Un remède contre la "gueule de bois" vient d'être synthétisé par des chercheurs du MIT, grâce à deux enzymes qu'ils ont réussi à stabiliser dans une même "coquille nanométrique". Cette capsule permet de faire baisser le taux d'alcool dans le sang et peut ainsi être utilisée en cas d'excès, de mauvaise gestion au lendemain et dans bien d'autres cas. La maitrise des enzymes représente une véritable avancée scientifique, qui ouvre de nouvelles perspectives aux traitements.
Les enzymes, naturellement présentes dans le corps, sont des protéines jouant le rôle de catalyseur biologique. Autrement dit, elles gèrent les réactions chimiques de notre métabolisme en fonction des besoins. Ce sont des enzymes qui gèrent la digestion, la pousse des cheveux… Les enzymes sont d'abord des corps libres, qui se lient entre elles grâce à un brin d'ADN. Le grand défi était tout d'abord de stabiliser les enzymes. Car pour qu'elles puissent intervenir, elles doivent agir ensemble, contenues dans un même corps que l'on appelle "organite", contenu dans les cellules.Depuis des années, réussir la stabilisation est le rêve de bien des scientifiques.
Deux chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT), Yunfeng Lu, professeur de chimie et de génie biomoléculaire à l'UCLA et Cheng Ji, professeur de biochimie et de biologie moléculaire à l'University of Southern California, ont réussi à créer artificiellement un composant organite qui contient et stabilise les enzymes. C'est la première fois qu'un organite complètement artificiel est mis au point, contenant des enzymes naturellement non liées. Leur idée de réunir deux enzymes distinctes qui luttent contre l'alcool a pour but de maximiser la résistance du corps. Voici le schéma simplifié d'une enzyme :
Un cocktail d'enzymes pour soigner l'alcool.
Les deux scientifiques ont associé dans un même organite deux enzymes naturelles dont nous nous servons pour lutter contre l'excès d'alcool. En les associant dans ce le même organite, leurs effets sont supérieurs. Ainsi, elles accélèrent les réactions chimiques du métabolisme contre l'alcool, sans en modifier pour autant l'équilibre, de sorte que l'état d'ébriété comme la phase post-réveil "gueule de bois" seront considérablement réduits.
Les résultats de leur étude effectuée sur des souris ivres, publiée dans la revue Nature Nanotechnology (numéro du 17 février 2013), indiquent certains chiffres déroutants. Le premier quart d'heure, le groupe de souris à qui la nano-capsule a été injectée, a vu son taux d'alcoolémie baisser de 10% de plus que le groupe témoin. Sur 2h30, le taux d'alcoolémie a baissé de 36% de plus. Ces enzymes utilisées détruisent l'éthanol présent dans le sang et dans le foie. Ainsi les souris ayant ingéré les capsules ont un organe en meilleur santé. Cependant, ces enzymes travaillent sur l'effet de l'alcool, mais n'ont aucune action sur les dégâts provoqués sur le corps et le cerveau.
L'avenir de la nanocapsule : médicament réservé ou accessoire de soirée ?
La nanocapsule n'a pas pour vocation de libéraliser la prise d'alcool et de devenir l'outil populaire pour boire et conduire, sans choisir. Les dégâts physiques et nerveux occasionnés par l'alcool n'étant ni diminués ni soignés par la nanocapsule, la rendre accessible au grand public pourrait multiplier le nombre d'accidents, d'autant que les Francais sont champions d'Europe dans la consommation d'alcool. Il est important de savoir que l'alcool agit sur le système nerveux et le dérègle, favorisant ainsi le diabète par exemple. La capsule serait donc "réservée" aux malades, aux personnes en danger à cause d'un foie trop abimé, ou aux excès d'alcool pouvant avoir de graves conséquences (coma éthylique, AVC). Le traitement par nanocapsule d'enzymes est très efficace pour deux raisons : tout d'abord, il est administré par voie orale, donc plus pratique en cas d'urgence. Mais surtout, deuxième raison, l'enzyme se mêle à votre organisme, là ou le médicament, aussi puissant soit-il, agit dessus. Ainsi, certains traitements contre le cancer existent déjà à base d'enzymes, mais avec la découverte de ces chercheurs, peut-être qu'un remède plus efficace verra le jour, voire un vaccin. Pour le moment, ils travaillent sur une capsule pouvant soigner la calvitie.