Un des fruits de la mer les plus cueillis de par le monde
La pieuvre est pêchée et consommée. L'espèce de nos côtes étant probablement celle qui a subit la plus forte pression de pêche, sur toute son aire de répartition. Le poulpe est surtout recherché à grande échelle par les Espagnols et les Japonais.
Il existe aussi des méthodes locales plus rustiques. Ainsi, au Maroc et en Tunisie, il est courant de voir des pêcheurs placer des filières de poteries creuses près des rochers et des coraux. Les poulpes aiment y passer la nuit à l'abri, elles viennent spontanément s'y glisser, hors de portée des prédateurs. Il ne reste qu'à récolter au petit matin. Cette méthode est vielle comme l'antiquité méditerranéenne, elle est d'ailleurs représentée sur certains vases grecs.
On consomme surtout les bras, les Japonais les consommant cuits ou crus. C'est effectivement excellent. Notons qu'il existe des recettes, principalement asiatiques, pour préparer le manteau. On a même vu des restaurants offrir des petits poulpes à consommer crus et vivants.
Le poulpe de nos côtes, céphalopode surtout présent en Méditerranée, a abondé certaines années dans la Manche, souvent après des hivers doux, pour disparaître la saison suivante. Ces années fastes, les poulpes ont été considérés comme une véritable peste par les éleveurs de poissons et mollusques.
Où rencontrer des pieuvres ?
Sur toutes nos côtes, mais surtout en Méditerranée, et plus globalement dans les environnements côtiers rocheux ou coralliens.
Dans des mers froides :
Longtemps, les côtes de la Manche furent très riches en pieuvres et minas. Il était courant que celles prises dans le chalut, cherchent leur salut en allant se refugier en tête de mat des bateaux. Ces étranges guirlandes ont maintenant disparues tant les animaux se sont fait rares après l'hiver 1962-1963. Cette année là, le froid terrible (la mer était gelée à Granville) conjugué à de très forts coefficients de marée (à mer basse les animaux n'ont plus la protection thermique offerte par l'eau) tua les pieuvres en si grand nombre que jamais plus les populations ne se relevèrent. Les pieuvres ont quasiment disparues de la récolte des pêcheurs à pied qui les repéraient à marée base grâce à la présence des coquilles vides qui s'amassaient devant le trou leur servant d'abri.
En Méditerranée :
Les poulpes assurent à leurs corps défendant, l'ambiance sonore des débuts de soirée dans les Iles Grecques :
La chair des poulpes doit être travaillée pour être appréciée. C'est en les battant en rythme contre les pierres des quais que les pêcheurs, depuis l'antiquité, les attendrissent avant de les faire griller.
Les grecs anciens étaient experts dans la capture des poulpes.
Ils utilisaient, prétend Elien, une méthode très facile qui consistait à attendre ceux-ci quand ils viennent à terre pour piller les oliviers dont ils raffolent des fruits. Les temps ont bien changé, les poulpes n'aimeraient-ils plus les olives... ?
Les deux autres méthodes sont beaucoup plus crédibles :
- la première consiste à immerger une femelle vivante au bout d'une corde et à attendre qu'un mâle amoureux vienne faire sa cour, pour ensuite remonter ensemble Monsieur et Madame toujours unis dans leur étreinte.
- la seconde, encore employée de nos jours, est basée sur le tropisme qu'ont les poulpes pour les objets creux. Peut-être traumatisés par le fait de ne pas avoir de coquille, (un peu comme le fait le bernard-l'ermite), ils se réfugient systématiquement dans la première cavité qui leur est offerte. En immergeant de simples poteries sans aucuns appâts, depuis des millénaires, (les vases grecs en attestent), pêcheurs locaux récoltent les fruits de leurs mers.
Et partout dans le monde :
A l'Ile Rodrigues, dans le grand large de l'Ile Maurice, existe une communauté féminine de pêcheuses de zourites. Ces femmes pêchent professionnellement, ces pieuvres des Mascareignes, à l'aide de tridents en s'immergeant jusqu'à la taille dans les eaux du lagon. Leur pêche autrefois très abondante, fait maintenant l'objet de restrictions. Il est quand même possible de voir à l'extérieur des maisons des zourites séchant au vent dans l'attente d'être citronnées et battues pour être attendries avant d'être transformées en civet de zourites, un des joyaux de la gastronomie locale.
Article réalisé par Arnaud Filleul et Jean-Pierre Fleury.