Tout ce qu'il faut savoir sur la musique folk
Publié le - Mis à jour leComment définit-on la musique folk ?
A l’origine, la musique folk est la musique populaire des migrants américains. Elle prend ses racines en Europe, principalement en Irlande, baignée de musiques celtes. Parfaitement américanisée, elle est la musique de la transmission orale. Un mouvement musical rural et d’origine modeste qui raconte des histoires. Une musique simple, généralement portée par un chanteur et sa guitare (folk, c'est-à-dire avec des cordes en acier) caractérise ce mouvement. Berceau de ce qu’on appelle le songwriting, un terme anglais qui désigne le fait d’écrire des chansons, la musique folk connaît un essor inattendu à la toute fin des années 1950 à New-York. Là où toute une nouvelle génération, reprenant les standards des pionniers, ajoute petit à petit une nouvelle énergie et des messages politiques très forts, qui créeront l’étincelle nécessaire à l’explosion du genre. Dès lors, la musique folk se répand comme une trainée de poudre et étend son territoire et son influence, bien au-delà des frontières du pays de l’oncle Sam.
Si aujourd’hui on a du mal à percevoir l’influence énorme (musicale et sociale), que la musique folk a pu avoir sur son époque, elle reste particulièrement présente, et toujours aussi vivace.
Les instruments
Les instruments les plus caractéristiques de la folk music sont :
- Guitare folk
- Harmonica
- Banjo
- Mandoline
- Violon
- Piano
- Contrebasse
Les principaux genres
Le Folk se décline en plusieurs genres :
- Folk
- Folk-rock
- Alternative folk
- Folk-pop
La naissance de la musique folk
Musique des pionniers, le Folk est d’origine européenne. Mais on compte aussi parmi les pères du mouvement l’incontournable LeadBelly, un musicien noir américain, enregistré par Alan Lomax, qui oscille entre blues et musique traditionnelle, et compose certains des premiers standards modernes du genre. A ce titre, il conviendra de noter Where Did You Sleep Last Night, chanson d’un amoureux inquiet et jaloux dont la modernité indémodable sera saluée par une reprise particulièrement réussie sur le MTV Unplugged du groupe Nirvana. Mais LeadBelly fait figure d’exception, car en règle générale, ce sont des musiciens blancs qui chantent la musique folk. Le plus célèbre pionnier du genre, figure tutélaire et première icône du mouvement est Woody Guthrie, l’homme dont la légendaire guitare porte l’inscription « This Machine Kills Facsists » (cette machine tue les fascistes). Au cours d’une carrière chaotique, il compose des titres qui influenceront des générations de musiciens. This Land Is Your Land, écrite en 1940, est souvent désignée comme la plus grande chanson folk de tous les temps. Un titre devenu si important dans la mythique américaine, qu’il est un temps pressenti pour devenir le nouvel hymne national. Influencés par ces premiers héros, des artistes comme Pete Seeger reprennent le flambeau, dans une veine politisée, un activisme de gauche et des revendications pour les masses laborieuses, qui se diffusent dans des hymnes comme We Shall Overcome.
New-York, Greenwich Village, les Hootenannys et l'explosion folk
A la fin des années 1950, des artistes comme Ramblin’ Jack Elliott inspirent à New-York toute une nouvelle scène. Une jeunesse en recherche d’authenticité, et désireuse de rendre le monde qui les entoure plus juste, prend fait et cause pour ce genre musical, support idéal pour le développement d’une conscience nouvelle. C’est l’heure des premières manifestations pour les droits civiques, un moment clef de l’histoire moderne de l’Amérique. Ces jeunes idéalistes se rassemblent à Greenwich Village, un endroit qui devient vite un repère bohème et artistique, où les jeunes chanteurs tentent de se faire remarquer sur les scènes ouvertes des Hootenannys. C’est une époque où les clubs fourmillent et les talents aussi. Figure incontournable, Joan Baez y fera ses débuts, reprenant des standards comme House of the Rising Sun avant de développer son popre répertoire et de faire la rencontre de celui qui deviendra la star absolue du genre, Bob Dylan.
En 1962, ce dernier rend, sur son premier album, un vibrant hommage à Woody Guthrie. Pétri de musique américaine, particulièrement érudit, capable de chanter des centaines de chansons apprises par cœur, passionné de poésie, il ne tardera pas à connaître le succès. Même si pour cela il faudra que ses titres soient interprétés par d’autres, comme Peter Paul & Mary, faisant de Blowin in the Wind – dans une version adoucie – un énorme tube. L’appel d’air est immense. Ce sont désormais des dizaines d’artistes qui sont révélés au grand public et qui sortent des caves enfumées de Greenwich Village pour arpenter les scènes de tout le pays. Buffy Sainte-Marie, la chanteuse d’origine indienne qui défend la cause de son peuple opprimé, Tom Paxton qui compose le classique The Last Thing on My Mind, le très engagé Phil Ochs, ou le plus énigmatique mais désormais culte, Jackson C. Franck.
En ce milieu des années 1960, la musique folk est énorme. Non contente de permettre la diffusion d’idées révolutionnaires, elle franchit les frontières de son pays pour revenir sur ses terres natales européennes et tout particulièrement en Angleterre. C’est là-bas qu’émergent des artistes tout aussi politisés et pas moins talentueux comme Bert Jansch, un bel exemple de virtuosité instrumentale au service d’un texte revendicatif.
Le moment des mutations
En Amérique, la révolution est en marche. Bob Dylan, au grand dam de ses admirateurs puristes, électrise sa musique, influencé par l’audace des Byrds qui ont transcendé son Mister Tambourine Man. C’est aussi à ce moment que sont posées les bases de ce qu’on appellera le Folk-Rock, avec des titres comme Set You Free This Time.
Partout, la base acoustique de la musique folk s’enrichit de sonorités nouvelles. De Fred Neil à Richie Havens, les titres sont de plus en plus fouillés d’un point de vue mélodique. On trouve alors des notes jazzy, le piano fait son apparition, les basses ronflent, les discours politiques s’adoucissent et laissent de plus en plus de place à la poésie. Parfaite illustration de cette évolution d’écriture et de composition, l’œuvre de Leonard Cohen, qui prend corps à travers des titres comme Suzanne. Tim Buckley, de son côté, façonne dans une veine folk des morceaux aux arrangements toujours plus ambitieux et riches, notamment soulignés par les cordes et soubresauts rythmiques de Goodbye And Hello. Tim Hardin et Tom Rush donnent ses lettres de noblesse au terme « songwriter » et signent quelques indémodables, comme If I Were a Carpenter pour le premier, et No Regrets pour le second. Des artistes venus d’autres univers s’essayent avec bonheur au folk. C’est ainsi que le magistral Van Morrison signe un des plus beaux albums de cette période, avec des compositions toutes plus élégantes les unes que les autres et une voix envoûtante sans pareille. Confidentielle et admirée par Bob Dylan, l’inimitable Karen Dalton étonne par une voix puissante et fragile à la fois, et des mélodies à la sensibilité inouïe, particulièrement audible sur Ribbon Bow.
En Angleterre, l’autre terre folk, Nick Drake, chanteur à la carrière météorique, réalise l’album parfait avec Five Leaves Left et des titres à la délicatesse imparable comme River Man. Non loin de là, le groupe Pentangle, nouvelle aventure de Bert Jansch, propose une version dynamisée de leur folk.
Sur la côte est des Etats-Unis, séduits par les expérimentations folk-rock, les hippies s’emparent aussi du mouvement et de nombreux songwriters font leur apparition. Reine du mythique Laurel Canyon – zone sauvage de Los Angeles qui sera une pépinière de talents à la fin des années 60 –, Joni Mitchell réalise le très beau Both Sides Now. Quelques mois avant l’impeccable Sweet Baby James de James Taylor. Passée totalement inaperçue, l’anglaise Vashti Bunyan publie en cette année 1970 un album qui ne sera redécouvert que trente ans plus tard, lui offrant alors le succès qu’elle aurait mérité. John Prine, que Bob Dylan a longtemps considéré comme son seul rival crédible, éblouit avec des titres comme Angel From Montgomery, sans malheureusement faire la carrière qu’on aurait pu lui souhaiter. Un destin qui rappelle celui de Judee Sill, auteure de deux albums devenus cultes, mais tristement restés sans successeur.
Les années 1970 sont décidément les années où la musique folk se diffuse, et parfois se dilue dans des mouvements plus larges, plus métissés. Tantôt du côté de la country avec des artistes comme le texan Townes Van Zandt, tantôt du côté du jazz et de l’expérimentation avec l’anglais John Martyn. Sans oublier les connotations très locales comme Richard & Linda Thompson. A la fin de cette même décennie, un cap est franchi : on parle désormais de folk-pop. Joan Armatrading en est la plus brillante représentante, et signe avec le magnifique Down to the Ground une parfaite introduction au succès planétaire que rencontrera douze ans plus tard Tracy Chapman avec Talkin’ Bout a Revolution.
Des années 1990 à nos jours
Le folk moderne est alors partout, savourant son succès. Mais il continue d’inspirer des artistes sans concession, portés par leurs combats. On citera l’activiste féministe Ani DiFranco avec ses compositions à fleur de peau, ou l’atypique Victoria Williams et sa redoutable Crazy Mary. On saluera aussi l’authenticité remarquable du Boss, Bruce Springsteen qui réalise avec son Ghost of Tom Joad, un magnifique retour aux sources et certainement un des meilleurs albums de son imposante carrière. Chaque année qui passe offre sa série de belles découvertes, ses nouveaux artistes prêts à reprendre le flambeau. C’est notamment ce que feront Natalie Merchant en 2001 avec Motherland, le merveilleux Ray LaMontagne avec Trouble en 2004, le très prolifique et protéiforme Josh Ritter en 2010 avec Change of Time ou encore, plus récemment, Damien Rice avec le très réussi It Takes a Lot to Know a Man.