Comment reconnaître le phoque gris ?
On peut confondre cet animal avec le phoque commun (le veau marin), nous allons donc décrire les deux espèces simultanément. La confusion avec le phoque-moine hélas n'est plus possible. Cet animal, autrefois présent sur les côtes méditerranéennes, n'est plus observable en France.
Description
Le phoque gris est plus massif que le phoque commun, un mâle de phoque gris pouvant atteindre 3,3 mètres pour 330 kilos, alors qu'un mâle de phoque commun dépasse péniblement 1,80 mètre et 130 kilos.
Voir un gros spécimen de phoque gris étendu sur son rocher est réellement un moment impressionnant.
L'autre caractéristique qui permet de différencier immédiatement les deux espèces est la longueur du museau, il est long chez le phoque gris alors qu'il est ramassé chez le veau marin. Du coup, la tète du phoque gris vue de profil est allongée et aplatie, alors que celle du veau marin est plutôt ronde.
Cependant, la plupart des caractéristiques du corps sont communes à l'ensemble de la famille des phocidés. Le corps est massif, de section ronde, totalement inadapté à la marche (contrairement aux otaries), les membres antérieurs ne pouvant s'appuyer sur le sol. Les membres postérieurs sont également incapables de s'articuler, ils sont dans l'axe de la partie postérieure du corps et ne servent qu'à la nage.
En ce qui concerne la robe, le phoque gris a en fait souvent une robe tachetée, les femelles étant plus claires. Seuls les vieux mâles arborent une robe presque uniformément grise, souvent avec quelques taches blanchâtres.
Le phoque gris et ses cousins
Connaître les cousins du phoque gris nous permettra de comprendre son évolution.
Les phoques sont classés avec les otaries et le morse dans la super famille des pinnipèdes. Ces animaux sont un exemple de retour à la vie aquatique, ils ont un ancêtre terrestre. Les études d'anatomie comparée comme les études moléculaires ont montré que les pinnipèdes étaient inclus dans l'ordre des carnivores, et que les ours semblaient être leurs plus proches parents. De fait, c'est un animal qui ressemblait à un ours, qui est retourné à la vie aquatique, et qui a donné l'ensemble des pinnipèdes actuels.
Si l'on en croit les calculs fait à partir de l'horloge moléculaire, cela s'est passé il y a environ 23 millions d'années. Cela correspond également au registre fossile, qui donne le plus ancien représentant à la fin de l'Oligocène. Ce fossile trouvé aux Canada montre une morphologie intermédiaire, les pattes pouvant encore servir à marcher mais les phalanges étant suffisamment aplaties pour nager. Au final, l'évolution des pinnipèdes est bien connue et est un merveilleux exemple pour montrer ce que la nature peut créer en quelques millions d'années.
Au sein de la super famille des pinnipèdes, on distingue 3 familles : les Odobenidés, une famille monospécifique qui ne contient que le morse, les otariidés (otaries et espèces apparentées) et les Phocidés (les phoques et les espèces apparentées). Les relations de parenté au sein des pinnipèdes sont toujours discutées, mais on pense que le morse est plus étroitement apparenté aux otaries qu'aux phoques.
La famille des odobenidés
Elle présente de nombreuses espèces fossiles, mais ces animaux hautement spécialisés n'ont pas survécu aux divers changements climatiques. Le morse est le seul représentant actuel de cette famille et il est adapté aux conditions de vie extrêmes de l'Arctique. Le morse est un gigantesque animal qui pèse deux tonnes et dont l'anatomie est unique. Outre son corps massif, on le reconnaît à ses deux immenses canines.
La famille des otariidés
Les otariidés sont des pinnipèdes agiles qui ont gardé une bonne capacité de mouvements sur la terre ferme. Les palettes natatoires antérieures sont grandes et permettent à l'animal de lever le haut de son corps. On notera aussi que les oreilles sont externes, au contraire de celles des phoques, totalement internes. Outre les différentes espèces communément appelées otaries, cette famille contient aussi les lions de mer.
La famille des phocidés
Cette famille contient tous les phoques mais aussi l'énorme éléphant de mer. Ce sont des animaux hautement adaptés à la vie aquatique et qui, en conséquence, sont très maladroits sur la terre ferme, ne pouvant que ramper et avancer à petite allure. Au contraire des otaries, les phoques ne peuvent orienter leurs membres antérieurs vers le sol, rendant le moindre mouvement assez compliqué. Leurs oreilles sont internes, les mamelles et les organes génitaux pouvant également se rétracter dans le corps. Une épaisse couche de graisse entoure le corps. Ils nagent avec une ondulation du corps très efficace, et ils peuvent faire de longues apnées. Ils peuvent aussi nager sur de longues distances et sont souvent migrateurs. Les zones de nourrissage sont parfois loin des zones de reproduction, ce qui fait que beaucoup d'espèces de phoques présentent une particularité très intéressante : les femelles doivent cesser de se nourrir durant l'allaitement. En conséquence, la période d'allaitement est courte, les jeunes devant rapidement être autonomes. L'efficacité de l'allaitement est augmentée par un lait extrêmement riche. Les phocidés sont essentiellement des animaux des eaux froides, à l'exception des phoques-moine qui aime les zones plus chaudes, voire subtropicales. Si certains phocidés ne dépassent guère 1,50 mètre, la taille maximale est atteinte chez l'éléphant de mer, animal qui frôle les 5 mètres et les 2,5 tonnes.
En France, la famille des phocidés est représentée par le phoque gris (Halichoerus grypus) et le phoque commun (Phoca vitulina).
On notera, en le déplorant, le cas du phoque moine (Monachus monachus), une espèce autrefois présente sur les côtes françaises, en Méditerranée. Ce phoque n'a pas supporté la dégradation de son habitat, et est maintenant absent en France. Il ne reste plus que quelques populations dans toute la Méditerranée et l'Atlantique Est. 400 individus survivent au total, ce qui en fait une des espèces de mammifères les plus menacées.
Espérons qu'on ne répétera pas la triste histoire du phoque-moine des Caraïbes, Monachus tropicalis, espèce considérée comme disparue depuis 1950.
Ethologie du phoque gris
Alimentation
Le phoque gris trouve énormément de poissons et de crustacés sur les côtes bretonnes. En ce qui concerne les poissons, il semble avoir une nette préférence pour les lançons. D'autres poissons rencontrés sur le fond sont consommés, par exemple les poissons plats comme les soles et les plies. Les crabes sont les crustacés les plus recherchés.
Comme tous les phoques, le phoque gris pour rechercher sa nourriture, peut rester en apnée pendant une dizaine de minutes.
Activité
Lorsqu'il en chasse, le phoque gris ne s'aperçoit que de temps à autres, lorsqu'il sort sa tête de l'eau pour prendre une bruyante respiration en surface. Il retourne alors à l'exploration de ses rochers. Les phoques ne sont pas aussi agiles que les otaries, mais ce sont des champions de l'efficacité, leur nage ondulée pouvant les emmener sur de longues distances. Mais très souvent, l'animal vient se reposer sur un rocher, parfois par petits groupes. Les phoques gris peuvent rester des heures ainsi.
Les phoques se déplacent sur de longues distances. Des individus, relâchés en mer d'Iroise ont été repérés grâce aux balises Argos quelque jours plus tard au Sud de l'Irlande.
Reproduction
Comme tous les phocidés, les phoques gris sont polygames.
En France, on observe des colonies reproductives de phoques gris à la pointe de la Bretagne, alors que le veau marin se reproduit surtout en baie de Somme, et en baie du Mont-Saint-Michel.
Les mâles se battent pour les femelles, même si la plupart du temps, de simples intimidations suffisent à établir la hiérarchie.
Les femelles mettent bas après 11 mois de gestation, dans le calme d'îlots rocheux les plus isolés possible.
Les trois premières semaines de leur vie, les petits sont allaités ; ils sont recouverts d'une fourrure blanche, très jolie (et très convoitée) mais perméable.
Par la suite, cette fourrure est remplacée par un pelage étanche, et le jeune phoque doit commencer à plonger et à se nourrir lui-même.
Carte d’identité du phoque gris
Classe: Mammifères
Ordre : Carnivores
Famille : phocidés
Nom : Halichoerus grypus
Article réalisé par Arnaud Filleul.