L’étymologie aurait plutôt tendance à générer la confusion
Python, nom d'un serpent fabuleux qu'Apollon tua à coup de flèches. Ce nom vient du grec qui signifie pourriture et fut donné à ce serpent, parce qu'il fut formé de la pourriture et des eaux croupies du déluge. Junon, une jalouse, se servit du serpent qui était d'une prodigieuse grandeur pour tourmenter Latone au moment des naissances d'Apollon et de Diane, enfantés par Jupiter. Apollon qui naquit prématuré se vengeât en trucidant le serpent.
L'incident se passa quelque part du coté de Delphes, cité devenue célèbre pour ses devineresses : les pythonisses. Les mots python, pythonisse se mélangèrent tellement au fil des croyances et du temps que longtemps le python n'eut d'autre appellation que celle de serpent devin.
Au 19ème siècle, les dictionnaires donnent encore devin comme synonyme de boa constrictor.
Boa, les ouvrages anciens le définissent comme un serpent aquatique d'une prodigieuse longueur qui suit les troupeaux de boeufs. C'est de cette habitude qu'il tiendrait son nom. Il suce les mamelles des vaches tant il aime le lait. En Calabre, sous le règne de l'empereur Claude (1er siècle après J. C) on en tua un qui avait en son ventre le cadavre d'un enfant. Quelques auteurs disent qu'il peut avaler un boeuf !
Anaconda est un mot d'origine récente en français, il vient de l'amérindien, langue dans laquelle il signifie serpent-querelleur. Son ancien nom était eunecte, littéralement en latin celui qui nage bien.
Des récits terrifiants qui ont contribué à leur mauvaise réputation
"La nature a fait le serpent roi par la supériorité des dons qu'elle lui a prodigués. Elle lui a accordé la beauté, la grandeur, l'agilité et la force, hors le funeste poison. Le devin (le python) est parmi les serpents, comme l'éléphant ou le lion parmi les quadrupèdes. Il surpasse les animaux de son ordre par sa taille comme le premier et par sa force comme le second. Il y en aurait de 50 pieds (= 16,60 m) qui vivent dans des déserts brulants où l'homme ne pénètre jamais. C'est aussi à cette espèce qu'appartenait ce serpent énorme dont Pline a parlé et qui arrêta pour ainsi dire, l'armée romaine auprès des côtes septentrionales de l'Afrique". (Extraits de L'histoire naturelle des serpents par le Comte de La Cépède, 1789).
Un voyageur, nommé Artus, dit qu' on a retrouvé dans leurs entrailles non seulement des animaux mais des hommes entiers , et signale qu'on a retrouvé dans ce qui s'appelait alors la Côte d'Or un "nègre" entier dans un serpent de 25 pieds (7,6 m) de long.
Sous la plume d'André Cleryerus, en 1663, on peut lire "j'ouvrais le ventre d'un de ces serpents et j'y trouvais un cerf entier, encore revêtu de sa peau, d'un second je tirais un bouc sauvage, avalé malgré ses grandes cornes et d'un troisième un porc-épic avec ses piquants".
Dans un autre récit contemporain du précédent, il est relaté que dans le royaume du Congo, il existe des serpents de 25 pieds qui mangent les moutons. Ils s'étendent généralement au soleil pour digérer ce qu'ils ont mangé. Lorsque les natifs les aperçoivent, ils les tuent, leur coupent la tête et la queue. Ils les éventrent et les mangent en les trouvant fort gras.
Dans le python tout est bon
Il m'est arrivé au cours d'un tournage d'Histoires Naturelles dans la savane du Nord-Cameroun d'être témoin et en partie acteur de la scène suivante. Etant sur pied depuis bien avant les aurores pour suivre et filmer des buffles nous avions laissé une partie de notre équipe de pisteurs africains dans la fraicheur toute relative d'un petit bosquet au bord d'un point d'eau. Lorsque nous rentrâmes, exténués et affamés, au bout de longues heures de marche, l'atmosphère aux abords du point d'eau, était à l'excitation. Les pisteurs venaient juste de tuer un énorme python. Celui-ci, manifestement en train de digérer une proie à l'endroit même où il l'avait surprise alors qu'elle s'abreuvait, s'était endormi sur place. Le cadavre du python montrait un énorme renflement qui s'avéra contenir un céphalophe dont le train-avant et la tête avaient complètement disparus après une bonne semaine de digestion. Le train-arrière était absolument intact au point que le cuisinier de l'équipe le prépara à la plus grande satisfaction de certaines des personnes de l'entourage. Devant notre peu d'entrain pour son ragout, il nous prépara des darnes de python qui se révélèrent être tendres et bonnes comme le meilleur poulet. Rien ne fut perdu, pas même les parties de peau du céphalophe, encore en cours de digestion, qui étaient sensées devenir des grigris extrêmement efficaces en particulier contre les vols dans les cases.
Un commerce lucratif
La viande et la peau de python ont encore une valeur commerciale et ils sont encore chassés dans le Nord du Cameroun, dans la zone frontière avec le Nigéria. Il existe, là-bas, une méthode en théorie interdite mais qui était encore utilisée quelques années auparavant. Cette méthode consiste à repérer un terrier fréquenté par un python et à le faire venir avec l'appât le plus naturel qu'un chasseur possède : son propre corps !
Il suffit pour cela de s'entourer la jambe d'une pièce de tissu (genre sac à pommes de terre), de l'humecter de l'odeur d'une proie (une volaille a fait ses preuves) et d'engager le membre ainsi piégé dans le trou. Le serpent engame et ne pouvant relâcher sa proie à cause de l'orientation de ses dents, est hissé en dehors de son abri. L'opération doit être menée rapidement sinon les sucs digestifs ont le temps d'attaquer le tissu mais aussi les chairs du chasseur ...
Je tiens de sources sûres, qu'il n'y a guère plus de soixante-dix ans, il existait une variante terrible de cette chasse. C'est un adolescent qui servait d'appât. Attaché au-dessus du terrier, il devait montrer son courage en se laissant prendre par le serpent et ne donner l'alarme qu'une fois bien sûr que celui ne pourra plus le recracher, les chasseurs de la tribu étant alors sensés venir le délivrer et capturer le python...
L’herpétophilie : une passion qui dévore certains, qui en rebute d’autres, qui en étonne beaucoup…
De nos jours les serpents sont devenus des NAC. Cet acronyme récent désigne les Nouveaux Animaux de Compagnie.
Il existe des clubs, des sites, des blogs et un marché en voie de légalisation. Voici quelques conseils pour ceux qui seraient tentés par l'aventure :
Boa constrictor
Le Boa Constrictor Imperator est recommandé à ceux qui veulent débuter avec un "gros" serpent. Dès qu'il a atteint la taille de 40-50 cm, il est facile à élever (avant il peut être agressif). N'étant pas naturellement porté au stress, il se laisse volontiers manipuler et nourrir. Mais attention! C'est un contrat de longue durée que vous passez avec lui, car le Boa Constrictor peut vivre jusqu'à 30 ans, certains spécimens allant même jusqu'à 40 ans !
Quelque conseil pour assurer le maximum de bien-être
Assurez une hygrométrie à 80%, une température de 23-25°C la nuit et de 30°C le jour. Chauffez sans vous servir de néon car vous risqueriez de stresser l'animal avec un excès de lumière. Il serait atteint de lésions aux yeux et deviendrait lucifuge et chercherait systématiquement l'obscurité. Aménager le terrarium avec des souches, des branches où il trouvera des cachettes.
Nourrissage
Le contact avec une proie est la seule circonstance qui peut faire sortir un serpent de sa léthargie et qui l'oblige à faire un peu d'exercice. La prise de nourriture est le seul moment en rapport, même lointain, avec la vie sauvage. C'est pourquoi il est conseillé de donner des rats vivants et capables de fuite et de défense. Attention après avoir manipulé une proie, prenez soin de changer de gant. Celui, dont vous vous êtes servi ayant gardé l'odeur de la proie risquerait de provoquer l'attaque de votre pensionnaire.
Python royal
Assurer une hygrométrie entre 70 et 80 % et une température devant osciller entre un point chaud de 35°C et un point froid de 25°C pour le jour, un point chaud de 25°C et un point froid de 22°C pour la nuit. L'éclairage est superflu si le cycle jour-nuit est respecté.
Le terrarium doit être vaste, bien pourvu en cachettes et muni d'un grand bac d'eau souvent renouvelée. Dimensions : 100x60x60.
La nourriture doit être des rongeurs vivants. Il est à noter qu'il lui arrive de refuser spontanément la nourriture, notamment l'hiver. Ces "grèves de la faim" cessent souvent comme elles ont commencé, sans qu'il y ait de quoi s'inquiéter.
Il peut se reproduire en terrarium. Il a besoin d'une période de repos d'environ 3 mois (d'octobre à février) à 22°C dans la pénombre, les mâles étant alors séparés des femelles. Il est ovipare. Il est préférable de mettre les oeufs dans un incubateur à 31/32°C.
Législation concernant les "serpents de compagnie"
En France, un certificat de capacité est obligatoire pour la vente mais également, dans certains cas, pour la détention de ces animaux non domestiques.
Un arrêté est sorti pour définir les quantités et types d'espèces qui peuvent être détenues par les particuliers. Il détermine également les espèces que peuvent vendre les animaleries.
Il y est notamment précisé les espèces pour lesquelles le certificat de capacité est obligatoire, dès le premier spécimen.
Arrêté du 10 août 2004, liste non exhaustive :
Toutes les espèces classées en annexe A de la Communauté Européenne comme le Boa Constrictor Occidentalis.
Les boïdés dont la taille adulte est égale ou supérieure à 3 mètres, comme Python Molurus, Python Sebae, Python Reticulatus, Morelia Amethistina.
Le maintien en captivité des reptiles n'est pas interdit. Seuls les transports et le commerce sont soumis à document CITES par exemple, pour les espèces protégées par la Convention de Washington.
Il faut pouvoir justifier l'origine licite de ces animaux.
C'est au propriétaire de fournir la preuve que l'animal en question a bien été acheté dans un magasin qui répertorie chaque espèce dans un registre d'entrées et de sorties où sont écrits les noms, origines et numéros de CITES des animaux achetés ou cédés. Un numéro CITES n'est pas obligatoire pour la vente d'animaux effectuée à l'intérieur de l'Union Européenne.
Si l'on prend la loi à la lettre, toute personne détenant un serpent ou tout autre animal non domestique devient responsable de fait d'un établissement d'élevage et se trouve dans l'obligation légale d'obtenir le certificat de capacité pour l'entretien de cet animal.
Les Directions des Services Vétérinaires sont directement responsables du contrôle des établissements détenant des animaux non domestiques.
En pratique, si vous détenez à titre privé, chez vous et hors de la vue du public, il n'y a aucun moyen de contrôle direct chez vous et sans votre consentement explicite.
Seuls, la vente, l'échange, la cession à titre gratuit ou le transport sont des activités réglementées qui peuvent être contrôlées ou vérifiées par les autorités.
Article réalisé par Jean-Pierre Fleury.