Le lion, mangeur d’Homme
Deux clans extrémistes s'affrontent en ce qui ce qui concerne la dangerosité des lions. D'un côté, ceux qui angélisent un animal qui ne serait qu'une grosse peluche ou un gros chat.
A l'opposé ceux qui diabolisent une créature du mal tout juste bonne à faire une descente de lit. Laissons ces opinions à la bêtise de leur manichéisme pour entrer dans le monde des professionnels de la grande faune sauvage.
Les autorités du parc Namibien d'Etosha, ont décidé de marquer les esprits des touristes indisciplinés en mettant en avant un terrible fait divers.
Dans chaque chambres des lodges, ils donnent à lire le récit suivant :
"Un groupe de villageois, riverains du parc, rentrait des champs au crépuscule. Pressés d'arriver, ils décidèrent de couper au plus court en traversant une zone interdite. Ils furent aussitôt pris en chasse par un groupe de lions. Un arbre providentiel leurs offrit un abri illusoire jusqu'à ce qu'une lionne en escaladant les premières branches ne saisisse une première victime. Les villageois, terrifiés assistèrent impuissants au carnage. Une fois le repas terminé les fauves entamèrent, repus, une longue sieste parmi les restes humains. Le second jour un autre villageois fut cueilli dans l'arbre et dévoré... et ainsi jusqu'au quatrième soir où un enfant, que le hasard avait envoyé là, donne l'alerte. Le dernier survivant halluciné par trop de terreur, livra son récit et sombra définitivement dans la folie".
Lors d'un tournage pour la chaine Seasons dans le Parc Kruger en Afrique du Sud, nous nous interrogions après avoir trouvé des chaussures qui manifestement avaient été en partie mangées. Les rangers qui nous accompagnaient, nous révélèrent une terrible vérité : ces quelques morceaux de mauvais cuir étaient tout ce qui restait du cadavre d'un émigrant clandestin qui avait tenté de traverser le parc. Les lions avaient pris l'horrible habitude de venir se servir parmi le flux des pauvres bougres qui, fuyant le Mozambique exsangue, passaient en Afrique du Sud pour ne pas succomber à la famine.
Un lion qui a gouté à la chair humaine ne peut plus s'en passer ?
Baliverne et vanité ! Pourquoi la viande humaine serait-elle meilleure que celle du buffle ou du phacochère ? Les lions ont naturellement peur des hommes et de leurs armes. Quand les circonstances lui ont donné le courage d'affronter victorieusement leur ennemi à deux pattes, un lion peut se convaincre qu'il n'est pas invincible et le considérer comme proie potentielle, parmi toutes les autres.
Le lion n'attaque pas spontanément l'homme et il préfère fuir. En cas de contact, il faut lui faire face et ne jamais fuir en se retournant car cela risque de provoquer son agressivité. Les femelles sont en général plus agressives que les mâles surtout si elles sont suitées (accompagnées de leurs petits).
Un lion blessé, affamé ou en chasse peut être dangereux.
Où l’observer ?
Il existe sur toute l'aire de répartition du lion en Afrique de vastes réserves dans lesquelles on peut observer l'animal.
Les plus fortes densités se trouvent au cratère du Ngorongoro en Tanzanie, dans le delta de l'Okavango au Botswana, dans le Masaï Mara National Park an Kenya ou dans le National Park de Chobe également au Botswana. A noter qu'au Sénégal, le parc du Niokolo-Koba offre de belles opportunités de rencontre.
On peut rendre visite aux lions dans les zoos et les parcs. La situation des animaux en cage, s'est considérablement améliorée ces dernières années en Europe. Tous les sujets présentés sont nés en captivité, il n'y donc plus de débouchés de ce côté-là pour le trafic d'animaux sauvages.
Il est toutefois à noter qu'un lion qui est né et qui a vécu en captivité est quasiment incapable de survivre une fois relâché dans la vie sauvage. Une histoire a longtemps circulé à ce propos. Elle commence dans un parc français où les lions sont choyés au point de proliférer.
On décide donc d'en relâcher quelques-uns dans l'immensité de la savane sénégalaise. Voici les félins qui prennent l'avion et qui se retrouvent crevant de chaud dans un parc de pré-lâcher. Au début bien-sûr on les nourrit de viande de boucherie, ensuite on poursuit leur acclimatation en leur offrant des proies vivantes en l'occurrence des vieux ânes. La suite ressemblerait à une fable de la Fontaine, les fauves ayant perdu leur instinct se firent rosser par les ânes et les lions affamés allèrent mendier leur pitance auprès des hommes qui, autres lieux autres moeurs, les accueillirent à coups de fusil...
Article réalisé par Jean-Pierre Fleury.