La période pré-moderne
Ce sont les Norvégiens, grâce à un nouveau système de fusil-harpon, qui commencèrent à chasser l'animal en 1864, d'abord avec un taux de succès très faible, puis avec des résultats toujours meilleurs. La chasse continua en Islande, dans les îles Féroé, autour du Spitsberg, dans toutes les zones de nourrissage de la population Atlantique Est.
Au début du 20ème siècle, ce fut au tour de l'Amérique du Nord d'exploiter ses propres stocks.
La pêche moderne
Les baleines bleues étaient tellement abondantes au-début du 20ème siècle (jusqu'à 330 000 individus pour la seule population antarctique), qu'on leur a mené une chasse sans merci. Des décennies de chasse d'une pression telle que la baleine bleue a tout simplement failli disparaître.
Les nouvelles techniques révolutionnent la chasse baleinière. Le harpon envoyé comme un obus depuis l'avant du bateau et la puissance mécanique des moteurs inversent le rapport de forces. Les baleines ne sont plus de taille à lutter.
En 1904, l'huile de baleine valait 800 francs la tonne, les fanons 3 000 francs la tonne. Le coût de l'armement d'un navire baleinier s'élevait à 300 000 francs. (A titre de comparaison le prix d'un kg de pain à cette époque était de 38 centimes de franc).
Les habitudes changent. Le dernier baleinier français est armé au Havre en 1868. En Europe, l'industrie baleinière devient l'apanage exclusif de la Norvège avec 150 navires modernes et terriblement efficaces. En 1917, une flottille tue à elle seule 4 305 baleines au large de la Géorgie du Sud.
Les nouvelles techniques permirent de pêcher de plus en plus de baleines (plus de 10 000 par an à partir de 1910). Le Japon et la Russie se font la guerre pour accéder aux ressources baleinières. Les moyens sont de plus en plus considérables, les flottilles augmentent et, dans les années 1930, on tue plus de 50 000 baleines par an. Cette surpêche de la baleine aboutit à la disparition complète de plusieurs espèces, d'autres étant en voie de disparition.
Dès la moitié du 20ème siècle, la baleine bleue était en grande difficulté, et les premiers quotas, en 1946, n'y firent rien. C'est seulement dans les années 60 que la prise de conscience entraîna un arrêt total de la chasse à la baleine bleue, décidé par la commission baleinière internationale. Les autorités de l'Union Soviétique en firent une affaire d'état et continuèrent cependant la chasse illégalement, clandestinement et intensivement dans les années 70.
Elle est protégée depuis 1966, mais au dernier comptage, en 2002, il n'y aurait que 12 000 baleines bleues en cumulant toutes les populations du monde.
La baleine ne souffle plus, elle a rendu son dernier souffle !
La baleine s'essouffle à fuir les dérogations à l'interdiction de sa chasse
Après l'arrêt réel de la chasse, survivait moins d'un millier de baleines bleues en Antarctique, contre une population de 330 000 individus à l'origine. Aujourd'hui, il ne reste que quelques milliers de baleines dans le monde, la remontée du nombre d'individus semble extrêmement lente.
La commission baleinière a été créée en 1946 pour enrayer la disparition annoncée des baleines. Regroupant 80 pays, elle a entériné en 1986 un moratoire réglementant la pêche de tous les cétacés. Cette mesure efficace a permis d'abord d'éviter la disparition de certaines espèces puis aux populations de commencer à se reconstituer.
Mais plusieurs pays, le Japon, la Norvège et l'Islande ont néanmoins poursuivi leurs chasses sous prétexte, d'une pêche traditionnelle et de subsistance ou, pour le Japon d'une activité scientifique. (On peut se dire, connaissant la valeur des scientifiques nippons, que ceux-ci doivent, depuis qu'ils étudient 3 000 spécimens par an, avoir eut le temps d'acquérir suffisamment de connaissances pour être imbattables sur le sujet et pouvoir maintenant interrompre leurs études).
Personne n'est dupe. Il s'agit bien d'une activité commerciale puisque les animaux sont vendus sur les marchés japonais et génèrent un chiffre d'affaires considérable.
Un avenir si la chasse est définitivement et complètement interdite ?
La mer, vidée et polluée, ne pourra bientôt plus nourrir ni les hommes ni les baleines.
La pêche dite minotière, pour faire des farines de poissons raréfie la nourriture traditionnelle des cétacés. La fabrication de ces farines destinées à nourrir les poissons d'élevage et le bétail occasionne la pêche par des flottes spécialisées (Islandaise, Norvégienne et Danoise) de deux millions de tonnes d'éperlans, de capelans chaque année.
Les courants convergent vers le Pôle-Nord et y concentrent les résidus de pesticides, de PCB et même d'élément radioactifs. (On a retrouvé dans la chair de baleines des éléments radioactifs portant la signature de l'usine de La Hague).
Tous ces éléments seraient responsables du faible taux de reproduction qui concoure à la stérilité.
Une note optimiste
C'est peut-être la révélation de la concentration de tous ces dangers dans la chair des baleines qui sauvera celles-ci des massacres à venir. On voit mal les populations japonaises traumatisées par leur relations récentes avec l'atome continuer à s'empoisonner sciemment avec une nourriture polluée et dangereuse.
Article réalisé par Arnaud Filleul et Jean-Pierre Fleury.