Une grande part de nos dépenses en santé n’est plus remboursée par l’Assurance maladie. Le dépassement d’honoraires progresse d’année en année, une tendance que déplore un nouvel Observatoire citoyen des dépenses de santé qui souhaite limiter ces abus tarifaires. Les dépassements d'honoraires seraient élevés selon les spécialités de la médecine mais également selon les régions.
Ce dépassement d’honoraires n’est pas nouveau, déjà en automne 2012 un accord avait été conclu entre les médecins et la Sécurité Sociale qui prévoyait la création d’un observatoire de contrôle. Après 7 mois sans voir aucune action, le magazine 60 millions de consommateurs, le CISS (Collectif interassociatif sur la santé) et Santéclair en ont formé un, indépendant de la Sécurité Sociale et des médecins, afin de veiller sur le respect de cet accord. Ce lundi 27 mai, l’Observatoire civil a remis une enquête aux chiffres édifiants.
7 milliards d’euros à la charge du patient
L’étude qu’ils ont menée et publiée porte sur la surfacturation des honoraires qui coûterait de plus en plus cher aux patients.
Sur les 40 milliards d’euros versés aux professionnels de santé libéraux, médecins généralistes et spécialistes infirmiers, kinésithérapeutes et chirurgiens-dentistes, 27 milliards ont été remboursés par l’assurance maladie. Et sur les 13 milliards restants à la charge du patient ou à leur mutuelle, l’Observatoire estime que près de 7 milliards d’euros proviennent des dépassements d’honoraires.
Des écarts entre les spécialités médicales
Il devient de plus en plus difficile pour un patient de trouver un médecin, qui plus est qui pratique les tarifs de la Sécurité Sociale. Et les écarts de dépassement sont plus grands selon les spécialités des médecins. D’après l’enquête, trois quart des chirurgiens pratiquent des tarifs supérieurs. Pour les ORL, gynécologues et ophtalmologistes les montants dépassent de 50 % en général.
Selon l’Observatoire ce sont les chirurgiens qui surfacturent le plus sur l’ensemble de la France, 77 % de la profession pratiquent des dépassements d’honoraires pouvant aller de 50 euros à 137 euros en région parisienne. Entre autre, 83 % du montant de l’acte médical des dentistes serait à la charge du patient soit 52 euros.
Des différences d’une région à une autre
En plus des spécialités, certains départements sont plus touchés que d’autres. C’est la région parisienne qui est la plus mal lotie. D’après l’enquête Paris et sept des huit départements de l’Ile de France (Yvelines, Val-de-Marne, Seine-et-Marne, Val d’Oise, Hauts-de-Seine, Essonne) occupent les dix premières places des départements pratiquant les dépassements d’honoraires les plus élevés. Ainsi la somme revenant à la seule charge du patient atteint 37,70 euros à Paris alors que la moyenne nationale est de 15,90.
Lyon n’est pas moins chanceuse : l’enquête rapporte que la pratique de dépassement d’honoraires y est autorisée pour 84 % des gynécologues. A l’inverse, les soins sont moins chers en Lorraine ou en Bretagne. Ces écarts s’expliquent par le niveau de pouvoir d’achat entre les régions. En effet, les prix sont excessifs dans une zone où la clientèle est prête à payer, sans compter que les spécialistes auront plus tendance à s’y installer, ce qui engendre un effet d’entraînement.
Un accès aux soins de plus en plus limité
En général, on constate que plus de malades renoncent à leurs soins, certains ne possédant pas de couverture complémentaire. En conséquence, entre 10 % et 25 % sont contraints de ne pas se soigner, faute de moyens.
Cette enquête souhaite faire bouger les lignes d’un accord qui date de l’automne et dont aucune évolution ne se fait sentir. Entre autre, l’accord avait prévu la mise en place de sanctions face à ces abus tarifaires qui peine à voir le jour, ce que déplore Thomas Laurenceau, rédacteur en chef de 60 millions de consommateurs au micro de RTL.