Les ours de Berne
Les ours sont étroitement liés à l'histoire de la ville de Berne. En 1191, le duc Berthold V de Zähringen décide d'établir dans la région une cité pour abriter les paysans alentours. Le duc organise alors une partie de chasse à l'issue de laquelle le nom du premier animal capturé sera donné à la nouvelle ville. Le destin choisira un ours, "ein Bär", la ville s'appellera donc "Bärn", puis "Bern(e)" et l'ours en deviendra son emblème en apparaissant pour la première fois en 1224 sur l'écusson de la ville.
La fosse aux ours fait partie de la vie des Bernois depuis 1513. Les ours y sont nourris aux frais du public. En réalité au printemps, une boutique spéciale vous vend des sucreries pour ours (fraises, framboises etc.), il suffit ensuite de les lancer aux protégés de la ville.
Un ours terrible : l’ours d’Antoinette Culet
Antoinette a 16 ans en ce soir d'avril 1602. Elle est partie le matin conduire ses brebis comme tous les jours, pour aider ses parents. Mais ce soir là, la jeune et jolie jeune fille ne rentre pas.
Trois ans plus tard, elle fut retrouvée vivante dans la tanière d'un ours et put raconter son histoire. L'ours, un gros mâle, l'avait enlevé ce fameux soir et l'avait emmené dans ses appartement, une caverne que l'ours obstruait en roulant une grosse pierre.
Elle dut subir quotidiennement les assauts charnels de l'animal. Bien qu'extrêmement lubrique, il faisait attention à elle et lui apportait des victuailles et même des vêtements qu'il chapardait aux hommes.
Les bûcherons qui la délivrèrent trouvèrent la jeune fille échevelée et à moitié sauvage. Elle déclara même qu'un enfant était né de cette union contre-nature : un enfant mi-homme mi-ours.
A Naves dans la vallée de la Tarentaise, personne ne croyait Antoinette et on la déclara folle. Mais la nuit de sa libération, l'ours vint rôder en hurlant près du village. Au troisième soir de plainte, les villageois le tuèrent. Sa dépouille fût brulée et ses cendres jetées dans un ravin.
Cette histoire traîna longtemps dans la vallée de la Tarentaise puis fut oubliée. La vérité semble plus s'approcher d'une banale histoire d'adolescente enceinte en fugue cachée par son entourage que d'une quelconque histoire d'ours amoureux.
Mais cette histoire est intéressante car elle s'attache à une vielle tradition d'enfants nés de père ours et de mère humaine. Sous des formes très diverses on la rencontre en Scandinavie, au Caucase, en France et même en Amérique du Sud. Ces enfants sont décrits dans les contes comme ayant une force prodigieuse mais un caractère asocial.
Les ours se plaisent aussi sur les cartes de visite
Monsieur Ursule Bernard.
Domicilié à l'angle de la rue des Bernardins et de l'avenue des Ursulines à Berne.
Ce monsieur, peut être né sous le signe de l'ours, pourrait encore plus sûrement être surnommé nounours. Comme les nombreux Bernard Orsini, ou les Ursula Bernier de l'annuaire ces gens ont un nom et un prénom qui signifie deux fois ours, une fois dans sa forme latine : ursus, une autre fois dans sa forme germanique : bern.
Teddy Bear, l’ours en peluche
Si nos enfants jouent encore aujourd'hui avec des ours en peluche c'est grâce à Théodore Roosevelt.
En 1903, Roosevelt rentra bredouille d'une chasse à l'ours de quatre jours. Croyant lui faire plaisir, les organisateurs enchaînèrent un ourson noir au pied d'un arbre. Le président aurait alors déclaré "Si je tue cet ourson, je ne pourrais plus jamais regarder mes enfants en face". Quelques jours après dans le Washington Star, un cartoon montra le président apitoyé et grand seigneur qui laissait la vie sauve à l'animal. Deux émigrants russes, Rose et Morris Michtom, immortalisèrent cette histoire en créant un ours en peluche qu'ils baptisèrent Teddy, du petit nom de Théodore Roosevelt. Le succès fut immédiat.
Signalons aussi que l'ours a été dans la lune. Lorsqu'Armstrong et ses compagnons s'envolèrent vers notre satellite au mois de juillet 1969, un ours en peluche les accompagnait !
Un ours présente le journal télévisé
10 octobre 1962, juste avant que Léon Zitrone ne présente le journal de 20h de la RTF, l'unique chaine de la télévision française, apparaissait pour la première fois Gros Ours. Le personnage, créé par Claude Laydu, en prenant un peu plus tard le nom de Gros Nounours. Il ne quittera jamais vraiment l'antenne. Pendant des années, au nom de son inflexible patron, le marchand de sable, il descendra tous les soirs de son nuage pour rappeler à Nicolas et Pimprenelle qu'il est temps de fermer les yeux... et de faire de beaux rêves...
Hommage soit rendu à tous ses ours de chiffons qui ensuite devinrent des doudous anonymes supportant sans jamais même se plaindre, les colères, les larmes et la morve de leurs innocents tyrans.
Des ours vedettes de la littérature et du cinéma
Omniprésent dans l'imaginaire des enfants depuis le début du XXème siècle...
Citons les personnages suivants :
Baloo : personnage du roman Le Livre de la jungle (1884) de Rudyard Kipling.
Winnie l'ourson : personnage de la littérature enfantine (1926) créé par Alan Alexander Milne.
Prosper : créé en 1933 par Alain Saint-Ogan.
Paddington : est créé par l'anglais Michael Bond, dans le livre "Un ours nommé Paddington"(1958).
Petit ours brun : créé par Claude Lebrun et la rédaction de Pomme d'Api (1975).
Quelques films aussi : "L'ours" de Jean-Jacques Annaud (1988), "Frère des ours" des studios Disney (2003).
Article réalisé par Eric Tournier, Romain Fleury et Jean-Pierre Fleury.