer vers l'oreille interne. Ainsi c'est presque toute la tête de l'oiseau qui agit comme un pavillon auditif externe.
Certains de ces chasseurs nocturnes ont une asymétrie entre les deux oreilles. Ils peuvent ainsi repérer l'origine des sons.
Le vol
Le vol de ces oiseaux est rendu particulièrement discret grâce à un plumage lui aussi adapté au silence de la nuit. Les ailes portent sur leurs grandes plumes des barbes raides et espacées qui rendent silencieux le flux d'air déplacé. La partie supérieure des plumes a une texture velouteuse qui semble restreindre l'émission des bruissements d'ailes.
Les rapaces nocturnes qui sont étonnamment légers, ont une surface de voilure très grande qui leurs confère la possibilité de planer longtemps sans même à avoir à se servir de l'aérologie.
Les habitudes alimentaires
Ils chassent au son et à la vue. Suivant leurs tailles, les proies vont de l'insecte pour la chevêchette au chevreau de chamois et au jeune renard pour le grand-duc. Jamais de charogne, toujours du frais tué au cours de billebaudes nocturnes.
Les proies sont souvent ingérées entières et vivantes si leur taille le permet. Stockées dans le gésier les victimes sont digérées par des sucs digestifs qui ne dissolvent que certains éléments assimilables. Les restes sont régurgités par le bec deux fois par jour sous forme de pelotes. Ces pelotes remplies de poils et d'os facilement identifiables sont d'excellents indicateurs de la faune sauvage environnante.
Les petits rongeurs (mulots, campagnols) forment la base du régime alimentaire. Mais ces oiseaux savent tirer parti de leurs rencontres et capturer des vers de terre, des batraciens, des reptiles, des oiseaux, des poissons, des insectes et des mammifères adultes ou juvéniles.
L'univers vocal
Sans doute parce qu'ils vivent dans la relative obscurité de la nuit, chouettes et hiboux ont des relations particulièrement développées avec le monde sonore.
La gamme des sons est vaste : hululement (ou ululements, les dictionnaires admettent les deux orthographes), chuintements (pour les effraies), claquements de becs (pour les jeunes moyens-ducs). Les chants, répétés à intervalles réguliers, sont les chants territoriaux des mâles. La diphtongue "ou" est la plus utilisée et est audible parfois à plus de 3 kilomètres. La stance composée de ces "ou" et de silence semble être identique au principe de l'alphabet morse. Elle permet aux oiseaux d'avoir un vocabulaire relativement riche.
La chouette effraie est un représentant de la famille des tytonidés. Cette famille tient son nom de l'onomatopée de son cri "touto" qui donna tuto qui en grec veut dire chouette.
Les chouettes et les hiboux ont des périodes sans activités vocales. Dans le centre de la France, que je fréquente assidument, il est très rare que je les entende de mai à juillet.
Les risques de confusion
Avec les miaulements d'un matou en amour. Il semble que ces cris soient le fait des femelles, c'est eux qui valent aux hulottes le surnom de chats-huants.
Si vous croyez entendre une hulotte, il se peut que vous ayez à faire à un geai qui adore les imiter ou même encore à un nostalgique des guerres vendéennes qui s'entraine au cri de ralliement.
Si vous croyez avoir à faire à un moyen-duc, il se peut que vous soyez en présence d'un crapaud calamite. Outre la mauvaise réputation, ils ont en commun le même chant fluté et mélancolique.
Les prédateurs des chouettes et des hiboux
Les nids (oeufs et oisillons) peuvent être pillés par les fouines ou les martres, les geais, les pies et les corneilles ainsi que les rats.
Adultes, ils sont victimes, suivant leurs tailles, des rapaces diurnes ou nocturnes, des corneilles.
Le grand-duc est souvent un prédateur des chouettes hulottes.
Les principales causes de mortalité sont dues aux conditions climatiques qui induisent une raréfaction des proies (hivers très froids qui déciment les populations de rongeurs) et surtout aux difficiles rapports avec les hommes et le monde moderne.
Où et comment rencontrer les chouettes et les hiboux ?
Quand est-il de la rencontre entre l'Homme et les chouettes ou les hiboux ? Un petit secret d'abord, il est relativement facile de faire venir à vous les chouettes en les appelant comme vous appelleriez votre chien.
Cette méthode est efficace pour leurrer les jeunes oiseaux qui commencent à prendre leur indépendance au début de l'été. Elle est identique à la "pipée" que les gardes utilisaient pour attirer les renards. Elle consiste à imiter les chuintements que font les petits rongeurs. Ainsi reproduits, ces cris font croire à la présence d'une proie et excitent l'intérêt des prédateurs. Sans être un grand "pipeur", il m'est arrivé de faire venir au-dessus de ma tête des effraies ou des hulottes. Il suffit pour cela d'embrasser bruyamment et calmement sa main et d'attendre patiemment. Aux grincheux qui ne manqueront pas de dire que j'incite ainsi les gens à déranger l'ordonnancement naturel je répondrais que ces petites entorses aux règlements sont bien anodines. Et qu'au contraire même elles jouent un rôle positif en familiarisant les profanes avec le monde sauvage. J'ajouterais également pour "ma défense" qu'il est rare qu'un oiseau se laisse leurrer deux fois.
Outre l'univers sonore qui révèle facilement la présence des chouettes et des hiboux, il est fréquent de trouver des indices visuels de leur présence.
Indices de présence
Les fientes qui sont de grandes tâches blanches qui maculent le sol des granges et des garages.
Les pelotes de réjections qui sont des boules compactes noires et sèches contenant les restes non digérés par l'oiseau. Elles sont régurgitées par le bec et sont formées d'un amalgame serré de poils de plumes et de petits os.
Les nids, eux, ne sont pas facilement visibles. Ils sont le plus souvent dans un trou d'arbre ou de mur. Le moyen-duc qui niche dans un vieux nid de corneille et le hibou des marais qui niche au sol sont plus facilement repérables.
Pour voir et entendre des chouettes et des hiboux, il existe des sorties organisées par des associations spécialisées, parcs régionaux et Ligue Pour la Protection des Oiseaux (L.P.O) qui à chaque printemps donne la possibilité de participer aux Nuits de la Chouette.