Description de la rhytine
La rhytine appartient au groupe des Siréniens et à la famille des Dugongidés comme une espèce actuelle, le dugong.
Rhytine et dugong partagent une morphologie fortement similaire mais la taille du dugong est très inférieure à celle qu'atteignait sa cousine disparue. On estime qu'une rhytine de 8 mètres pouvait atteindre 11 tonnes, bien plus que les 400 kilogrammes du dugong ou que la déjà respectable tonne atteinte chez une autre espèce actuelle de Siréniens, le lamantin.
Les lamantins, ces siréniens, sont certainement à l'origine du mythe des sirènes. On se souvient qu'Ulysse, en passant devant les cotes de se qui doit être l'Albanie actuelle, fut contraint, avec tout son équipage de s'attacher au mat de sont bateau pour pouvoir résister à ce qu'ils prenaient pour l‘appel amoureux et prometteur des sirènes.
Le chant des rhytines, s'il a existé un jour, est en tous cas, aujourd'hui, hélas bien éteint.
11 tonnes de graisse et de chair
La rhytine présente le corps massif typique des Siréniens, sa tête étant peu séparée du corps par un cou très court. La masse de graisse enveloppant le corps lui donnait une apparence dodue. Les replis de peau de l'animal dus à cette surcharge sont d'ailleurs à l'origine du nom rhytine, dérivé d'un mot grec signifiant plissement.
Steller remarqua cependant qu'au sortir de l'hiver, on pouvait deviner les côtes des rhytines amaigries. Sa robe était presque noire, certains spécimens montraient cependant des taches blanchâtres. La peau très épaisse protégeait sûrement l'animal du contact abrasif des rochers. Sa tête assez disgracieuse présentait des lèvres épaisses, ressemblantes à celles des dugongs, et de petits yeux.
Les squelettes encore conservés nous confirme l'observation de Steller : la bouche de la rhytine est édentée et ce sont deux plaques cornées qui permettent à l'animal de broyer les algues dont elle se nourrissait.
Comme chez le dugong mais au contraire du lamantin, la queue de la rhytine est bilobée et ressemble à celle d'un cétacé.
Les membres antérieurs étaient transformés en palettes natatoires. Les études anatomiques ont montré qu'ils étaient situés plus près de la ligne médiane du corps que chez les Siréniens actuels et leur structure devait permettre des mouvements plus diversifiés. Cette observation corrobore les dires de Steller qui raconte que la rhytine était capable de se déplacer dans les zones peu profondes en appuyant ses membres sur le fond. Les membres postérieurs sont atrophiés, et leurs vestiges ne se voyaient pas dans la silhouette de l'animal.
Steller prétendait que la rhytine ne plongeait pas et devait exploiter les zones peu profondes pour trouver sa nourriture. Des études récentes sur les squelettes connus suggèrent pourtant que la rhytine présente l'anatomie adéquate pour plonger et qu'elle devait, comme les lamantins et dugongs, pouvoir modifier sa densité par les variations du volume de ses poumons, la plongée se faisant alors de manière passive. Ce volet de son comportement demeure donc irrésolu à jamais, l'observation directe étant maintenant impossible.
Activités
Les moeurs ont été bien décrites par Steller. Les rhytines étaient grégaires et formaient des groupes familiaux. Il est rapporté que, lors des chasses, le groupe tentait de venir en aide à l'individu qui était attaqué.
Comme les Siréniens actuels, la rhytine était monogame et les liens du couple semblaient très résistants. Ces animaux côtiers se déplaçaient dans les eaux peu profondes où ils broutaient les végétaux marins, ce qui les rendait d'autant plus approchables et vulnérables. Placides et confiants ils n'étaient pas effrayés par les bateaux ou même les hommes qui pouvaient les approcher sans susciter de réactions notables.
Activités
Les moeurs ont été bien décrites par Steller. Les rhytines étaient grégaires et formaient des groupes familiaux. Il est rapporté que, lors des chasses, le groupe tentait de venir en aide à l'individu qui était attaqué.
Comme les Siréniens actuels, la rhytine était monogame et les liens du couple semblaient très résistants. Ces animaux côtiers se déplaçaient dans les eaux peu profondes où ils broutaient les végétaux marins, ce qui les rendait d'autant plus approchables et vulnérables. Placides et confiants ils n'étaient pas effrayés par les bateaux ou même les hommes qui pouvaient les approcher sans susciter de réactions notables.
Reproduction
C'est durant l'automne que l'essentiel des naissances étaient constatées, mais elles pouvaient survenir à n'importe quel moment de l'année. Steller estima à au moins un an la durée de la gestation, ce qui semble très plausible au regard de celle des Siréniens actuels.
27 ans après sa découverte la rhytine avait déjà disparue !
Il n'aura fallu que 27 ans, de 1741 à 1768, pour que la chasse de la rhytine, rendue trop aisée par les mouvements lents de l'animal, extermine jusqu'au dernier des membres de cette espèce.
Sa disparition eût été certainement plus précoce encore si l'animal avait été découvert plus tôt mais son habitat inhospitalier l'a protégé jusqu'au 18ème siècle. La rhytine fréquentait en effet les eaux froides du Détroit de Béring.
C'est seulement lors de l'expédition qui permit la découverte de la séparation entre la Sibérie et l'Alaska, menée par Béring, que l'animal fut observé pour la première fois.
Un naufrage força l'équipage à passer l'hiver sur l'île de Béring, permettant à Steller, le naturaliste de la troupe, d'étudier soigneusement les moeurs et l'anatomie de la rhytine. Cette dernière a hérité du nom de son premier descripteur et, aujourd'hui encore, les travaux de Steller, parmi les seuls effectués lors du vivant de la rhytine, sont très souvent cités. Avec une taille maximale de 8 mètres et une faible capacité de défense, l'animal constituait la proie idéale pour nourrir l'équipage lors de son isolation forcée.
Steller fut d'ailleurs surpris par les proportions de la bête qu'il avait la chance d'étudier. Il nomma son ouvrage « De bestiis marinis » (de la bête marine) et comme les gros animaux passaient le plus clair de leur temps à brouter, il les surnomma vaches de mer. Leur nom latin est Hydrodamalis gigas.
Un espoir !?
Il a été suggéré que des spécimens de rhytine puissent toujours exister hors de la zone où elle avait été chassée. Des récits suggèrent son existence en Alaska et même plus au Sud des côtes Ouest de l'Amérique du Nord. Il est vrai que des fossiles du genre Hydrodamalis ont été trouvés jusqu'en Californie, mais aucune observation récente et prouvée ne permet de supposer réellement la survie de cet animal. C'est bien dommage, c'est une espèce remarquable sous bien des points de vue qui a disparu suite à cette gestion de chasse aveugle.
Article réalisé par Arnaud Filleul et Jean-Pierre Fleury.