Les étudiants représentent bien plus qu'une catégorie socioprofessionnelle, c'est un mode de vie, voire une culture. Les étudiants ont hérité d'une image quasi figée de communauté en marge de la société, vivant seule et avec peu d'argent, qui se détruit peu à peu la santé. Aussi, des médecins ont décidé de mener une enquête sur leur rythme de vie, et d'observer leur état de santé mais surtout les causes.
L'étudiant est à distinguer du "jeune" : il n'est pas question d'âge mais de catégorie socioprofessionnelle. En effet, un étudiant de 25 ans pourra avoir un état de santé fragile, du à son rythme de vie éprouvant pour son organisme, que n'aura pas un jeune de 21 ans qui travaille. En effet, l'organisation quotidienne et hebdomadaire est différente, le travail demandé aussi et bien entendu, le salaire.
La plus grosse enquête jamais réalisée
L'enquête, en collaboration avec l'Inserm et le CNRS et répondant au nom de i-share (Internet-based Students HeAlth Research Entreprise), a démarré officiellement le 2 avril 2013. Elle est à ce jour la plus grosse enquête jamais réalisée dans le monde sur les étudiants et leurs conditions de santé. En effet, les médecins se penchent sur les étudiants de 2 universités françaises : Versailles et Bordeaux, dont le nombre de participants s'élève à 30 000, pour une durée d'au moins 10 ans.
La France compte pas moins de 2 millions d'étudiants. Cette population risque de développer selon l'Inserm, de nombreuses pathologies liées à une hygiène de vie parfois contestable : alcoolisation massive ou binge-drinking, tabagisme, alimentation peu équilibrée (fast-food), heures des repas sans-cesse décalées quand ils ne sautent pas tout simplement, nuits courtes, stress, anxiété, isolement, entre autres facteurs. Cela peut notamment favoriser le développement de cancers, maladies cardiovasculaires et de diabète.
Un suivi régulier sur des axes divers
Pour pallier ce quotidien dangereux pour la santé, i-share propose un suivi du rythme étudiant auprès de 30 000 témoins. Le projet ciblera 4 "grands axes" : les migraines, les infections, l'alimentation et les comportements à risques et accidents. Ainsi, les autorités sanitaires pourront avoir une idée des fréquences d'infection, de prise de médicaments, de la qualité de l'alimentation, observer l'état de santé générale et les conditions sanitaires moyennes. Les migraines, très présentes chez les étudiants, indiqueraient certaines formes de dépression ou de surmenage de cette catégorie.
Aussi, une observation de la santé mentale sera menée afin de découvrir si l'apprentissage excessif et le travail durant de longues heures et durant la nuit, nuisent physiquement au cerveau. De plus, l'établissement d'une liste des faiblesses mentales les plus répertoriées chez les étudiants permettra d'en découvrir les causes et de trouver des moyens de les soigner et de les éviter. Concernant la santé physique, i-share veut étudier la relation des étudiants avec les rapports sexuels, la consommation d'alcool et de drogue, ou d'expériences dangereuses. En effet, 8 étudiants sur 10 déclarent boire de l'alcool et 1 sur 5 est "buveur excessif"; 1 étudiant sur 3 fume ou a fumé du cannabis et 15 % se sentent concernés par des violences sexuelles, physiques ou psychologiques.
L'identification des conditions sociales, familiales et de santé, combinée à l'analyse des habitudes, est la première étape de l'étude. Cela permet de "dégrossir" et former ainsi certains profils. Les résultats seront fournis au fur et à mesure, pendant 10 ans au moins, afin d'éclaircir le trouble régnant autour de la communauté estudiantine. De plus, cela permettra de mettre en place certains plans d'aide (communication des risques de santé liés à telle ou telle habitude, par exemple). Un suivi régulier permettra de comparer les évolutions d'une année sur l'autre, et constater si les aides effectives agissent, si les étudiants changent et si la société se meut dans la même direction.