La classe des céphalopodes
La pieuvre est un mollusque céphalopode octopode. Cela peut paraître compliqué mais c'est en fait très simple. Expliquons cette classification basée sur la hiérarchie des groupes taxonomiques.
L'embranchement des mollusques regroupe des invertébrés à corps mou, le plus souvent muni d'une coquille externe, à l'exception, justement, des céphalopodes. Au sein du groupe des mollusques, on trouve notamment les gastéropodes (escargots, bigorneaux, aplysies, etc.), les bivalves (la coque, l'huitre, le couteau, la moule, etc.), les polyplacophores (les différentes espèces de chitons), les céphalopodes (nautile, pieuvre, calmar, seiche, etc.), ainsi que quelques groupes d'importance moindre.
La pieuvre appartient donc à la classe des céphalopodes, animaux qui tiennent leur nom de leurs bras ou tentacules accolés à la tête. Chez ces animaux, l'évolution a transformé le pied d'origine, qui servait à ramper chez les mollusques primitifs, en organes préhensiles très performants.
On peut mémoriser trois groupes principaux au sein des céphalopodes :
- les nautiles, des céphalopodes primitifs à coquille enroulée externe,
- les octopoda (ou octopodiformes selon les auteurs, on peut simplement dire octopodes) c'est-à-dire les pieuvres,
- et les décapodiformes (on peut dire décapodes), les seiches et les calmars.
On retiendra que les nautiles ont des dizaines de bras, les octopodes ont 8 bras (d'où leur nom) et les décapodes montrent 8 bras et 2 tentacules.
La pieuvre la plus connue est celle de nos côtes, que l'on appelle également poulpe, mais il en existe bien d'autres. En tout, il existe plus de 300 espèces d'octopodiformes (sur les 700 espèces de céphalopodes), ce qui en fait groupe conséquent. Notre pieuvre, au sein des octopodiformes, appartient à la famille des octopodidés, la plus grande famille de pieuvres, à l'anatomie très homogène. On résume donc : la pieuvre appartient à l'embranchement des mollusques, à la classe des céphalopodes, à l'ordre des octopodiformes et à la famille des octopodidés.
Des coquillages qui n’ont pas de coquilles
Les principales caractéristiques qui différencient les pieuvres des autres céphalopodes sont l'absence totale de coquille (externe ou interne) et la présence de 8 bras. Les bras des pieuvres sont munis de ventouses, ils sont incroyablement efficaces dans la recherche des proies, les pieuvres se nourrissant essentiellement d'animaux capturés sur le fond.
Les bras ne sont pas seulement des organes de toucher, les ventouses possèdent des chimiorécepteurs, ce qui signifie que la pieuvre peut également goûter à l'aide de ses bras. Les bras amènent la proie vers la seule partie dure de l'animal, le bec corné, formé de chitine. Ce bec peut briser les carapaces des crustacés. Notons que si les bras peuvent s'étaler en étoile, ils restent regroupés dans le même axe lorsque l'animal se propulse vers l'arrière grâce à son siphon.
D’autres espèces de poulpes
Cirroteuthis muelleri :
Le Cirroteuthis muelleri mérite sans nul doute le détour. On rencontre cette espèce à grande profondeur, nageant en général près du fond. Pouvant atteindre 1,50 mètre, c'est déjà une espèce assez grande. Elle a perdu sa capacité à se propulser à l'aide de son siphon, mais nage grâce à ses deux larges nageoires de forme aplatie. Ses yeux sont fortement réduits, une adaptation à la vie en profondeur. Une autre caractéristique remarquable est la présence d'une membrane reliant les bras entre eux. L'animal, de couleur blanche, présente des mouvements élégants mis en valeur par la légèreté de cette membrane. L'ensemble rappelle immédiatement l'image d'un spectre. La consistance du corps est gélatineuse, c'est aussi le cas des espèces apparentées. La biologie de Cirroteuthis muelleri est très peu connue en raison des profondeurs presque inaccessibles caractérisant son habitat. On sait cependant que les oeufs sont de grande taille, armée d'une couche protectrice très dure et sont collés au substrat.
Haliphron atlanticus :
L'Haliphron atlanticus mérite une place toute particulière dans cet article, c'est la plus grande pieuvre connue. Le plus gros spécimen de cette pieuvre gélatineuse, et particulièrement rare, a été capturé en 2002 au large de la Nouvelle Zélande, à 920 mètres de profondeur. La longueur totale de l'animal est d'environ 3,50 mètres, ce qui laisse loin derrière les poulpes de nos côtes, et fait ressurgir le mythe de la pieuvre géante. On sait très peu de choses sur la biologie de cet animal, c'est pourquoi il n'existe pas d'estimation sur sa taille maximale. Le spécimen capturé en 2002 pesait 61 kilogrammes alors qu'il lui manquait des morceaux de bras. On estime son poids total à 75 kilos. Rien n'empêche d'envisager que des spécimens plus gros vivent dans les profondeurs abyssales.
Enteroctopus dofleini :
Cependant, l'Enteroctopus dofleini, est également en compétition pour le titre de la plus grande pieuvre. Cette espèce du Pacifique Nord est bien connue, et on sait qu'elle atteint couramment 20 kilos. Le record de poids pour cette pieuvre est de 71 kilos, tout près, donc, des 75 kilos estimés de Haliphron atlanticus. Néanmoins, des spécimens gigantesques de la pieuvre géante du Pacifique Nord ont été reportés, mais cela n'a jamais été documenté de façon satisfaisante. Si ces témoignages sont vrais, l'Enteroctopus dofleini pourrait atteindre 9 mètres d'envergure et dépasser 250 kilos, soit une pieuvre réellement énorme.
Vampyorteuthis infernalis :
Enfin, présentons une autre espèce surprenante : le Vampyorteuthis infernalis, seule représentante du groupe des Vampyromorpha, et dont le nom inquiétant n'est pas usurpé. Petit (13 centimètres maximum), c'est néanmoins un animal impressionnant. La consistance très gélatineuse évoque celle des méduses. La couleur rougeâtre résulte de la présence de chromatophores noirs et rouges, l'ensemble s'harmonise avec des yeux assez gros et bleuâtres. Malgré son corps gélatineux, l'animal peut nager assez rapidement grâce à ses nageoires. A la base de ces dernières, des photophores peuvent produire une lumière étonnamment brillante. L'extrémité des bras est également luminescente et peut générer par ses mouvements des effets de lumière complexes.
Les tentacules sont transformés en deux longs filaments dont le rôle est vraisemblablement tactile. Ils peuvent se rétracter. Les bras sont réunis par une membrane, ils sont déployés et vus d'en dessous, ils évoquent une toile d'araignée. Vampyorteuthis infernalis est extrêmement difficile à classer car certains caractères anatomiques suggèrent une relation de parenté avec les décapodiformes alors que d'autres plaident pour un rapprochement avec les octopodiformes. C'est cette dernière solution qui est en général admise, mais cette parenté douteuse augmente le mystère autour de cet animal à la morphologie inhabituelle.
Carte d’identité de la pieuvre
Classe: Céphalopodes
Ordre : Octopodiformes
Famille : Octopodidés
Nom : Octopus vulgaris.
Article réalisé par Arnaud Filleul.