Les raies que l'on peut rencontrer sur nos côtes

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Raie torpille
Raie torpille
La plupart des raies ont des "têtes" sympa, on leur prête même une intelligence au dessus de la moyenne mais attention certaines sont armées pour se défendre.

L’ange de mer

Drôle de poisson !
On ne se sait pas trop si c'est une raie ou un requin au premier regard. La forme de Squatina squatina est intermédiaire entre celle de la raie et celle des requins. L'ange de mer appartient à l'ordre des squatiniformes et à la famille des Squatinidés. Ce groupe était autrefois considéré comme un stade évolutif intermédiaire entre les raies et les requins. Il a cependant été démontré qu'une espèce actuelle ne peut pas être un intermédiaire. Il s'agit en fait du groupe-frère (le plus proche parent) de l'ensemble requins-scie/raies. C'est un animal aplati dorso-ventralement, ce qui témoigne d'une adaptation à la vie benthique. Les nageoires pectorales et pelviennes sont très développées.
La tête, de forme arrondie, porte une bouche protractile séparée des nageoires pectorales par un sillon.
Les nageoires dorsales sont situées dans la partie postérieure du corps de l'animal. La nageoire anale est absente.
Comme la forme de son corps le suggère, l'ange de mer vit sur les fonds sableux et vaseux, dans lesquels il peut s'enterrer. On a pu observer des migrations saisonnières, en particulier vers le nord, pendant l'été. C'est une espèce nocturne qui se nourrit des animaux qu'elle rencontre sur le fond, c'est à dire essentiellement de poissons plats, comme la plie et la sole, mais il peut également manger des raies. A l'occasion, l'ange de mer consomme des céphalopodes, des gastéropodes ou des crustacés.
L'ange de mer est ovovivipare et produit 9 à 20 jeunes de 24 à 30 cm par cycle reproducteur. La taille maximale est de 2,50 m.

Carte d'identité
Squatinus squatinus
Famille des squatinidés
Nom vernaculaire : ange de mer
Répartition géographique : Atlantique du nord-est, de la Norvège au Maroc. Méditerranée
Taille maximale : 2,50 m
Poids maximal : 80 kg

La torpille marbrée

Raie torpille sur le sable
Raie torpille sur le sable

Voici un rajiforme qui n'est pas du goût de tout le monde, et pour cause : sa caractéristique la plus connue est la présence d'organes électriques situés de part et d'autre de la tête. Ces animaux produisent des décharges dont l'intensité est proportionnelle à la taille des individus.
Tous les Torpédinidés (13 espèces) possèdent ces organes. Sur nos côtes, on compte également la torpille noire, Torpedo nobiliana, et la torpille ocellée, Torpedo torpedo. Le corps de ces animaux est discoïdal et porte une queue de taille réduite, ce qui leur donne une allure plutôt trapue.
Les deux dorsales sont situées très postérieurement sur la queue.
Chez la torpille marbrée, la plus courante, le corps présente des marbrures brunes sur fond clair. Parfaitement adaptée à la vie benthique, elle vit sur les fonds sableux ou vaseux où elle s'enfouit, ne laissant sortir que ses yeux. Elle pénètre occasionnellement dans les eaux saumâtres.

Corps discoïdal d’une torpille, disséqué pour monter ses deux organes électriques d’aspect aréolaire
Corps discoïdal d’une torpille, disséqué pour monter ses deux organes électriques d’aspect aréolaire

Une spécialiste de la pêche électrique
La torpille marbrée se nourrit presque exclusivement de poissons sans présenter de préférences marquées pour une espèce. Son mode de chasse est typique : la torpille à l'affût attend qu'un poisson passe près d'elle. Lorsqu'un poisson est à portée, elle fond sur lui puis se redresse en déchargeant de l'électricité. Le poisson paralysé est ingéré par la torpille qui continue de produire des décharges électriques. On peut noter au passage que les décharges électriques produites par cette espèce peuvent dépasser les 200 Volts. La torpille est un animal vivipare dont le cycle de reproduction s'étale sur deux ans. Les jeunes (5 à 32 par cycle reproducteur) mesurent 10 à 14 cm à la naissance.
Les électrocytes commencent à se développer quand les embryons pèsent 1 g. Les organes électriques sont fonctionnels avant la naissance et les nouveau-nés peuvent s'en servir immédiatement dans leur activité prédatrice. La taille maximale est de 80 cm. Cet animal se capture occasionnellement en pêchant à la ligne. N'essayez pas de la prendre, coupez le fil.
Un conseil si vous devait absolument manipuler une torpille, prenait la par la queue, elle sera alors inoffensive et vous montrerez aux professionnels qui vous regardent en attendant goguenards que vous preniez une châtaigne, que vous connaissez la mer.
La torpille est réputée immangeable. Pourtant elle était appréciée dans les iles atlantiques en particulier l'ile de ... Ré.

Carte d'identité
Torpedo marmorata
Famille des torpédinidés
Nom vernaculaire : torpille marbrée
Répartition géographique : Atlantique est, depuis le nord des îles Britanniques jusqu'en Afrique du Sud et en Méditerranée
Taille maximale : 80 m
Taille courante de capture : 30-50 cm

Les pocheteaux

Ils appartiennent à l'ordre des rajiformes et à la famille des rajidés, vaste groupe qui comprend plus de 200 espèces. On trouve des membres de cette famille dans tous les océans du monde (la plupart des raies de nos côtes sont des rajidés).


Il existe deux espèces de pocheteaux sur nos côtes, le pocheteau gris (Dipturus batis) et le pocheteau noir (Dipturus oxyrynchus).
Ces rajidés se reconnaissent à leur museau allongé et pointu. Cette caractéristique est encore plus marquée chez le pocheteau noir, dont le nom anglais est d'ailleurs : "longnosed skate" qui pourrait se traduire par "raie à long nez".
Le pocheteau gris se différencie également du pocheteau noir par son patron de coloration : robe marron, ocelles et taches claires pour le pocheteau gris, robe très sombre, parsemée de taches plus claires pour le pocheteau noir. La queue du pocheteau gris présente des épines, même entre les deux nageoires dorsales, situées très postérieurement.
Le pocheteau noir ne possède pas d'épines entre les deux nageoires dorsales, ces dernières se trouvant dans la partie postérieure de la queue.
Ces animaux peuvent atteindre de grandes tailles, le pocheteau gris pouvant mesurer jusqu'à 2,50 m. Le pocheteau gris est une espèce benthique eurytherme que l'on trouve dans les eaux côtières sur des substrats vaseux ou sableux. On les trouve, en général, sur des fonds supérieurs à 100 m, mais excédant rarement les 200 m. Le pocheteau noir apprécie les mêmes substrats mais il semble que sa profondeur de prédilection soit environ 200 m.
Les pocheteaux sont des animaux carnassiers qui se nourrissent pratiquement exclusivement de poissons. On a ainsi trouvé dans l'estomac de ces rajidés nombre d'espèces de poissons benthiques et bentho-pélagiques, comme des tacauds, des merlans, des poissons plats, des petites morues et des petits requins. Ses mâchoires sont armées de dents pointues.

Etui rejeté sur le rivage contenant des œufs de raie
Etui rejeté sur le rivage contenant des œufs de raie

Reproduction
Les pocheteaux sont des animaux ovipares à fécondation interne.
Les oeufs des pocheteaux, comme tous les oeufs de rajidés sont contenus dans des étuis rectangulaires. Faits de collagène et de kératine, protégés de soufre antibactériens, ces oeufs font souvent l'étonnement des promeneurs qui peuvent les trouver, échoués sur toutes les plages de nos littoraux.

Carte d'identité
Dipturus batis
Famille des rajidés
Nom vernaculaire : pocheteau gris
Répartition géographique : est de l'Atlantique, de la Norvège au Sénégal, ainsi que dans l'ouest de la Méditerranée et de la mer Baltique
Taille maximale : 2,54 m
Poids maximal : 65 kg
Dipturus oxyrynchus
Famille des rajidés
Nom vernaculaire : pocheteau noir
Répartition géographique : est de l'Atlantique, de la Norvège au Sénégal. Mer Méditerranée
Taille maximale : 1,50 m

La raie bouclée

Raie bouclée © Arnaud Filleul
Raie bouclée © Arnaud Filleul

Le patron de coloration est variable d'un individu à l'autre mais la robe présente, d'une façon générale, des taches formant des marbrures ou des ocelles. La raie bouclée est un rajidé, comme la plupart des raies de nos côtes.
C'est une espèce benthique que l'on rencontre sur des nombreux types de substrat allant de la vase aux galets, parfois même sur des rochers.
On la trouve depuis le bord jusqu'à environ 300 m de profondeur. La raie bouclée est un animal opportuniste qui consomme différentes proies qu'elle broie à l'aide de ses pavés dentaires. Les juvéniles consomment majoritairement des crustacés, alors que les adultes ont une préférence pour les poissons, bien qu'ils demeurent omnivores. On trouve dans les contenus stomacaux des mollusques céphalopodes et bivalves, des annélides polychètes, des crustacés et de nombreux petits poissons comme les lançons, les sprats, les gobies, les tacauds et les petits merlans.

Caractéristiques anatomiques de la raie bouclée
Caractéristiques anatomiques de la raie bouclée

La raie bouclée est un animal ovipare à fécondation interne qui produit environ 150 oeufs par an. La maturité sexuelle est atteinte à 3 ans et la durée de vie est estimée à 14 ans. Les oeufs mesurent de 6 à 9 cm et donnent naissance à des juvéniles qui se nourriront de proies du necton et du zoobenthos, essentiellement de petits crustacés.

Carte d'identité
Raja clavata
Famille des Rajidés
Nom vernaculaire : raie bouclée
Répartition géographique : est de l'Atlantique, depuis la Norvège jusqu'au Sénégal. Méditerranée et mer Noire
Taille maximale : 101 cm
Poids maximal : 17 kg

L’aigle de mer

Aigle de mer
Aigle de mer

Cette raie appartient à l'ordre des rajiformes, au sous-ordre des myliobatoidae et à la famille des myliobatidés. Cette famille est caractérisée par une tête élevée et souvent arrondie, au contraire de la tête plate des rajidés. La queue est généralement longue et effilée et la nageoire caudale absente. Le groupe comprend 4 genres pour 24 espèces.
L'aigle de mer se reconnaît facilement à sa tête ronde que prolongent deux ailerons de forme allongée. La queue est armée d'un ou de plusieurs aiguillons. Ce poisson ne possède qu'une seule nageoire dorsale. La robe de l'aigle de mer est terne.

Ce sont des animaux bentho-pélagiques que l'on peut trouver sur le fond, assez souvent en groupe. On les voit régulièrement entre deux eaux, voire jusqu'à la surface. Le plus souvent très près des côtes, dans les baies et les estuaires, on les reporte cependant jusqu'à une profondeur de 95 m. L'aigle de mer se nourrit d'animaux benthiques comme les éponges, les annélides, les crustacés, certains poissons, mais surtout les bivalves qui forment la plus grande partie de son régime alimentaire. Il n'hésite pas à ingérer des coquillages de grande taille qu'il peut broyer grâce à sa dentition puissante.
C'est une espèce ovovivipare à fécondation interne. Après 6 à 8 mois de gestation 3 à 7 jeunes sont mis au monde.
Les juvéniles sont immédiatement autonomes et se nourrissent de proies animales benthiques et planctoniques.

Carte d'identité
Myliobatis aquila
Famille des myliobatidés
Nom vernaculaire : aigle de mer
Répartition géographique : depuis l'Ecosse jusqu'au Sénégal. Méditerranée.
Taille maximale : 180 cm

La pastenague

Pastenague
Pastenague

C'est la plus connue de nos raies venimeuses, la pastenague possédant un ou deux aiguillons venimeux et particulièrement efficaces. Il ne faut pas confondre pastenague et aigle de mer, qui peuvent avoir le même nom régional. La tête de la pastenague est surélevée par rapport au disque mais de façon moins bien prononcée que chez l'aigle de mer. De plus, la forme du disque est différente, l'aigle de mer ne possédant pas d'aileron effilé. La queue de la pastenague est longue et pointue et l'on remarque l'absence de nageoires dorsale et caudale. Cette espèce peut atteindre de grandes tailles, jusqu'à environ 2,50 m. La pastenague commune appartient au sous-ordre des myliobatoidae et à la famille des dasyatidés. On rencontre des raies venimeuses appartenant à cette famille partout dans le monde. Tous les animaux de ce groupe ont une longue queue dépourvue de nageoire caudale. La famille comprend 6 genres pour 50 espèces. On trouve la pastenague sur les fonds sableux et vaseux, parfois dans les estuaires et près des rochers. On peut rencontrer des individus solitaires mais il arrive aussi qu'ils se regroupent. C'est une espèce côtière qui ne dépasse pas une centaine de mètres de profondeur. Le régime alimentaire est constitué essentiellement de poissons, du moins chez l'adulte puisque les juvéniles préfèrent les crustacés.
On trouve, en outre, une grande diversité d'animaux dans les contenus stomacaux, par exemple des vers annélides, des gastéropodes, des bivalves, des amphipodes, des crabes de toutes sortes. La pastenague est un animal ovovivipare à fécondation interne dont la gestation est de 4 mois. Quatre à sept jeunes sont mis au monde. A leur naissance, les individus consommeront des proies animales benthiques et pélagiques.

Les pastenagues sont dangereuses !
Pas besoin d'aller en Australie pour constater des accidents. La mémoire collective de nos régions côtières est pleine des récits d'accidents graves, voire mortels occasionnés par les pastenagues.
Cette réputation ne justifie pas les sévices que les pêcheurs professionnels leur ont longtemps fait subir. Sur chaque pont de chalutier existait un couteau spécialement disponible pour couper la queue d'une raie trop petite avant de la remettre à l'eau dans l'espoir illusoire qu'elle survive suffisamment pour être commercialisable.

Carte d'identité
Dasyatis pastinaca
Famille des Dasyatidés
Nom vernaculaire : pastenague commune
Elle est appelée tare dans la Baie du Mont-Saint Michel où des individus juvéniles abondent dans les "bichettes" des pêcheurs de crevettes et de bouquets.
Répartition géographique : depuis la Norvège jusqu'en Afrique du Sud. Méditerranée et Mer Noire.
Taille maximale : 2,50 m


Article réalisé par Arnaud Filleul.

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