Des poissons qui marchent
Ces poissons sont capables de "marcher" au fond de l'eau. En fait, ils fouillent le substrat à l'aide d'une astuce de l'évolution : les premiers rayons des nageoires pectorales ont été transformés en organes libres et tactiles qui évoquent des pattes.
Des poissons qui grondent
Les grondins grondent effectivement pour montrer leur mécontentement, notamment lorsqu'on les manipule. Les grondins compriment leur vessie natatoire pour produire ces grognements.
8 espèces de grondins sur nos côtes
Les membres de la famille des Triglidés sont assez bien représentés en France, puisque 8 espèces fréquentent nos côtes. On dénombre ainsi le grondin rouge (Aspitrigla cuculus), le grondin perlon (Celidonichthys lucernus), le grondin camard (Chelidonichthys lestoviza), le grondin gris (Eutrigla gunardus), le grondin sombre (Chelidonichthys obscurus), la cavillone commune (Lepidotrigla cavillone), le grondin-lyre (Trigla lyra) et le grondin volant (Dactylopterus volitans).
Des rencontres fréquentes
Vous n'êtes pas obligé de connaître tous les grondins, car les trois dernières espèces vivent au-delà de 100 mètres. Il y a donc très peu de chance que vous les croisiez.
En revanche, les 4 premières ont des moeurs plus côtières, en particulier le grondin perlon qui se rencontre dans très peu d'eau et se capture fréquemment le long des digues. Lorsque le pêcheur pratique en bateau, à soutenir ou en dérive lente, il lui arrive régulièrement de capturer des grondins. Ces poissons raffolent des appâts carnés, comme ceux destinés à la dorade grise. De même, en poussant votre haveneau, il vous arrivera fréquemment de capturer des juvéniles de grondin perlon, en même temps que vos crevettes grises. Nous allons donc présenter plus en détails ces 4 espèces.
Des robes différentes...et chatoyantes
Tout d'abord, elles présentent toutes la caractéristique la plus marquante de la famille des Triglidés : les rayons les plus inférieurs de la nageoire pectorale sont libres et sont transformés en organes tactiles qui leur permettent de trouver la nourriture dans le substrat. Ce trait évolué rend l'identification de la famille immédiate, mais pour identifier les espèces, il faut être un peu plus observateur. La robe permet de discerner certaines d'entre elles.
Ainsi, le grondin gris montre une robe uniforme et grisâtre. C'est de loin l'espèce la moins colorée du groupe.
Au contraire, si le poisson qui frétille au bout de votre ligne arbore une teinte rouge-vif, c'est sûrement un grondin rouge. Et pour en être sûr, déployez les grandes nageoires pectorales : si ces nageoires sont rouges également, sans rebord bleuté, il s'agit bien du grondin rouge.
Vérifier la couleur de la nageoire pectorale est une étape obligatoire, car il existe un autre grondin pouvant être rougeâtre, le grondin perlon.
Cette dernière espèce montre cependant un superbe liseré bleu à la pectorale. Notons que la robe du grondin perlon est variable, du brun ou rouge, avec des marbrures plus ou moins marquées.
Enfin, le grondin camard présente une robe rosâtre à rougeâtre avec des taches brunes. Sa robe est beaucoup moins uniforme et moins vive que celle du grondin rouge. De plus, les rayons tactiles de ce grondin sont très épais et ses nageoires pectorales sont très grandes. Dernière caractéristique, son front est plus abrupt que chez les autres grondins.
Une tête très reconnaissable
Effectivement, la tête des grondins est très particulière puisqu'elle est massive, ornementée et avec l'oeil en position dorsale. L'ensemble forme une tête particulièrement élevée, dure au toucher, avec une face antérieure oblique. Il existe cependant des différences de forme et de proportions, les museaux du grondin rouge et du grondin perlon étant nettement plus obliques et pointus que celui du grondin camard.
Tailles et poids
En ce qui concerne les tailles, la plus grande espèce est le grondin perlon, qui peut atteindre 75 centimètres pour 6 kilogrammes mais le grondin rouge peut également dépasser 50 centimètres. Le grondin gris et le grondin camard dépassent rarement 1 kilogramme.
Ne pas confondre le rouget avec le rouget... et les poissons volants
Il existe une confusion fréquente liée à la couleur des poissons. De nombreux pêcheurs confondent grondin rouge et rouget barbet, créant même au passage l'appellation rouget grondin, un terme farfelu qu'on n'évitera puisqu'il ne désigne aucune espèce.
Le rouget barbet (ou bécasse de mer car il est, comme pour le volatile, recommandé de ne pas le vider) est certes rougeâtre, ce n'est pas un grondin. De plus, sa chair est délicieuse, alors que celle du grondin rouge est simplement bonne. Le rouget barbet se reconnaît à ses deux barbillons mentonniers, alors que le grondin rouge possède les rayons libres des pectorales qui caractérisent également sa famille. Attention à cette erreur très commune le long de notre littoral.
L'exocet montre de grandes transformations des nageoires pectorales, mais cela n'implique aucune parenté avec les grondins. Les exocets sont des parents des orphies et des mulets.
Attention aux variations de la robe
Pour finir, remarquons un dernier piège : les couleurs changent avec l'âge. C'est surtout avec le grondin perlon qu'il faut faire attention, car le juvénile est brun et sombre alors que l'adulte est beaucoup plus coloré. Il faudra donc une nouvelle fois regarder la nageoire pectorale. Le juvénile de grondin perlon montre de jolies taches bleues sur la pectorale, qui préfigurent du joli liseré de l'adulte.
Article réalisé par Arnaud filleul et Jean-Pierre Fleury.