Comment définit-on le rock ?
Style musical né au début des années 50 aux États-Unis, le rock est l’enfant turbulent du rhythm’n’blues. Une musique d’origine noire américaine faite par des blancs, pour un public majoritairement blanc, jeune, en recherche de rupture générationnelle. Une quête de rébellion dont la diffusion est nettement amplifiée par le développement de technologies comme le cinéma ou la radio.
Le Rock’n’roll, littéralement "balancer et rouler" est un terme issu du rhythm’n’blues, définissant une rythmique saccadée et désignant de façon indirecte, l’acte sexuel. Associé au premier "tube" du genre Rock Around The Clock, composé par Bill Haley & The Comets, il finit par définir une danse sulfureuse qui envahit les États-Unis à la fin des années 50 et les musiciens qui en composent les rythmes. Mouvement identitaire de la jeunesse, qui se veut provoquant et anti-establishment, il devient un marché à part entière. Dès lors, son essor est fulgurant. La musique des origines se dilue dans des attitudes et des postures et s’abreuve de nouveaux sons pour traverser les décennies en devenant le genre musical le plus important de son siècle.
Les instruments
Les instruments typiques du rock sont les suivants :
- la guitare électrique ;
- la guitare basse ;
- la batterie ;
- le piano ;
- la contre basse (à ses débuts).
Les principaux genres
La "musique rock" se decline en plusieurs genres ayant chacun leurs caractéristiques propres :
- Rock’n’roll ;
- Rockabilly ;
- Pub Rock ;
- Blues Rock ;
- Hard-Rock ;
- Country-Rock ;
- Rock Psychédélique ;
- Pop-Rock ;
- Garage Rock.
Du Rhythm’N’Blues au Rock’N’Roll… la naissance d’un genre
Quelques noms sont généralement associés à la création du genre. Le DJ Alan Freed tout d’abord, qui en 1950 organisera la soirée dansante "Moondog Rock and Roll Coronation Ball", à Cleveland, étant le tout premier à officialiser l’appellation. Jackie Brenston, ensuite, qui enregistre avec les Delta Cats et la production de Ike Turner, Rocket 88, en 1951, un titre considéré comme le tout premier morceau rock. Elvis Presley, évidemment qui en 1954 réalise ses premiers enregistrements devenus historiques, pour le légendaire Label Sun de Memphis. Vient après toute une série d’artistes inoubliables, qui tous, lors de l’année 1955 gravent des monuments de vinyle. Jerry Lee Lewis avec ses Great Balls Of Fire et son piano incandescent, Little Richard et son Tutti Frutti particulièrement épicé et Chuck Berry et son Johnny B Goode, à la virtuosité imparable. Enfin, Bill Haley qui grâce à la diffusion de son titre Rock Around The Clock dans le film "Graine de violence", permettra au genre d’atteindre le grand public et de franchir les frontières.
Les Sixties, le second souffle du Rock’n’roll
Alors que le mouvement s’essouffle dans son pays d’origine entaché par des scandales financiers, des affaires de mœurs et des disparitions tragiques, le rock retrouve une seconde vie, de l’autre côté de l’Atlantique. L’Angleterre, depuis longtemps séduite par ses cousins américains, abreuvée de musique par les militaires de l’oncle Sam basés en Europe, créée un genre nouveau plus dynamique encore. Un espace musical qui revendique un retour aux sources, tout en intégrant de nombreuses et nouvelles influences.
Ce mouvement est marqué par des artistes tels que les Kinks et leur fameux You Really Got Me, les Rolling Stones et (I can’t Get No) Satisfaction ou les Who avec My Generation.
Ce nouveau souffle revient aux États-Unis par le biais de ce qu’on appellera désormais la British Invasion. Il représente une nouvelle étape. Le rock a grandi. Il intègre, aspire et retranscrit la plupart des mouvements musicaux préexistants et par-dessus tout, il acquiert une véritable conscience. Sans jamais abandonner les thèmes de la sexualité et les provocations, il réclame des avancées de la société, véhicule toutes les revendications de la jeunesse et veut même exercer un rôle politique. Des artistes comme les Doors, Jimi Hendrix, Janis Joplin, Cream ou le Velvet Underground, caractérisent cette époque d’espoirs et d’expériences dont l’apogée sera le festival de Woodstock et le point final, le drame d’Altamont, un concert des Rolling Stones qui finira par la mort d’un spectateur poignardé par un Hell’s Angel, en charge de la sécurité.
Les années 70, une profusion de sous-genres
Au cours de la décennie des seventies, l’ambiance n’est plus vraiment à la fête, mais le rock continue de se développer. Il semble ainsi entrer dans son âge adulte. Un âge où tout s’organise où de multiples courants, voient le jour. En Angleterre, David Bowie, épaulé par le producteur américain Tony Visconti, pose les bases d’un Rock Théâtral qui deviendra le Glam Rock, un essai que renouvellera le producteur avec le groupe T Rex.
Aux États-Unis, une veine sudiste émerge avec Lynyrd Skynyrd et son immense succès Sweet Home Alabama, ou les texans barbus de ZZ Top et l’imparable riff de La Grange.
Queen de son côté, quitte un temps ses habits de Hard Rockeurs puristes pour se lancer dans l’expérimentation d’un rock opéra démesurément ambitieux sur Bohemian Rhapsody.
Tom Petty brouille les pistes en mélangeant rock traditionnel et pop, énergie et raffinement. Le titre American Girl continue d’inspirer des centaines de groupes à travers le monde, il aura même été "samplé" par des rappeurs pour constituer des tubes internationaux.
À la fin de la décennie, Van Halen ressuscite le concept du Guitar-Hero (une figure majeure de l’iconographie rock) en reprenant le flambeau de Jimi Hendrix dans une expression plus extrémiste qui alimentera plusieurs générations de "air-guitaristes".
La décennie se termine par l’émergence du Punk qui souhaite rompre avec l’establishment et revenir aux idéaux rebelles, provocants et libertaires des origines. La mode sera de courte durée mais posera les bases de nombres de mouvements à venir.
Une culture de masse, un genre mondial
Dans les années 80, le rock s’institutionnalise. Il s’affiche dans les rayons des hypers, envahit les écrans des chaines de télévision musicales naissantes, et sert de support à l’image de sociétés multinationales.
Illustration symptomatique de ces changements, des groupes comme Blondie et Police, directement issus des mouvements punks américains et anglais font le bonheur des charts du monde entier avec des titres comme Call Me ou Every Breath You Take.
Les groupes rock de cette époque se lancent à la conquête du monde. Ils remplissent des stades comme les irlandais de U2 ou Bruce Springsteen. Sunday Bloody Sunday, Born in The U.S.A… l’heure est aux hymnes. Même les tenants de l’esprit "alternatif" comme R.E.M. cèdent à l’appel des masses en annonçant dans une effusion de larsen la fin du monde et le bien-être...
Les années qui suivent se ressembleront beaucoup. Mélange de retour aux sources avec des groupes comme Guns’N’Roses et de nouvelles expérimentations avec les Pixies, chaque époque élira son groupe fétiche.
Pour chaque génération, une émotion singulière, un son, parfois juste une chanson, systématiquement une émotion, personnelle et fédératrice, unique et partagée par tous.
De la fusion maîtrisée des Red Hot Chili Peppers au Rock sauvage et désabusé du mouvement grunge porté par Nirvana. De la révolte politisée de Rage Against The Machine au revival anglais d’Oasis. Des aventures en terres électro de Radiohead aux hommages binaires du duo diabolique des White Stripes. Du rock doré des Strokes aux prolétaires de Sheffield des Arctic Monkeys. Des stoniens Black Keys au succès planétaire aux canadiens d’Arcade Fire, le rock n’a de cesse de se renouveler de se régénérer. Pour le plus grand bonheur de la jeunesse, mais aussi pour celui de leurs parents et parfois de leurs grands-parents.
Aujourd’hui, la flamme reste intacte. Elle continue de brûler pour les anciennes générations, avec la même vigueur, et se ranime chaque jour, pour un nouveau public. De quoi assurer sa pérennité et garantir de prometteuses mutations.