C'est désormais officiel, le bisphénol A est dangereux pour la santé, le Sénat a d'ailleurs voté son interdiction dans les dispositifs médicaux et dans tous les contenants alimentaires, à partir du 1er janvier 2015. La commercialisation de biberons contenant cette substance avait déjà fait l'objet d'une mesure d'interdiction en juillet 2010. Utilisé pour tapisser l’intérieur des boîtes de conserve, mais également dans des reçus de carte de crédit et dans des tickets de caisses, le bisphénol A (BPA) est un produit chimique très présent dans notre environnement et dans le corps humain.
Le BPA est un produit utilisé entre autres dans la fabrication de contenants alimentaires, et serait un perturbateur endocrinien. Il est très présent dans notre environnement, encore aujourd'hui, pour ses propriétés de conservation. Considéré comme cancérigène, il peut avoir de graves conséquences sur la santé des familles, en particulier chez les femmes enceintes et les enfants en bas âge. Plus personne aujourd’hui ne doute de sa nocivité, mais son interdiction n'est pas encore entrée en vigueur. En attendant, comment pouvons-nous nous prémunir contre ce danger omniprésent ?
Pas d'obligation de signalement sur l'étiquette
L'Agence nationale de sécurité sanitaire a rendu un rapport mardi dernier recommandant de limiter l'exposition des femmes enceintes au BPA en raison d'un risque modéré mais réel pour le fœtus. Elle recommande par ailleurs de réduire l'exposition de la population à ce perturbateur endocrinien. 84 % de l'exposition des futures mères serait causée par l'alimentation, et parmi celles-ci, 50 % seraient de la faute des contenants alimentaires. Problème : il n'y a pas d'exigence légale de signaler la présence de BPA sur l'emballage, et donc pas d'assurance qu'on n'est pas exposé à ce produit dangereux.
Pour autant, il y a certains signes qui permettent de déceler la présence de l'indésirable avant que la loi ne l'oblige. Le BPA est présent dans une matière plastique appelée polycarbonate, qu'il est impossible de distinguer à l'œil nu. Il est utilisé pour la fabrication des bidons d'eaux qui équipent les fontaines dans certaines collectivités et entreprises. Or, certains fabricants font figurer un code de recyclage sur leurs produits, un petit triangle composé de trois flèches avec un numéro à l'intérieur. Si ce numéro est le 7 - ou 07 - qui désigne les "autres plastiques", il faut se méfier. Si en dessous de ce numéro est apposée la mention PC (polycarbonate), double méfiance. Les contenants ne portant pas le numéro 7 ne contiennent pas de BPA.
Des bocaux en verre plutôt que des boites de conserve
Les boites de conserve en métal ne sont pas à l'abri de tous soupçons : 50 % de l'exposition des femmes enceintes au BPA seraient dues à ce contenant. Le bisphénol A est utilisé pour tapisser les parois, et, là, il n'existe pas d'étiquetage. Selon l'Anses, les plus susceptibles de contenir du BPA sont les boites composées de trois pièces de métal : un fond, une paroi et un couvercle assemblés, et le risque augmente avec l'acidité du contenu (les tomates, par exemple). Les canettes, composées d'une seule feuille de métal, seraient moins susceptibles d'en contenir. Les bocaux en verre sont les contenants les plus "sains", mais le couvercle en métal est toujours capable d'être couvert d'une fine couche de BPA.
La précaution la plus élémentaire, selon l'Agence, est d'éviter de faire réchauffer les aliments dans un contenant soupçonné de contenir du BPA, car la chaleur entraîne une plus importante migration de particules vers la nourriture. Mais le perturbateur peut aussi venir de vos ustensiles de cuisine, ou de votre petit électroménager, qui peuvent contenir du polycarbonate et du BPA. Mais là encore, la recherche d'un triangle signalant le recyclage avec le chiffre 7 peut vous permettre d'y voir plus clair, si le fabricant l'a indiqué.
Source : Le Point