Origine et étymologie
Les étrennes désignent un cadeau, ou une gratification donnée à l’occasion des fêtes de Noël ou du début d’année. Le mot en lui-même pourrait être dérivé du nom de la déesse romaine de la santé, Strena, Strénia ou encore Strenie, la déesse des profits imprévus et qui était fêtée le premier jour de l’an. A l’écrit, l’auteur romain Quintus Aurelius Symmaque est le premier à rapporter cette coutume, introduite sous l’autorité du roi Tatius Sabinus, qui reçut la verbène (verveine, ou bois sacré) de la déesse Strena pour le bon augure de l’année à venir. En latin, le mot strenuus signifie brave, vaillant, dévoué, ou encore généreux. Dans les textes anciens, il n’est pas rare de voir le mot strena – qui désigne donc les étrennes – orthographié strenua, comme pour signifier que les étrennes sont destinées aux personnes de valeur et méritantes.
La tradition chez les Romains
Traditionnellement, les romains commencèrent à s’offrir des présents de nourriture (figues, dattes) pour se souhaiter une année douce, remplie de bonheur et de prospérité. Puis, les présents devinrent un peu plus considérables et gagnèrent en magnificence. L’usage des étrennes définitivement ancré dans les mœurs, le peuple allait souhaiter la bonne année à l’empereur, lui portant de l’argent. L’on raconte que l’empereur Tibère, qui n’aimait guère la compagnie, s’absentait les premiers jours de l’année pour se soustraire à l’incommodité de ces nombreuses visites. Les cérémonies des étrennes étaient si populaires qu’elles pouvaient occuper le peuple durant plusieurs jours. Tibère fut contraint de passer un édit pour restreindre la tradition des étrennes au premier jour de l’année. L’empereur Caligula, son successeur direct, publia un édit pour annoncer au peuple qu’il recevrait volontiers les étrennes le jour des calendes de janvier et qu’il percevrait personnellement les présents du peuple. L’empereur Claude, son successeur, abolit les étrennes. En 587, le concile d’Auxerre associa la tradition des étrennes à celle des sacrifices animaliers et des prières aux "faux dieux" du premier jour de l’an.
La tradition en France
En France, sous les Mérovigiens, l’année commençait le 1er mars, puis à Noël sous Charlemagne, et le jour de Pâques sous les Capétiens. Il a fallu attendre 1564, et l’édit du jeune roi Charles IX, pour que l’année civile débute au premier janvier. Il semble que cela n’ait pas empêché la tradition romaine de s’implanter également au premier janvier. Dès lors, la tradition gagna en importance. Pendant la Révolution Française, l’Assemblée constituante tenta, par le décret du 29 novembre 1789, de supprimer les étrennes reçues par les agents de l’Etat. En vain. Depuis la fin du XIXème siècle, la coutume d'offrir des cadeaux le 1er janvier a disparu au profit de Noël. Les facteurs, pompiers et éboueurs présentent traditionnellement leurs vœux en fin d’année et offrent des calendriers, en échange de quoi ils reçoivent des étrennes en argent liquide. Les concierges et femmes de ménage peuvent également recevoir des étrennes sous forme d’argent, de chocolats ou autres. Les étrennes restent avant tout une manière de les remercier pour leur travail tout au long de l’année.