Petite histoire du savon de Marseille
C’est en 1370 que la présence de Crescas Davin, le premier savonnier, est attestée dans la région marseillaise. Fabriqué à base d’huile d’olive, le savon de Marseille va connaître un franc succès au fil des siècles. Il est basé à l’origine sur le procédé de fabrication du savon d’Alep, originaire de Syrie. À base d’huiles d’olive et de laurier, cette méthode s’est répandue dans tout le bassin méditerranéen après les croisades. Georges Prunemoyr fonde la première fabrique de savon de Marseille en 1593.
Un édit de Louis XIV daté du 5 octobre 1688 va permettre d’instaurer un règlement strict de fabrication de ce savon. Le savon de Marseille devient un nom commun à cette époque. Il connaît l’apogée de sa popularité en 1913, avec 180.000 tonnes produites. Le développement exponentiel de l’industrie et des produits de synthèse après 1950 va mettre à mal ce solide artisanat. Aujourd’hui, la plupart des savons de Marseille sont produits industriellement, et le produit artisanal devient de plus en plus recherché. Il ne reste aujourd’hui que cinq savonneries qui continuent d’utiliser le procédé de fabrication traditionnel dans la région phocéenne : la savonnerie du Sérail, la Compagnie du savon de Marseille, la savonnerie de la Licorne, la savonnerie Rampal et la savonnerie Marius Fabre.
Procédé de fabrication artisanal
Le savon de Marseille est fabriqué par un procédé discontinu de saponification d’huiles végétales et de soude NaOH. Voici les différentes étapes de sa fabrication :
- La soude et les matières grasses sont versées simultanément dans un grand chaudron avant d’être mélangées ensemble à une température de 120° C. Un fond de savon provenant du stock précédent est rajouté au mélange. La chaleur sert à accélérer le processus de saponification et le fond de savon à créer une émulsion entre les phases huileuses et aqueuses. Ce processus sert à produire la glycérine, qui est ensuite retirée de la phase aqueuse. Ce sont les étapes de l’empâtage et de l’épinage ;
- il faut laisser cuire la pâte plusieurs heures après avoir rajouté de la soude au mélange. Celle-ci permet de déclencher de meilleures réactions des matières grasses. C’est la phase de la cuisson ;
- pour éliminer la soude en trop, il faut ensuite laver la pâte durant plusieurs heures avec de l’eau salée. Le savon, peu soluble dans l’eau salée, forme un précipité qu’il faut ensuite soutirer de l’eau. C’est la délipidation du savon, qui consiste à obtenir un savon débarrassé de la soude et de glycérine ;
- la pâte est ensuite laissée au repos avant d’être lavée à l’eau douce (étape de la liquidation), puis elle est versée dans des moules afin de durcir (phases de coulage et de séchage) ;
- enfin, la pâte solidifiée est découpée en cubes, et ceux-ci sont estampillés. C’est la dernière phase dite de "découpage" et "d’estampillage". Une des principales caractéristiques du savon de Marseille traditionnel reste sa teneur de 72 % de matières grasses, provenant principalement de l’huile d’olive. Il porte donc toujours une marque "72 % d’huile" permettant de le reconnaître.
Savon artisanal et industriel : quelles différences ?
Le savon artisanal est principalement fabriqué à base d’huile d’olive. Il est donc reconnaissable à sa marque "72 % d’huile", à laquelle est apposée le nom de la savonnerie. Il se présente sous la forme d’un cube de 600 grammes et sa couleur oscille entre le vert et le marron. Il est composé d’huile d’olive, d’huile de palme et d’huile de coprah. Un savon de Marseille de couleur blanche existe également, il est composé de ces mêmes composants, sauf l’huile d’olive qui est remplacée par de l’huile de palme.
Le savon de fabrication industrielle est composé de différents acides gras végétaux et animaux, ainsi que de colorants, de parfums, d’agents conservateurs et anticalcaires… Ils sont généralement vendus en supermarché.