Vin bio : que signifie vraiment ce terme ?
Publié le - Mis à jour leSeule la vendange est certifiée
Les puristes doivent se faire une raison. Pour verser dans son verre un vin bio sur toute la ligne, de la grappe fraîchement cueillie au nectar final, il va falloir patienter un peu. Et pour cause : sur le plan législatif, le vin 100 % bio est en cours de définition.
À quoi a-t-on affaire aujourd'hui avec un vin arborant le label officiel Agriculture Biologique ? Réponse : à un produit dont la culture biologique ne dépasse pas le cadre de la vendange. Autrement dit, seuls les raisins (obligatoirement issus, eux, de l'agriculture biologique) sont pour l'instant pris en compte dans la certification bio.
Le viticulteur maître du jeu
Pour le reste, mystère puisque une fois franchie l'étape du pressoir, tout ce qui se passe dans le chai échappe pour l'instant au processus de certification.
Le viticulteur bio, au même titre qu'un viticulteur dit "conventionnel", a donc toute liberté pour recourir aux produits chimiques de son choix pour faire du vin. Même si, pour des raisons de cohérence globale voire de simple déontologie, on peut supposer que les viticulteurs certifiés évitent les excès.
De l’herbe entre les rangs de vignes
Une vigne cultivée selon les méthodes bios se repère à l'oeil nu : l'herbe y pousse entre les rangs et on y trouve des insectes.
Idem pour l'absence de vieux sarments ou de feuilles à même le sol : à l'inverse de l'agriculture conventionnelle, une terre bio « travaille » en solo et digère toutes les matières organiques.
Pour se convertir au bio, le vigneron a dû suivre un cahier des charges extrêmement précis :
- interdiction de désherbage chimique ;
- interdiction d'utiliser des produits de traitement de synthèse (engrais, pesticides, organismes génétiquement modifiés) ;
- ne protéger la vigne contre les agressions extérieures (oïdium, mildiou) qu'avec des produits d'origine naturelle comme le soufre ou le sulfate de cuivre.
Une vigne convertie en agriculture bio n'obtient sa première récolte certifiée qu'au cours de la 4ème année ayant suivi l'arrêt d'utilisation des produits chimiques.
Combien ça coûte ?
Les pratiques bios impliquent pour tout producteur un travail d'observation et des passages plus fréquents et plus longs que d'ordinaire dans la vigne, donc davantage de main d'oeuvre. Elles se soldent également par des rendements sensiblement inférieurs à ceux d'une vigne traitée chimiquement.
Mais en terme de qualité globale, rien à redire : un vin bio n'a aucune raison d'être moins bon qu'un vin standard, il se conserve tout aussi bien et c'est comme toujours le savoir-faire du vigneron qui fait ou non la différence.
Quoi qu'il en soit, le bio et les contraintes qui lui sont associées ont un coût qui se répercute dans le prix de vente public, en moyenne de 20 à 25 % supérieur à celui d'une bouteille non bio. Mais cet écart est logiquement appelé à diminuer. Si la demande des consommateurs suit comme prévu, les volumes produits en vins bios augmenteront tout naturellement et permettront des prix plus compétitifs.
Vin bio versus vin de l'agriculture raisonnée
Dans un rayon de grande surface, il n'est plus rare de retrouver côte à côte un vin bio labellisé comme tel et un vin issu de l'agriculture raisonnée, souvent porteur du label Terra Vitis.Les 2 produits renvoyant finalement à des pratiques respectueuses de l'environnement, cette proximité peut prêter à confusion. En clair, la notion d'agriculture raisonnée est une démarche volontaire qui part du principe que les vignes ne sont traitées chimiquement qu'en cas de nécessité. C'est le côté « raisonné » de l'affaire.
Si tel est le cas, le viticulteur s'engage alors à utiliser le produit le moins nuisible à l'environnement. Ce vin contient moins de pesticides qu'un vin "conventionnel" mais il n'en est pas dépourvu, ce que garantit le label AB. La nuance est suffisamment importante pour ne pas se priver d'une lecture attentive des étiquettes de vin.
Et demain ?
Pouvons-nous attendre un label réellement exhaustif, qui intègre également l'ensemble du processus de vinification ? A priori, oui.
Un chantier est à l'étude en ce sens au niveau européen avec, dit-on, de bonnes chances d'aboutissement à une directive au cours de l'année 2010.