L'argent ne fait pas le bonheur...
Vrai et faux. Si la majorité des études établissent un lien entre argent et bonheur donnant raison à la suite de ce célèbre proverbe français ("mais il y contribue"), elles nous apprennent aussi que le bonheur n'augmente pas proportionnellement aux revenus.
Dans le top 10 des pays au plus haut RNB par habitant, la France ne fait pas partie des pays où les individus sont le plus heureux, loin de là. Dans le troisième 'World Happiness Report' édité par le Sustainable Development Solutions Network, la France se classe 29ème avec une petite moyenne de 6,5/10. En plus du PIB, 5 autres facteurs ont servi d'analyse à ce rapport mondial 2015 sur le bonheur : le soutien social, l'espérance de vie en bonne santé, la générosité, la liberté ressentie des choix de vie et la confiance.
Concept vaste, flou, subjectif, instable, individuel... le bonheur est difficile à définir. Les publicités s'engouffrent dans la brèche et le font pour nous : élévation du niveau de vie = accumulation de biens matériels = bonheur absolu.
Fondement de nos politiques économiques, le bonheur est directement lié à une spirale infernale : la quête de toujours plus d'argent avec comme conséquences directes : la frustration (d'avoir moins que les autres) et la peur (de perdre ce que l'on possède).
Et si la clef du bonheur était ailleurs ? Une équipe dirigée par le professeur-psychiatre Robert Waldinger de l'université de Harvard à Boston étudie, depuis 1938, 724 hommes pour connaître la recette du bonheur. Selon cette étude, le bonheur réside non pas dans l'argent (ou la gloire ou encore le travail) mais dans les relations aux autres : être entouré de ses amis et sa famille, bannir les relations conflictuelles, entretenir des relations sur la durée... D'autres études évoquent une bonne estime de soi, le sentiment d'être utile ou encore libre...
Si les études ont montré que l'état de complète satisfaction (philosophie) était en partie génétique, la discipline de nos désirs telle que prônée par Épicure ou encore Pierre Rabhi n'est-elle pas tout simplement la clef du bonheur ? Pour le philosophe grec, la quête de richesse, illusoire et illimitée, ne peut conduire au bonheur. Une idée forte que rejoint le fondateur du mouvement Colibris avec sa 'sobriété heureuse', la 'joie de vivre' reposant sur « l’autolimitation individuelle et collective » et non le « temps-argent ».
Concept créé par le Bhoutan, le Bonheur Intérieur Brut pourrait-il remplacer le Produit Intérieur Brut et mettre fin à l'hégémonie du capitalisme ? Seul l'avenir nous le dira.
Les gens riches n'ont pas mérité leur argent...
Vrai et Faux. La vérité, c'est que les gens riches ne sont pas aimés en France. Même notre ancien président François Hollande déclarait en 2007 dans l'émission 'A vous de juger' : « Je n'aime pas les riches, je n'aime pas les riches, j'en conviens ». Au centre du projet fiscal du gouvernement précédent (impôt de solidarité sur la fortune, droits de succession...) et crise aidant, les concitoyens les plus fortunés n'étaient pas, il est vrai, les meilleurs amis des français de la classe moyenne.
On considère, à tort ou à raison, que les riches ont extorqué de l'argent aux autres, qu'ils ont hérité de la fortune de leurs parents, qu'ils sont radins... ou tous autres maux qui disparaîtraient aussitôt dès lors que l'on gagnerait au loto ! La richesse en France n'est pas associée, ou si peu, au travail, à l'effort et au mérite. Selon un sondage Ipsos (août 2015), 78% des français estiment 'qu'être riche, c'est mal'.
Cette particularité française trouverait son origine probablement dans nos racines chrétiennes catholiques et la Révolution française qui a mis fin au règne despotique des plus riches (roi, noblesse et clergé) contre les sans-culottes et abouti à la déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen en 1793.
Les riches se marient entre eux
Vrai. L'homogamie (ou isogamie) – union dans le même groupe social – est un phénomène bien connu qui touche toutes les classes et notamment les classes les plus fortunées et les plus diplômées.
Moins étudiée que par le passé par la sociologie, l'homogamie entre catégories sociales ainsi qu'entre diplômés et non diplômés est cependant en net recul depuis 1960 d'après l'étude du sociologue Milan Bouchet-Valat (2013). Elle reste forte toutefois parmi les plus diplômés chez lesquels on peut souvent observer une certaine forme de condescendance pour les classes inférieures : 4% seulement des bac +5 vivaient avec une femme non diplômée en 2011.
La recherche pour une jeune fille (ou un jeune homme) d'un bon parti (un héritier ou une héritière) est également très difficile, l'absence de patrimoine familial constituant une pierre d'achoppement quasi infranchissable. C'est ce que nous révèle une étude de 2015 du chercheur Nicolas Frémeaux parue dans la revue Population de l'Institut national d'études démographiques.
Ainsi 'Qui se ressemble s'assemble' est un proverbe qui s'adapte parfaitement aux sur-diplômés ainsi qu'aux individus très riches, l'homogamie étant prépondérante en ce qui concerne l'héritage. Les sociologues Monique et Michel Pinçon-Charlot expliquent très bien ce phénomène de l''entre-soi' bourgeois des élites financières de notre pays.
Les prêts ont été inventés par les banques
Faux. Au Moyen-âge, la population juive venant du Moyen-Orient ne pouvant pas travailler au service de l’État ni posséder des terres, c'est tout naturellement qu'elle se tourna vers le commerce et le métier de prêteur sur gage. D'autant que longtemps l'église chrétienne a banni l'activité de prêteur d'argent, des mœurs inacceptables. Ce n'est qu'en 1513 qu'une définition de l'usure acceptable sera donnée au concile de Latran. Mais les juifs n'étaient pas les seuls usuriers au Moyen-Âge : il y avait également des Lombards (Italie) puis, peu à peu beaucoup, de français de confession chrétienne les rejoignirent.
Les usuriers à cette époque remplaçaient les banques et ne gagnaient généralement pas beaucoup d'argent, contrairement à ce que l'on croit au travers des idées reçues. Il n'y avait aucun contrôle de l’État sur cette activité de prêt avec intérêt, l'usurier étant libre de décider du taux d'intérêt ainsi que la durée du prêt et des gages. Avec la croissance des échanges commerciaux, les usuriers se firent de plus en plus nombreux, suscitant tour à tour convoitise, ostracisme ou haine. Exutoire privilégié de certains rois et surtout de l’Église qui les traitait de 'voleurs de temps', les usuriers pouvaient cependant être absous s'ils faisaient don de leur fortune au clergé dans leur testament !
Moins on a d'argent, plus on a de chance d'être en surpoids
Vrai et faux. Pour le chercheur en nutrition à l'INSERM Nicole Darmon, les études montrent effectivement un lien dans les pays développés entre surpoids/obésité et statut socio-économique.
La prise de poids dans les classes sociales défavorisées débute généralement dès l'enfance en raison d'une alimentation très tôt déséquilibrée. L'introduction de la diversification des aliments commence plus tôt car le lait infantile coûte cher. Ensuite, une alimentation déséquilibrée, moins onéreuse, plus pratique et malheureusement fortement addictive prend souvent le pas sur une alimentation saine et diversifiée. Parmi les autres facteurs favorisant l'obésité : le fait d'avoir un parent obèse, l'absence d'activités physiques faute de moyens...
Une étude datant de 2012 (Obépi) montre une forte disparité du pourcentage de personnes souffrant d'obésité selon les revenus des ménages : 25,6% pour les revenus < à 900€, 15,3% pour les revenus compris entre 2701 et 3000€, 7% pour les revenus ≥ à 5301€... Plus le niveau de revenus baisse, plus le pourcentage de personnes obèses augmente. Encore éloignée de la situation aux États-Unis où plus d'1 américain sur 3 est obèse, la prévalence de l'obésité a cependant doublé en France ces dernières années.
Dans certains pays à l'inverse comme en Chine, c'est l'élévation du niveau de vie qui induit la prise de poids (étude Université Jindan, Shandong). En 1985, l'obésité touchait seulement 1% des enfants et adolescents ; en 2014, 17% des garçons et 9% des filles ! Augmentation de la consommation de nourriture, junk food, sédentarité et diminution des activités physiques expliquent ce phénomène inquiétant en croissance exponentielle.