Comment détecter les troubles psychiatriques chez un ado ?

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Comment détecter les troubles psychiatriques chez un ado ? / iStock.com - KatarzynaBialasiewicz
Comment détecter les troubles psychiatriques chez un ado ? / iStock.com - KatarzynaBialasiewicz

Peut-on déceler et prévenir les troubles de santé mentale dès l’adolescence ? Tel est actuellement le sujet de débat agitant la communauté psychiatrique. Tour d’horizon sur le sujet.

Période de transformation et de mise à l’épreuve des images de la sexualité instaurées durant l’enfance selon le psychologue et psychanalyste clinicien Olivier Douville, la période qui se situe entre 15 et 25 ans peut être marquée par l’apparition de troubles psychiatriques.

Le lien entre adolescence et troubles psychiatriques

Selon les différentes études réalisées et les critères diagnostiques, 10 à 20% des jeunes âgés de 15 à 25 ans présentent des troubles psychiques pouvant se manifester notamment par des hallucinations angoissantes. Phase essentielle de la construction de soi, la période de l’adolescence est marquée par le passage de certaines étapes (changements physiques, autonomisation progressive, découverte de la sexualité adulte…) qui peuvent s’avérer insurmontables pour certains. Cette période est aussi soulignée par une grande variabilité des états psychiques et émotionnels.

La stigmatisation, un risque de la détection précoce

La communauté psychiatrique s’interroge aujourd’hui sur la possibilité de déceler les signes de maladies mentales à l’adolescence (schizophrénie, autisme, bipolarité…). Laelia Benoit, chercheuse et psychiatre à la Maison de Solenn et au Cermes3, en parle dans son livre “L’Adolescent "fragile" : Peut-on prédire en psychiatrie ?” publié aux Editions Recherches. Elle y précise que certains psychiatres expérimentent des protocoles standardisés permettant de calculer les risques dans le but d’intervenir rapidement auprès des sujets. En revanche, certains professionnels de la psychiatrie craignent qu’une étiquette soit mise sur les jeunes adolescents suite à des prévisions trop rapides pouvant alors impacter leur estime de soi. Pour éviter la stigmatisation, la chercheuse soutient la nécessité de l’intervention des patients ainsi que de leurs proches, notamment à travers des témoignages.

Mise en place d’une prévention ciblée

Le Pr Marie-Odile Krebs précise que le fait d’agir dès la suspicion des premiers symptômes des maladies mentales permet d’améliorer le pronostic chez les sujets. À l’heure actuelle, les chercheurs ont mis en place une prévention ciblée chez les patients ayant déjà présentés certains symptômes. Elle concerne également ceux ayant été confrontés à des difficultés altérant leur quotidien comme une tendance à l’isolement ou une dégradation au niveau des perceptions et des cognitions. Cette prévention vise principalement à améliorer leur situation et à diminuer les risques de conversion vers la psychose, sans pour autant les catégoriser rapidement. Par ailleurs, selon Laelia Benoit, parents, psychiatres de terrain, mais aussi chercheurs s’accordent à dire que la création de centres et de lieux d’accueil spécialisés dédiés aux personnes les plus vulnérables, âgées de 15 à 25 ans, s’avère indispensable.