Evolution des reptiles marins
Les reptiles marins comptent parmi les animaux disparus les plus spectaculaires, et ils suscitent le même intérêt que les dinosaures chez les amateurs de paléontologie. En effet, et c'est une précision importante, ces animaux ne sont pas des dinosaures, bien que d'aspect « monstrueux ». Le terme « dinosaures » désigne un groupe bien précis et non l'intégralité des grands reptiles fossiles. Ces animaux, ichtyosaures et mosasaures, sont également à l'origine de nombreuses histoires quant à leur supposée survivance, comme celle du monstre du Loch Ness. Une de ces formes connues uniquement à l'état fossile a-t-elle pu survivre jusqu'à nos jours ...
Le grand animal de Maastricht, une conquête des armées de la Révolution…
Aux environs de l'année 1770, un crâne fossilisé de très grande taille fut découvert dans les carrières de Maastricht. A cette époque, la paléontologie était une discipline naissante et la théorie de l'évolution n'avait pas encore été émise. C'est donc avec le plus grand étonnement que fut accueillie cette trouvaille qui acquit une célébrité immédiate. Hoffman, chirurgien et collectionneur de fossiles, acheta le spécimen aux carriers, mais l'animal convoité allait de nombreuses fois changer de propriétaire. En 1794, les armées révolutionnaires arrivent à Maastricht et, informées de la valeur du fossile, décident de s'en emparer. Ce n'est cependant que grâce à une récompense de 600 bouteilles de vins, promise par le général qui commandait cette armée, que la motivation des soldats permis de retrouver le fossile soigneusement caché par son propriétaire de l'époque. Le fossile arrive au Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris en 1795, date qui correspond aussi à l'arrivée dans cette institution de l'un de ses plus brillants naturalistes, Georges Cuvier.
Les scientifiques qui avaient précédemment inspectés le spécimen pensaient que le crâne appartenait à un crocodile ou un cétacé. A cette époque fixiste, envisager l'existence d'une forme disparue appartenant à un nouveau groupe n'était pas concevable. Cuvier eut l'audace et le talent d'affirmer que le « grand animal de Maastricht » était une espèce inconnue de lézard gigantesque.
Ultérieurement renommé Mosasaurus hoffmani, en référence à son lieu de découverte, la Meuse, et à son premier propriétaire, le spécimen fut utilisé par Cuvier pour illustrer sa théorie du catastrophisme. Cuvier pensait que la terre avait subit des périodes d'extinctions à chaque fois suivies de nouvelles créations divines, dans un curieux mélange de pensées novatrices et conservatrices.
Ce n'est bien plus tard que l'on a compris que l'animal était une conséquence d'un phénomène naturel, l'évolution, et qu'il était âgé de 70 millions d'années.
Regard critique sur la validité des mythes
Certains animaux disparus étaient si spectaculaires que les passionnés de paléontologie regretteront à tout jamais de ne pas pouvoir les rencontrer. C'est le cas de nombreuses espèces de reptiles marins, prédateurs immenses et redoutés des eaux du Jurassique et du Crétacé (ichtyosaure et mésasaure). Il faut bien l'avouer, les eaux de notre époque sont beaucoup plus sûres sans la présence de ces monstres, mais on ne peut s'empêcher d'imaginer, un brin nostalgique, leur immense silhouette dans leur environnement aquatique.
Cette fascination est telle que de nombreux mythes persistent au sujet de leur éventuelle survivance : monstre du Loch Ness, monstres des lacs Pohénégamook, Massawippi, Brompton, Memphrémagog ou encore du lac Champlain, nous allons poser un regard critique sur la validité de ces histoires et témoignages effrayants. Ce qui est sûr, c'est que durant des millions d'années, de très nombreux reptiles marins ont régné en maître sur les eaux de leur temps. Et puis tous ont disparu, malheureusement pour ceux qui aiment les émotions cryptozoologiques. Mais ont-ils vraiment TOUS disparu ? Certains prétendent le contraire...
Nessie a fait des petits
Tout le monde connaît le monstre du loch Ness qui n'a de cesse d'effrayer les Ecossais depuis des générations. Mais saviez que très nombreux autres lacs ont été le site de témoignages similaires, notamment en Amérique du Nord. Avoir son propre monstre est presque une obligation pour les lacs canadiens, c'est une question de fierté. D'ailleurs tous les monstres, quelque soit la région, ont leur propre nom, selon le lac : Kelpie, Nessie, Tessie, Caddie, Memphré, Ponik, ce ne sont que des exemples...
Est-il possible qu'un élasmosaure ou tout autre reptile marin ait survécu dans ces eaux closes et traversé les temps jusqu'à notre époque ? Est-il possible que 65 millions d'années après la dernière trace fossile de ces animaux, l'un ou plusieurs d'entre eux hantent les eaux profondes d'un grand lac ?
Faites entrer les témoins
L'analyse des témoignages devrait nous aider à y voir plus clair. Tout d'abord, plusieurs constantes sont à remarquer.
En premier lieu, l'animal n'est jamais vu entièrement. Il s'agit toujours d'un « forme ondulée à la surface », « d'un dos sombre qui s'est arqué pour plonger », « d'une immense silhouette sous la surface de l'eau », « de quelque chose de gros et de couleur sombre ».
Parfois, la précision du témoignage augmente quelque peu avec des affirmations comme « elle avait la tête d'un cheval » ou « quand la tête plongeait, la queue apparaissait ». En général, trois types de monstres sont décrits : l'un ayant une silhouette d'alligator (ce qui pourrait être un pliosaure), l'autre ressemblant plutôt à un serpent à bosses (relativement compatible avec les élasmosaures) et enfin le cheval de mer (compatibilité inconnue !). Bref, c'est plus le ton affirmatif de la narration que la description elle-même qui pourrait nous convaincre. Car c'est bien là la seconde constante, les témoins sont intimement persuadés de ce qu'ils ont vu. Et ils sont nombreux, des milliers de témoignages de par le monde, des centaines pour chaque lac.
La troisième constante est l'oubli systématique de l'appareil photo à la maison, toujours amèrement regretté, ou l'incapacité, pour les rares qui avait cet appareil, d'effectuer une mise au point correcte.
Absence de preuves tangibles
Le nombre de récits et notre envie de voir ses monstres suscitent toujours notre intérêt face aux témoignages mais il faut le reconnaître, aucune preuve de l'existence d'un monstre des lacs ne nous a vraiment été fournie. C'est une déception pour tout le monde, surtout pour le scientifique dont le rôle n'est pas de dénigrer systématiquement ces récits mais d'espérer qu'il aura la chance de rencontrer un tel animal. Deux faits peuvent nous rendre encore plus sceptiques : pour un même lac, les témoignages décrivent des monstres d'allures complètement différentes et, plus important, aucune des campagnes à l'échosondeur, telle celle très importante menée sur le Loch Ness, n'a permis de mettre à jour le moindre monstre.
Et puis... une seule monstre par lac ce n'est pas suffisant. Il faudrait au moins, à fin d' assurer la pérennité de la bestiole un papa et une maman Nessie pour avoir pu faire des petits en eaux closes depuis bien avant le déluge... à moins, à moins... que ces animaux ne soient immortels ; comme le sont souvent les mythes ?
Article réalisé par Arnaud Filleul et Jean-Pierre Fleury.