Les Bovidés, en chiffres
Cette famille compte 137 espèces réparties dans 45 genres. Leur poids varie de 3 kilogrammes à 1300 kilogrammes. Leur taille varie de 25 cm au garrot à 2 mètres. Ils présentent 30 à 32 dents, adaptées à la rumination. Le plus ancien fossile connu de Bovidés est âgé de 20 millions d'années. On connaît plus de 300 espèces fossiles.
Tous les bovidés ne sont pas des bovins
Bien souvent, la confusion entre les termes « Bovidés » et « bovins » est la cause de la mauvaise représentation de la famille dans de nombreux esprits.
« Bovins » est l'appellation commune pour les membres de la sous-famille des Bovinés.
Les Bovins sont de gros animaux, comme le bison ou le yak, mais ils ne représentent qu'une partie de la famille des Bovidés, cette dernière comptant également dans ses rangs les Caprins (la sous-famille des Caprinés) ou les gazelles (la sous-famille des Antilopinés). Enfin, de nombreuses autres sous-familles moins connues (voir présentation ci-après) sont incluses dans la famille des Bovidés comme les Céphalophinés (les céphalophes) ou encore les Hippotraginés (ex : l'oryx). Autrement dit, les antilopes, les gazelles, les mouflons, les chamois mais aussi la plupart des animaux d'élevage sont également des Bovidés.
Qu'est ce qui permet de dire que ces animaux sont apparentés et, en conséquence, de les classer dans une même famille ?
Notons tout d'abord que ce sont tous des ruminants et qu'ils possèdent donc l'estomac à quatre chambres, permettant la digestion de la cellulose. Les Bovidés ont cependant des caractéristiques propres, qui les différencient des autres ruminants et justifient l'établissement d'une famille à part.
Des dents pour manger les végétaux
La formule dentaire des Bovidés est fortement modifiée, conséquence du régime alimentaire herbivore et de la rumination. Les incisives supérieures sont absentes et les canines supérieures manquent également chez la plupart des espèces. Les canines de la mâchoire inférieure sont tellement modifiées qu'elles ressemblent à des incisives. Les molaires sont sélénodontes, c'est-à-dire que les cuspides ont une forme en croissants de lune.
Des bêtes à cornes
Le trait principal, et le plus facilement accessible, est la présence de cornes chez le mâle comme chez la femelle. Ces cornes sont des expansions osseuses des os frontaux recouvertes d'un étui formé de kératine. Elles sont permanentes, elles ne tombent pas au contraire des ornements d'autres ruminants comme les pronghorns (Antilocapridés) ou les cerf (Cervidés). Ceux-là portent des bois qui tombent et repoussent tous les ans.
D'autres particularités anatomiques prouvent une parenté proche de ces animaux, on peut citer pour exemple l'absence de crête sagittale sur le crâne et l'ouverture unique des canaux lacrymaux.
L'os canon
Plus généralement, on remarquera que les Bovidés sont des onguligrades, c'est-à-dire qu'ils s'appuient sur l'extrémité des phalanges pour marcher, ces dernières étant munies d'un étui corné, le sabot.
Leur poids est réparti sur deux doigts, les doigts 3 et 4, d'où une empreinte reconnaissable.
Comme chez d'autres ruminants (les Antilocapridés et les Cervidés), les métacarpiens (pour les pattes antérieures) et les métatarsiens (pour les pattes postérieures) sont fusionnés en un os allongé et cylindrique, qui contribue à l'aspect grêle des pattes et explique le bon comportement à la course et au saut. C'est l'os canon, une innovation évolutive de la plus haute importance pour ces animaux. Cet os a permis à ces animaux, très vulnérables face aux grands prédateurs, d'augmenter leur capacité à la course et au saut et, en conséquence, leur chance de survie.
On comprend facilement qu'un processus classique de sélection naturelle a stabilisé cette anatomie chez les Bovidés. C'est aussi l'occasion de remarquer que la nature ne crée pas à partir de rien. L'évolution n'est rien d'autre qu'un bricolage permanent, une transformation d'éléments préexistants en éléments nouveaux. Pour l'os canon, la nature a bricolé un os unique et de grande taille à partir d'éléments osseux multiples et de petite taille.
Un groupe très diversifié
On voit donc que tous les Bovidés présentent des traits anatomiques communs mais cela ne veut pas dire que toutes les espèces se ressemblent. Au contraire, la diversité des morphologies est réelle au sein de cette famille. Il est difficile de dire qu'un dik-dik ressemble à un bison ou qu'un chamois évoque un oryx. Il s'agit pourtant bien de Bovidés.
La variabilité des tailles étonne. Alors que le minuscule céphalophe ne dépasse pas 30 centimètres, l'éland du Cap peut faire 1,80 mètre au garrot pour 900 kilogrammes. Les formes des cornes sont très différentes d'une espèce à l'autre, depuis l'aspect ramassé du buffle jusqu'au longues cornes presque rectilignes d'un oryx en passant par les cornes enroulées d'un grand koudou. Pourtant, toutes ces cornes ont la même structure et la même origine, celle de l'ancêtre de la famille.
Cet ancêtre n'a pas été identifié dans les strates fossilifères mais de nombreuses formes fossiles montrent que les Bovidés existaient bien avant l'homme. Ainsi, le plus ancien Bovidé fossile date du Début du Miocène, soit une vingtaine de millions d'années. Notons que les Bovidés nord-américains sont arrivés récemment sur ce continent, traversant le détroit de Béring à pied sec lorsque celui-ci était gelé, durant les dernières glaciations. Ils n'ont pas colonisé l'Amérique du Sud de façon naturelle mais y ont été introduits par l'homme. Les Bovidés se sont adaptés à une multitude d'habitats, depuis la toundra jusqu'aux zones tropicales, mais c'est dans ces dernières, et notamment dans les savanes, que la diversité est la plus forte.
Les différentes sous-familles
Maintenant que les caractéristiques générales de la famille sont données, il reste à faire une présentation des sous-familles pour que les Bovidés n'aient plus de secrets pour vous. Précisons que la classification qui suit a le mérite d'être relativement simple à retenir, mais il existe d'autres classifications, les recherches continuant toujours.
La sous famille des Bovinés : il s'agit des bovins, des animaux très bien connus à l'aspect massif et musculeux comme le bison, le yak ou le buffle. De nombreuses formes d'élevage sont issues de cette sous-famille qui a été domestiquée très tôt par l'homme (vaches, zébus..) depuis au moins 6000 ans. L'homme est donc étroitement lié à ces animaux. Les bovins sont très bien adaptés aux climats froids d'Europe et d'Amérique du Nord (boeufs musqués) mais se rencontrent également en Asie (takin) et en Afrique (buffle).
La sous-famille des Céphalophinés : ce sont de minuscules Bovidés, les plus petits de la famille. Les céphalophes habitent la savane africaine. Leur silhouette gracile, voire fragile, est très reconnaissable.
La sous-famille des Hippotraginés : ce sont de magnifiques animaux comme l'addax ou les différentes espèces d'oryx. Leur corps est assez trapu et leur cou musculeux. Les cornes sont très longues et peuvent prendre des formes assez variables, parfois droites, parfois enroulées. Les robes sont très élégantes, depuis la blancheur immaculée de l'addax jusqu'à la robe plus complexe de l'oryx gazelle. Certains membres de cette sous-famille dépassent 1,20 mètre au garrot et 200 kilogrammes.
La sous-famille des Antilopinés : la majeure partie des animaux appelés communément antilope ou gazelle appartiennent à ce groupe. Le springbok est également un Antilopiné. Ce sont des animaux élégants, au long cou et aux cornes de taille moyenne. Notons que le dik-dik est parfois placé au sein des Antilopinés, parfois dans une sous-famille propre.
La sous-famille des Caprinés : communément appelés caprins (genre Capra et Ovis), ce sont notamment les bouquetins et les mouflons, mais aussi la chèvre et le mouton. Il s'agit là-aussi d'animaux de première importance pour l'homme, domestiqué en même temps que les bovins. Le corps est de taille moyenne, leurs cornes sont souvent enroulées vers l'arrière. Beaucoup de caprins sont d'excellents grimpeurs (chamois) et ont accès à des biotopes montagneux.
La sous-famille des Réduncinés : ce sont les cobs, des animaux de la savane africaine de dimensions moyennes.
La sous-famille des Aepycérotinés : c'est un groupe monospécifique que ne contient que l'impala. Notons que cet animal africain est parfois classé au sein des Antilopinés. L'impala est fréquent dans la savane et est notamment connu pour ces bonds extraordinaires.
La sous-famille des Paleinés : C'est également un groupe monospécifique qui ne contient que le rhebok.
La sous-famille des Alcélaphinés : ce sont animaux africains d'assez grande taille comme les bubales et le gnou. Notons qu'un gnou mesure en moyenne 1,20 mètre au garrot pour un poids de 250 kilogrammes.
La sous-famille des Tragélaphinés : ce sont de superbes animaux, parfois au corps puissant et à la taille impressionnante, comme les élands et les koudous. Notons que de nombreuses classifications incluent ces animaux au sein des Bovinés, en leur donnant le rang de tribu. Nous avons gardé ici le rang de sous-famille pour faciliter la mémorisation.
Pour conclure avec les Bovidés, rappelons qu'il s‘agit d'animaux le plus souvent grégaires, avec des comportements sociaux complexes, incluant des combats entre mâles. Ils constituent un maillon essentiel de la chaîne alimentaire dans toutes les régions où ils vivent. Ces animaux font partie de notre histoire, de notre passé et de notre présent.
Récapitulatif de la classification au sein de la famille des Bovidés
Le terme « famille » n'exprime pas seulement une parenté proche, c'est un concept plus complexe. La famille est un rang dans la classification des êtres vivants. Cela implique qu'elle contient d'autres groupes de rang inférieur (les sous-familles) et qu'elle est contenue dans un groupe de rang supérieur (l'ordre). Les sous-familles incluses au sein des Bovidés sont les suivantes.
Famille des Bovidés
Sous-famille des Bovinés: 14 espèces (bison, buffle, yak)
Sous-famille des Cephalophinés: 19 espèces (les céphalophes)
Sous-famille des Hippotraginés: 7 espèces (addax, hippotrague, oryx)
Sous-famille des Antilopinés: 38 espèces (gazelles, springbok)
Sous-famille des Caprinés: 28 espèces (bouquetins, mouflons)
Sous-famille des Reduncinés: 8 espèces (les cobs)
Sous-famille des Aepycérotinés: impala, 1 espèce
Sous-famille des Paleinés: rhebok, 1 espèce
Sous-famille des Alcélaphinés: 7 espèces (bubale, gnou)
Sous-famille des Tragélaphinés : 10 espèces (grand koudou, bongo, éland du Cap)
Article réalisé par Arnaud Filleul et Jean-Pierre Fleury.