Quand les scorpions vivaient dans la mer
De nos jours tous les scorpions sont des animaux terrestres et de petite taille. Il n'en a pas toujours été ainsi, des formes marines géantes de la famille des euryptéridés peuplaient les eaux voici 420 millions d'années.
Il y a 420 millions d'années, les arthropodes n'avaient pas effectué la sortie des eaux. Aucun des arachnides ou insectes qui pullulent de nos jours n'existaient au Silurien et l'ensemble des arthropodes (les animaux possédant un exosquelette articulé) étaient des animaux aquatiques. Leurs exosquelettes, formés de chitine, se fossilisent très bien et nous offrent de multiples témoignages de la richesse passée et de la diversité du groupe.
Les euriptéridés
Les euryptéridés font partie de ces groupes autrefois pléthoriques mais n'ayant plus aucun représentant actuel.
Dans les archives fossiles, on les rencontre depuis l'Ordovicien jusqu'au Permien, puis leur absence est totale.
De nombreuses espèces ont été décrites, venant de gisements fossilifères situés dans le monde entier. Le Canada, l'Allemagne, la Grande-Bretagne, et la France font partie des pays où de superbes spécimens ont été découverts.
Si les plus petites espèces n'atteignaient que 10 centimètres, les plus grandes affichaient 2 mètres, c'est-à-dire les plus grands arthropodes que la terre ait jamais portés.
On connaît plus de 300 espèces de ces animaux incroyables, et leur conservation est parfois si parfaite que leur anatomie externe est extrêmement bien connue.
Des scorpions qui ne sont pas des scorpions
C'est en raison de leur long abdomen replié, évoquant celui des scorpions actuels, qu'ils ont été dénommés scorpions de mer. Les recherches ultérieures ont confirmé la parenté avec les arachnides et le nom est resté. Les débats continuent cependant quant à la parenté exacte.
Ce ne sont pas des scorpions au sens strict car ils n'appartiennent pas, comme les scorpions actuels, au groupe des arachnides. Ce sont cependant de proches parents classés, comme les arachnides, dans le groupe plus inclusif des chélicérates. Ces animaux tirent leur nom de leur première paire d'appendices transformés en de puissants crochets pouvant saisir les proies, les chélicères. Mais certaines recherches récentes suggèrent même une parenté avec les scorpions encore plus proche qu'on ne l'avait pensé. Si leur évolution laisse toujours place à la discussion, la description détaillée de leur anatomie est maintenant possible.
Description des scorpions géants
Certaines espèces ont des chélicères extrêmement développées, transformées en de grandes pinces servant à la prédation alors que les pattes sont plutôt rudimentaires. D'autres au contraire ont de petites chélicères mais des pattes épineuses.
Comme chez tous les arthropodes, le corps est segmenté. La partie antérieure se nomme prosome. Le prosome porte sur le ventre les appendices, le dos se présente sous la forme d'une grande plaque ornée d'yeux composés de grande taille, les côtés sont soulignés par deux petits ocelles médians.
Il y a 6 paires d'appendices, la première étant les chélicères, avec leurs pinces caractéristiques (ces chélicères ne sont pas les homologues des pinces des scorpions actuels, chez ces derniers, c'est la deuxième paire d'appendices qui se transforme en pinces). En arrière du prosome, l'opisthosome porte 12 segments appelés tergites.
Postérieurement, le corps se termine par une expansion, pointue ou élargie selon les espèces, appelée telson.
Chez ces animaux, le telson n'est pas transformé en organe venimeux, les euryptéridés n'avaient pas de venin et diffèrent sur ce point des scorpions actuels.
L'anatomie interne demeure inconnue.
Même sans venin les scorpions géants étaient de redoutables prédateurs
Les Euryptéridés étaient sûrement les prédateurs les plus craints de leur époque.
Il est fort probable qu'aucun autre animal du silurien ne pouvait faire face à ces géants. Leur taille est d'ailleurs une adaptation à la vie de « super-prédateur ».
Plus le prédateurs est gros plus ses proies peuvent être grosses. Ils devaient ainsi pouvoir dominer et se nourrir des autres espèces d'arthropodes de leur environnement.
Si ces animaux étaient primitivement marins, certaines espèces étaient dulçaquicoles et il est même possible qu'elles aient pu sortir occasionnellement de l'eau. Elles compteraient dans ce cas parmi les premières formes animales à avoir touché la terre ferme.
Article réalisé par Arnaud Filleul.