Facebook est souvent critiqué pour sa gestion des données numériques des utilisateurs. De plus, selon une étude menée récemment par une branche de l’Université d’Oxford, le nombre de profils de personnes décédées sur Facebook surpassera celui des vivants d’ici une cinquantaine d’années.
Dans les rangs des réseaux sociaux les plus connus, Facebook enregistre des milliards d’utilisateurs à son compteur. Si cette plateforme était une ville, elle serait sans doute la plus surpeuplée actuellement. Pourtant, Facebook serait plus un cimetière numérique qu’une ville, avec bientôt plus de morts que de vivants.
Un cimetière 2.0 en pleine expansion
L’Oxford Internet Institute a publié en avril les résultats d’une étude menée en 2018 sur la gestion des informations numériques d’utilisateurs Facebook décédés. Les scientifiques ont conclu que dans 50 ans, le réseau comptera plus de morts que de vivants dans ses rangs. L’étude anglaise prédit, sur les 2,3 milliards de comptes actifs recensés en 2018, la mort d’au moins 1,4 milliard d’utilisateurs d’ici 2100. Selon l’évolution logique de la situation, l’année 2070 verra même les comptes de personnes mortes dépasser ceux des vivants. En outre, compte tenu du rythme de croissance de Facebook à l’heure actuelle, qui gagne 13% d’utilisateurs par an, le nombre de profils de personnes décédées atteindra les 4,9 milliards d’ici la fin du siècle. La question se pose alors : les comptes numériques ont-ils une vie après la mort ?
Que deviennent les profils des défunts sur Facebook ?
Parmi les premiers à avoir pris des initiatives concernant la mort numérique, Facebook propose à ses fidèles des options pour permettre la gestion de leur compte après leur mort. Ainsi, les utilisateurs décident de ce qui arrivera à leur profil en cas de décès, en choisissant un légataire pour exécuter leurs dernières volontés sur leur compte Facebook. La page sera, soit supprimée, soit convertie en “page de commémoration numérique”. Cette option permet à Facebook de retirer le compte du rang des actifs pour qu’il ne se retrouve pas dans des rappels d’évènements (tels que son anniversaire) sur les fils d’actualité des proches. Comme le géant américain du Web avait déjà été critiqué sur la sécurité et la confidentialité des données, il a annoncé la mise en place d’un algorithme intelligent en avril pour détecter automatique les comptes de défunts potentiels.
La gestion de cet “héritage numérique” à revoir
Cette étude menée par une équipe d’Oxford avait pour but de faire le point sur le contrôle et la protection des données des défunts sur Internet. Selon David Watson, co-auteur du rapport, “aucun autre endroit dans l’Histoire n’a archivé autant de comportements humains, d’éléments de nos cultures”. D’après lui, contrôler cette archive revient à contrôler notre Histoire. Ainsi, il est important de ne pas réserver exclusivement l’accès à ces données à une seule entreprise privée : Facebook, qui en plus de s’intéresser à nos données bancaires, exploite les données utilisateurs à des fins commerciales. Les vestiges numériques laissés derrière eux par les utilisateurs des réseaux constituent une grande partie du patrimoine numérique mondial, explique Carl Ohman. Leur gestion devra ainsi être repensée pour les années à venir.