Si durant longtemps, il était évident dans les esprits de chacun que la gent masculine avait plus facilement la main portée sur la bouteille que ces demoiselles, un rapport sanitaire de mai 2013 remet en cause cette idée, peut-être bien stéréotypée. En effet, une étude menée de 2005 à 2010 sur les différents rapports que les hommes et les femmes entretiennent avec l'alcool -et ce quels que soient l'âge, le sexe et la profession -, révèle des chiffres qui font tourner la tête.
L'alcool est une préoccupation française tout d'abord, mais aussi européenne et mondiale. Les dangers de l'alcool, pourtant connus de chacun, semblent perdre leur impact puisque le nombre de jeunes ayant connu l'ivresse ne fait qu'augmenter et leur âge baisser.
L'alcool, ce don Juan
Selon le Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire (BEH) du 7 mai 2013, l'alcool est considéré en France comme la seconde cause de mortalité évitable, faisant environ 49 000 décès chaque année. Aussi, une étude plus segmentaire, s'adressant particulièrement au public féminin, confirme que l'alcool est désormais vécu de manière plus que banale. En effet, si en 2005 seulement 18 % des filles déclaraient avoir déjà connu l'ivresse, en 2010 elles représentent 34 %. Toujours plus d'alcool, en des quantités toujours plus importantes pour aller chercher cet état d'ébriété. Et si les garcons préfèrent la bière, les filles apprécient davantage les coktails.
Alors qu'en 2005, les garçons buvaient en moyenne presque 7 fois plus que les filles, ce chiffre a chuté à 2.7 en seulement 5 ans. Autrement dit, deux fois plus de filles boivent de l'alcool. Que certaines d'entres elles aient menti ou non dans les réponses importe peu : 5 ans plus tard, la relation avec l'alcool est dans tous les cas plus libérée. L'alcool ne fait plus peur, c'est devenu un élément essentiel pour une bonne soirée : le binge drinking se généralise, les collégiens boivent, les étudiants vont mal, et cette tendance touche inévitablement les femmes enceintes.
En effet, près d'une femme sur quatre consomme de l'alcool en étant enceinte. Parmi elles, une sur cinq consomme lors d'une journée ordinaire un verre d'alcool, et 7 % s'en permettent deux. Chose amusante, l'alcool deviendrait un véritable accessoire de la femme moderne puisque, d'après les chiffres de l'étude, les femmes ayant un bac +3 ou un niveau d'étude supérieur consomment presque 3 fois plus d'alcool que leurs paires non diplômées. De plus, la cadence augmente avec l'âge et la position sociale. Aussi, les plus grosses consommatrices sont les femmes ayant plus de 35 ans, diplômées et mariées à un cadre. Or, alcool et cigarette sont intimement liés, continue le rapport.
Cigarette et alcool, le duo mortel
Une bonne soirée, un bon verre, en bonne compagnie, il ne manque plus qu'une bonne cigarette pour combler le tableau. Avec l'alcool, la cigarette parait meilleure, les fumeurs le savent. Elle semble si évidente qu'on la croirait inoffensive. C'est pourquoi, avec l'alcool, le taux de fumeuses augmente. Parmi les femmes enceintes qui n'ont jamais bu durant leur grossesse, 16 % fumaient (moins de 10 cigarettes par jour). Ce pourcentage augmente avec celles qui ont bu un verre (21 %) et davantage avec les verres supplémentaires (31 % pour 2 verres ou plus). La progression se retrouve aussi chez les grandes fumeuses (10 cigarettes ou plus), représentant 4 % puis 6 % puis 11 % en fonction de la consommation d'alcool.
Or, l'impact sur le futur bébé est bel et bien réel, et dangereux, répètent désespérément l'INSERM ou encore l'association SAF de France, (SAF pour Syndrome d’Alcoolisation Fœtale), qui informe et prévient des conséquences de l'alcool pendant la grossesse. Les principales atteintes sur le fœtus peuvent provoquer des troubles sur l'enfant tels qu'une malformation du crâne et du visage, un retard de croissance ou encore des handicaps comportementaux et cognitifs. Près d’un enfant sur deux atteints de SAF a un retard mental, informe l'INSERM, et la plupart a des problèmes d’apprentissage, de mémoire, d’attention ou de comportement, auxquels s'ajoutent des troubles irréversibles.
Bien sûr, tous les enfants ne seront pas touchés de la même manière selon la composition de la mère, son âge, le stade de la grossesse et d'autres critères variés. Et si certains n'auront aucun troubles, d'autres perdront la vie. L'alcool provoque très fréquemment une fausse couche. Alors, ne buvez plus, ça ne dure que 9 mois, vous aurez tout le temps après !
Rassurons-nous cependant : en 1970, la France était le pays le plus consommateur d'alcool dans le monde avec 22 litres par an ingurgités en moyenne chez les 15 et plus ! En 2009, cette proportion s'est réduite de moitié. Elle est désormais un tout petit peu au dessus de la moyenne européenne.