Histoire et Culture (symbole - art - expression)
Le nom thon vient du grec thuno qui signifie "se presser".
L'appellation vernaculaire thon rouge inclue en fait trois espèces distinctes :
- Le thon rouge du Nord ou de l'atlantique qu'on appelle simplement le thon rouge (Thunnus thynnus) ;
- Le thon rouge du Sud (Thunnus maccoyii), qui est une espèce fortement menacée d'extinction ;
- Le thon rouge du Pacifique (Thunnus orientalis).
Dénominations
Nom Anglais : Northern bluefin tuna
Noms régionaux Français :
Méditerranée : Toun, thoun, tonnu.
Le germon est l'autre nom du thon blanc.
L'albacore est l'autre nom du thon jaune.
Protection et menace
La surpêche du thon rouge rend l'avenir de cette espèce plus que préoccupant. En deux décennies à peine, la population du thon rouge de Méditerranée a chuté de 80 % alors que ce poisson emblématique était pêché depuis l'antiquité.
Le thon rouge est le plus souvent pêché lors des rassemblements de population pour la reproduction. Ceci ajouté au fait que la maturité sexuelle est tardive fait que les capacités de pêche actuelle sont bien au-delà de la capacité de renouvellement de la population.
Déjà dans les années 70, des scientifiques américains ont noté une diminution des stocks. C'est à ce moment que les tentatives de gestion de la ressource ont débuté.
La mise en application effective des quotas fixés notamment par l'Union Européenne se heurte d'un côté au manque de moyens matériels et de l'autre à une demande sans cesse croissante pour une chair dont les prix atteignent des sommets.
Comme toute espèce située en haut de la chaîne alimentaire, le thon rouge est très exposé aux pollutions modernes et il est fréquent de trouver des taux anormalement élevés de mercure dans sa chair.
A-t-on le droit de le pêcher ?
La pêche du thon rouge est très strictement encadrée en raison du risque d'extinction. Des commissions composées de représentant de presque tous les États ont été instaurées afin de négocier chaque année le nombre de capture autorisé.
Selon la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (ICCAT ou CICTA), les captures autorisées pour 2007 était de 29 500 tonnes, pour 2008 : 28 500 tonnes, pour 2009 : 22 000 tonnes, pour 2010 : 19 950 tonnes.
En outre, le thon rouge doit mesurer au minimum 70 cm pour être capturé.
Le thon rouge est pêché avec des lignes traînées à grande vitesse.
Dans le golfe de Gascogne, il se pêche au filet flottant, à la ligne traînante et dormante.
Les techniques les plus modernes sont mises en oeuvre pour capturer les thons rouges et expédier les plus intéressants vers le marché de Tokyo. Les bancs sont repérés par satellite, ou bien plusieurs thons sont capturés vivants, marqués d'émetteurs puis relâchés dans le banc pour pouvoir le localiser en toutes circonstances.
Des quotas sont normalement imposés mais des pays comme la Lybie ou la Turquie rechignent à les accepter. Cette application de la loi à plusieurs vitesses pénalise les pêcheurs français qui se voient voler leur ressource par les pêcheurs des états voyous.
Des sujets juvéniles sont mis à l'engrais dans des fermes marines spécialisées. Les profits réalisés sont tels qu'ils échappent parfois aux marins eux-mêmes pour faire la richesse facile de filières internationales spécialisées dans le négoce avec le Japon.
Les prix de la démesure
Un thon est record absolu avec un prix de 20 millions de yens, soit 150 000 euros en 2001. Plus récemment à la réouverture du marché de Tokyo, le 8 janvier 2009, un thon de 128 kg a été vendu 75 000 €. Soit 660 €, le kilo. Ce qui met la portion de sushi ou de sashimi vendue dans un grand restaurant nippon à environ 5 000 € le kilo !
Le thon rouge faisait l'objet de pêches traditionnelles sur tout le pourtour de la Méditerranée. Les thons ayant l'habitude de suivre les côtes en des endroits précis, ils étaient piégés dans un labyrinthe de filets qui les menait vers une senne terminale, appelée chambre de mort. Cette dernière partie, située parfois à plusieurs centaines de mètres du goulet d'entrée, pouvait retenir prisonniers une bonne centaine de thons que les pêcheurs descendaient harponner ou gaffer. La mer se rougissait de sang. Le procédé était en apparence barbare mais avait le mérite d'être artisanal, de faire infiniment moins de mal que les "long liners" actuels et de nourrir à la saison venue les populations locales. Ces pièges dont les derniers à fonctionner, situés aux Baléares et en Tunisie, étaient connus sous le nom de Matanzas. En Provence, ils s'appelaient Madragues, ce qui peut surprendre quand on sait que la villa de Madame Brigitte Bardot, virulent défenseur, s'il en est, de la cause animal, s'appelait La Madrague.
Pêche sportive
Le thon rouge était autrefois un des poissons préféré du pêcheur sportif de France, mais ses populations ont tellement diminué que prendre un gros thon rouge à la ligne est devenue un exploit. On le pêche en général à l'aide d'appât naturel, par exemple une sardine, présenté dans les effluves d'un broumé, c'est-à-dire une amorce à base de poissons écrasés.
L'appât est armé d'un hameçon fort de fer 6/0 et placé à différentes hauteurs d'eau (5, 10 et 20 mètres). Le combat fulgurant du thon impose l'utilisation d'un ensemble canne-moulinet à tambour tournant et d'un siège de combat. Un gros thon rouge est plus puissant qu'un marlin ou qu'un autre poisson à rostre, mais le combat est moins spectaculaire car le thon n'a pas tendance à sauter, comme le font les poissons à rostre.
Article réalisé par Baptiste Verdoux.